Hamed Bakayoko : autodidacte, tribun, ambitieux…
Ce qu’il faut savoir sur le Premier ministre ivoirien
Nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire après le décès d’Amadou Gon Coulibaly, il est pressenti pour diriger la campagne d’Alassane Ouattara.
1. Autodidacte
Hamed Bakayoko naît en 1965 dans le quartier populaire d’Adjamé, à Abidjan. Son père est fonctionnaire, sa mère décède alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Après le bac, il part étudier la médecine à Ouagadougou, rentre au bout de deux ans à Abidjan, mais abandonne cette voie un an plus tard… Il n’a aucun diplôme et n’en conçoit aucun complexe. Il aime dire qu’il a tout appris à l’école de la vie.
2. Mentors
Dans les années 1980, il se rapproche de l’ambassadeur Jean Vincent Zinsou, lequel devient son mentor. Il fera la connaissance d’Alassane Ouattara au tout début des années 1990.
3. Homme de médias
À cette époque, il fonde Mayama Éditions, la société éditrice du quotidien Le Patriote. De 1993 à 2003, il dirige le groupe Radio Nostalgie Afrique.
4. Culotté
Hamed Bakayoko n’est pas homme à s’en laisser conter. En 1990, alors que le président Houphouët-Boigny mène campagne pour sa réélection, il choisit de lui apporter son soutien.
Il fait le siège des locaux de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne (RTI), jusqu’à convaincre Ally Coulibaly, alors directeur général de la chaîne, de le laisser passer à l’antenne.
5. Tribun
C’est aussi un enfant du peuple, dont il maîtrise les codes bien mieux que ceux de la grande bourgeoisie qui s’est construite sous Houphouët. Imposant, fonceur, il sait galvaniser la foule et a facilement été élu maire de la commune (populaire) d’Abobo, en 2018.
6. Soro
Il a jadis été proche de Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale désormais en disgrâce. Il a fait partie des donateurs du Forum des associations du Nord (FAN), que dirigeait Soro, avant que ce dernier déclenche une rébellion, en septembre 2002.
En 2003, Ouattara veut le faire entrer au gouvernement de réconciliation nationale, et Soro insiste pour qu’on lui confie le ministère des Nouvelles Technologies de l’information.
7. « Petit Pasqua »
En 2011, Ouattara en fait son ministre de l’Intérieur – à l’époque, le président l’appelle son « petit Pasqua ». Six ans plus tard, après que des mutineries viennent d’ébranler le pays, il est nommé à la Défense.
En mai et en juin derniers, lorsque le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est hospitalisé en France, c’est lui qui assure l’intérim.
8. Go-between
Stratège, il entretient ses relations avec l’opposition. Il est en contact aussi bien avec les proches de Laurent Gbagbo qu’avec ceux d’Henri Konan Bédié, le chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui a annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle.
9. Ambitions
Nombreux sont ceux qui lui ont prêté l’envie de succéder au chef de l’État, en particulier après le décès de Gon Coulibaly, dont Ouattara avait fait son dauphin.
C’est ce qui lui a valu l’hostilité d’une frange du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Mais il dément et affirme se consacrer entièrement à sa nouvelle mission.
10. « Deuxième maman »
Ce n’est pas un ami de trente ans, comme l’était Gon Coulibaly, mais Hamed Bakayoko est un proche du couple présidentiel. Il dit de la première dame qu’elle est sa « deuxième maman » et soutient la volonté de son mari de briguer un troisième mandat. Il est d’ailleurs pressenti pour diriger sa campagne.