Avètè, le 10 janvier 2013
Chers Parents, Chers Amis et chères Amies,
Bonjour ! Et au début de cette Nouvelle Année 2013, je vous souhaite une bonne, heureuse et sainte année, et tout le bonheur possible pour vous-mêmes, pour vos familles et pour tous ceux et toutes celles qui vous sont chers ! Merci à tous ceux et toutes celles, qui m’ont envoyé leurs vœux et encouragements au début de cette nouvelle année !
Je profite volontiers de cette occasion du Nouvel An pour vous donner quelques nouvelles de ma nouvelle Mission. En effet, après mon mandat de Provincial de l’Afrique de l’Ouest et un bon congé en Belgique pendant lequel j’ai eu la joie de rencontrer bon nombre d’entre vous, j’ai été nommé au Togo. Le Togo est un petit pays dans l’Afrique de l’Ouest, coincé entre le Ghana et le Bénin (autrefois Dahomey). Il a une longueur de plus ou moins 700km et est large de plus ou moins 50km. Pour les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), c’est une première. En effet, si les Pères Blancs sont présents dans 22 pays d’Afrique, ils n’étaient pas encore présents au Togo. Je fais donc partie de la première communauté des Missionnaires d’Afrique envoyée au Togo. Nous sommes deux pour le moment. Mon collègue est un Père Blanc « noir », un Congolais de Congo Kinshasa. Nous nous connaissons bien car nous avons vécu ensemble la guerre en Côte d’Ivoire, à Korhogo. Un troisième confrère est un Ghanéen, qui va arriver en septembre de cette année.
Nous sommes arrivés au Togo le mercredi 9 mai 2012. Nous sommes nommés au Diocèse d’Atakpamé, qui se trouve à 150km au-dessus de Lomé, la capitale, qui se trouve au bord de la mer. Nous sommes donc envoyés ici pour fonder la première communauté des Pères Blancs au Togo, et en même temps, l’Evêque d’Atakpamé nous a invités à fonder une nouvelle Paroisse dans la périphérie d’Atakpamé. Être dans une Paroisse permet toujours d’être proche des gens, de bien connaître les réalités du pays et la situation de la population locale.
Quelles sont nos premières impressions ? Tout d’abord, le Togo est un beau pays, et particulièrement la région dans laquelle nous nous trouvons. Nous sommes entourés de collines et de montagnes et de beaucoup de verdure. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle le Togo la « petite Suisse ». Le climat aussi est agréable, avec pas mal de pluies, et des températures, qui dépassent rarement les 35°. En ce moment, il fait 32°-33°. C’est une région d’agriculture. On cultive particulièrement le manioc, le maïs, les haricots et les ignames. Quand on vient du Burkina, où souvent le sol est très dur pour cultiver, on se trouve ici dans un pays de rêve pour un agriculteur. Mais, malgré cela, les gens sont pauvres et le pouvoir d’achat est très bas. Un instituteur gagne 10.000fr CFA par mois, un peu plus de 15€. Depuis plus de 40 ans, le pays est dirigé par une seule et même famille et nous, qui venons d’arriver, nous avons l’impression que le pays, avec pourtant beaucoup de potentialités, est négligé par la classe politique et les dirigeants. La région d’Atakpamé semble particulièrement délaissée : mauvaises routes, pas d’eau courante ni d’électricité dans les quartiers et dans les villages, un réseau téléphonique et internet, qui sont le monopole de l’Etat, très défectueux. Les gens semblent vivre cette situation avec un certain fatalisme : ils ne voient pas trop comment changer cette situation – et si elle change, il ne faudra surtout pas de nouvelles violences comme cela a été le cas en 2005, dont la région d’Atakpamé, en particulier, a trop souffert.
Si je ne vous ai pas beaucoup écrit depuis mon arrivée ici, c’est entre autres, à cause de la mauvaise connexion d’Internet. Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver une solution, qui me permet de contourner un peu le problème du manque de connexion. Certains messages, surtout ceux qui sont un peu lourds, je n’arrive pas à les ouvrir ! Je remercie beaucoup ceux et celles d’entre vous qui, malgré mon silence, ont continué à m’écrire ! Mais, il n’y a pas que le problème d’Internet. Quelques semaines après notre arrivée, nous avons commencé à apprendre la langue éwé, qui est parlée presque partout au Togo et aussi dans une bonne partie du Ghana. Nous avons un vrai professeur d’éwé, car la langue éwé est enseignée dans les cours de l’enseignement secondaire. Nous suivons les cours pendant trois matinées par semaine, et les après-midis, nous essayons de prendre du temps pour les réviser. Je dis bien « essayer », car, nous n’avons pas que la langue à apprendre, nous devons aussi nous familiariser avec les gens de notre nouvelle Paroisse, nous devons aussi nous insérer dans les structures du Diocèse et participer à ses activités pastorales. Nous faisons tout aussi pour rencontrer et pour mieux connaître les prêtres diocésains et religieuses d’Atakpamé. Et surtout, nous devons aussi fonder la nouvelle Paroisse.
Et quand je dis « fonder », c’est vraiment dans le premier sens du mot, car là où nous sommes aujourd’hui, il n’y a rien. Notre gentil et sympathique Evêque, Mgr Nicodème, nous a confié un village, qui s’appelle Talo-Novissi, où nous sommes invités à fonder une nouvelle Paroisse. La seule chose qui existe sur le terrain de cette Paroisse est une petite chapelle avec un toit en tôles, sans portes ni fenêtres, qui est remplie le dimanche avec des chrétiens enthousiastes et dynamiques. Chaque messe dominicale est une fête, avec chants et danses ! Mais, pendant la semaine, cette petite baraque fait office d’école : il y a 155 enfants, répartis sur 5 classes, qui fréquentent cette école. Et nous-mêmes, nous logeons provisoirement dans une maison, que des gens du secteur ont mise à notre disposition. Comme vous le voyez, tout reste à faire dans cette Paroisse : il faut construire une église, une école, un presbytère. C’est une véritable fondation !! La petite communauté chrétienne est très dynamique, très enthousiaste et très généreuse. Elle est très heureuse et très fière d’avoir enfin « ses » prêtres. Nous ne voudrions pas la décevoir.
Si l’un ou l’autre d’entre vous voulait nous aider dans cette nouvelle fondation et participer à la réalisation de l’un ou l’autre de ces bâtiments, il est, bien sûr, le très bienvenu. Si vous connaissez d’autres personnes ou d’organismes qui pourraient nous aider dans le même sens, je serais très heureux de les connaître. Merci d’avance !
En espérant que par ce petit mot, vous voyez un petit peu mieux ce que je deviens et fais aujourd’hui, et quels sont mes soucis et mes préoccupations, je vous renouvelle encore une fois tous mes vœux et vous envoie toutes mes salutations fraternelles et chaleureuses. Je vous embrasse.
Theo Caerts