Assimi Goïta, deux fois putschiste et président du Mali

Portrait 

L’homme fort de la junte malienne est devenu « président de la transition » après avoir renversé l’ancien président et son premier ministre. Mystérieux sur ses motivations, Assimi Goïta a rencontré ses homologues africains dimanche lors du sommet de la Cedeao à Accra (Ghana).

  • Caroline Vinet, 

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Assimi Goïta, deux fois putschiste et président du Mali
Assimi Goïta, le 19 août 2020.MALIK KONATÉ/AFP

Inconnu au bataillon il y a encore un an, Assimi Goïta a gravi en un rien de temps les échelons du pouvoir : de colonel double putschiste, le voilà, à 38 ans, propulsé chef d’État. Une fonction de « président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme », a assuré vendredi 28 mai la Cour constitutionnelle malienne. Mais difficile de connaître les motivations de l’homme qui a mené deux coups d’État en moins d’un an. Caché derrière son cache-cou militaire, le colonel Goïta n’est pas prolixe.

Après avoir renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, il est nommé vice-président mais il assure, sous la pression internationale, renoncer à occuper le fauteuil de président en cas d’empêchement de celui qui est alors désigné pour assurer la transition civile. Le 24 mai dernier, les cartes sont rebattues.

Il renverse le président Bah N’Daw et son premier ministre, Moctar Ouane. Motif : ces derniers, cherchant ainsi à « saboter la transition », ne l’auraient pas consulté pour former un nouveau gouvernement, évinçant deux de ses proches, Sadio Camara et Modibo Koné, deux colonels qui occupaient jusque-là les ministères de la défense et de la sécurité.

Un militaire de formation

Assimi Goïta n’est pas un fin diplomate. C’est un homme de guerre. En attestent ses affectations militaires à Gao, Kidal, Tombouctou, Ménaka et Tessalit dans le nord du pays, où il a combattu les rebelles indépendantistes, puis les djihadistes. L’ancien commandant de bataillon des forces spéciales ne s’exprime pas beaucoup.

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« Il a la reconnaissance au moins d’une partie de ses pairs. Reste à voir si ce sera le cas de tous les militaires du pays… La nomination de son gouvernement nous permettra d’en savoir davantage », constate, dubitative, Caroline Roussy, chercheuse à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et responsable du programme Afrique.

La question de la tournure de son futur gouvernement reste incertaine. « Certaines personnes semblent se résigner à une république islamique et à une réconciliation avec de possibles terroristes locaux, souligne la chercheuse. Certains avancent la possibilité d’une guerre. Une grande confusion plane sur le pays. »

Tournée diplomatique

Tout juste nommé à la tête du Mali, Assimi Goïta s’est rendu ce week-end à Accra, au Ghana, pour rencontrer ses homologues africains lors d’un sommet exceptionnel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) consacré… au Mali.

Quelques heures avant d’être nommé à la tête de l’État, il déclarait avoir choisi « entre la stabilité du Mali et le chaos (…), la stabilité, car il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation. Nous n’avons pas d’autre agenda caché ».