En 2012 le Centre d’études du Pélican à Ouagadougou a fêté ses 20 ans d’existence. Vingt années au service des jeunes de Ouagadougou en leur offrant un bon environnement pour l’étude, une bibliothèque, et des cours de rattrapage pour ceux qui ont échoué à leurs examens.
Les Missionnaires d’Afrique ont toujours cru que l’éducation est un des moyens essentiels pour aider les gens à se sortir de la pauvreté et des ses conséquences destructrices. Ici au Burkina Faso, ils ont les principaux promoteurs dans l’éducation des jeunes jusqu’à ce que le gouvernement s’en mêle et prenne toutes les écoles en 1968. L’actuel premier ministre et de nombreux ministres du gouvernement, ainsi que des leaders dans le pays ont été éduqués dans des écoles catholiques.
En 1992, le Père Edouard Duclos, qui était à l’époque à Bobo-Dioulasso, a été sollicité pour venir à Ouagadougou et y créer un centre pour l’étude, avec une bibliothèque. La plupart des écoles de la ville n’avaient pas de bibliothèque. Quelques unes avaient une place où les élèves pouvaient rester après les classes ou pendant les week-ends pour étudier et lire. Les Missionnaires d’Afrique avaient le désir de jouer leur rôle dans l’amélioration de la situation.
Pour ce centre, il faudrait l’électricité pour éclairer la nuit, une chose que les jeunes n’avaient pas dans leurs familles. Nombreux étaient ceux qui se rassemblaient autour des lumières publiques (lampadaires de rue par exemple) qui étaient disponibles à l’époque, mais ces endroits les rendaient vulnérables aux voleurs et à une éventuelle violence venant de la rue. Le centre d’étude leur offrirait donc également un endroit de paix et de sécurité.
Très peu après l’ouverture du Centre, le Père Duclos constata que beaucoup de ceux qui le fréquentaient avaient échoué à leurs examens, que ce soit le BEPC, après 4 ans d’école secondaire, ou le BAC, à la fin des études secondaires. Parmi eux, nombreux étaient ceux qui lui demandèrent de trouver des éducateurs pour les aider à étudier et à se préparer à repasser leurs examens. C’est ainsi que le Père Duclos qui connaissait quelques étudiants à l’université leur a demandé de venir donner des cours aux élèves.
C’étaient les débuts du centre d’études du Pélican.
Depuis que le Père Duclos s’est retiré en France en 2006, deux autres Missionnaires d’Afrique l’ont remplacé : le Père Toni Weidelener, un Allemand, pendant deux années et demie, et ensuite le Père Félix Sompougdou, un burkinabè, pendant un an. Quand le Père Félix a été nommé à Bamako au Mali pour travailler dans le Centre pour le dialogue Islamo-Chrétien, il m’est revenu de m’occuper du Pélican, en plus de mon travail habituel de directeur des Vocations. Comme on bureau se trouve dans la cour du Pélican, c’était un passage facile, même si cela a ajouté beaucoup de travail à mon programme déjà bien chargé. Heureusement un autre confrère était d’accord pour travailler avec moi, le Père Alain Fontaine, un Français, qui est aussi secrétaire provincial et vit dans la maison provinciale, de l’autre côte de notre mur. Il s’occupe de l’administration financière de notre travail. Son aide me libère d’une lourde charge.
Du temps du Père Toni, nous avons pu moderniser les bâtiments, avec l’aide de la Société des Missionnaires d’Afrique. Nous avons construit un bâtiment à deux étages. Au rez-de-chaussée, nous avons trois classes, deux pour l’enseignement et une pour l’informatique. Au premier étage, nous avons une grande salle de classe, et un dortoir, avec deux petites chambres. Cet étage est essentiellement le centre d’accueil pour les candidats à la vocation Missionnaire d’Afrique, mais les élèves du Pélican peuvent utiliser la classe pendant la semaine.
Pendant les deux dernières années, nous avons aussi investi énormément dans la bibliothèque et l’espace d’étude. L’espace étude a été couvert pour donner de l’ombre et protéger du vent. La bibliothèque a été réapprovisionnée en livres d’école, en littérature Africaine et en romans. Les Missionnaires d’Afrique des USA, les Amis des Missionnaires d’Afrique en France, le diocèse de Cologne en Allemagne et de nombreux individus motivés one été les instruments de ce progrès et de l’amélioration de nos installations. Sans leur soutien financier, nous n’aurions pu réaliser tout cela.
L’année du vingtième anniversaire, nous avons enrôlé 195 élèves : 114 filles et 81 garçons. Parmi eux, 99 sont catholiques, 9 protestants, et 87 musulmans. Je cite ces chiffres car ils donnent un aspect important de notre travail. Malheureusement, à cause de la pensée traditionnelle dans la plupart des familles, les garçons sont plus favorisés que les filles quand il s’agit de faire des dépenses dans le domaine de l’éducation. Si une famille ne peut se permettre d’envoyer tous les enfants à l’école, la préférence est donnée aux garçons, car on pense qu’ils seront capables plus tard de contribuer au soutien de la famille. Les filles sont destinées à être mariées, et vont donc quitter la famille, devenant membre des familles de leurs maris. C’est une des raisons pour lesquelles notre centre accueille plus de filles que de garçons.
Un autre élément important de ce projet est le dialogue entre les principales religions. Même si le Centre est un projet de l’Eglise Catholique, environ la moitié des élèves ne sont pas Catholiques. Pour beaucoup des Musulmans et Protestants, c’est leur première expérience de contact rapproché avec des Catholiques. Cette expérience nous aidera à venir à bout des préjugés qui colorent souvent nos relations et nous divisent. On donne à trop de problèmes du monde Africain d’aujourd’hui la coloration d’une opposition ou d’une division Islamo-Chrétienne. Avec l’invasion du nord Mali par les Islamistes, la tension entre les deux fois risque de polluer nos relations ici à Ouagadougou. Plus nous pouvons promouvoir la compréhension et les amitiés entre des personnes de fois différentes, plus nous avons des chances d’arriver à la paix.
Nous ne voulons pas seulement donner des classes pour préparer les examens. Nous voulons aussi élargie l’éducation et la connaissance générale des élèves. C’est ainsi que chaque jeudi matin, un jour sans classe, nous donnons des conférences sur des sujets qui ouvriront leurs esprits et les aideront à faire mieux face à la vie. Même si ces conférences ne sont pas obligatoires, nous constatons qu’environ un quart des élèves viennent y assister. Cela donne du sens au travail des enseignants qui préparent ces conférences. Ils le font librement et gratuitement.
De nombreux enseignants sont en fait eux-mêmes des étudiants de l’université, et ce qu’ils reçoivent en compensation de leur travail les aide à payer leurs études.
Le Pélican est une fondation charitable, dont le but et de redonner espoir à ceux qui ont échoué à leurs examens, et qui ne peuvent retourner en classe, essentiellement pour raisons financières.
Au début de l’année, es élèves paient une contribution d’environ 35.000 francs CFA (54 euros) pour ceux qui sont en terminale, et 28.000 francs CFA (44 euros) pour ceux qui sont en troisième. Mais cette somme couvre seulement les salaires des enseignants. Nous avons encore à trouver 20.000 francs (30 euros) par élève pour l’administration et les dépenses courantes du Centre. Cela fait beaucoup d’argent, ici, dans la Province d’Afrique de l’Ouest. Quiconque souhaiterait participer, faire un don pour notre Centre peut envoyer sa contribution à l’Econome Provincial de la Province où il se trouve, et lui demander de le faire parvenir jusqu’ici.
Terry Madden, Missionnaire d’Afrique.