Tchad – Albert Pahimi Padacké : « Nous ne réussirons pas seuls »
Confronté à un triple défi économique, sécuritaire et démocratique depuis l’entrée en vigueur de la transition, N’Djamena a plus que jamais besoin du soutien de ses alliés pour ne pas basculer dans l’inconnu.
Depuis le décès de son président, le maréchal Idriss Déby Itno, lors d’un engagement armé contre des troupes ennemies venues de Libye, le Tchad fait face à des évolutions géopolitiques majeures.
Desseins séditieux
Malgré le traumatisme immense et la sidération engendrés par cette tragédie, nous avons réussi à mettre rapidement en place une transition afin de préserver la concorde entre civils et militaires, ainsi que pour tuer dans l’œuf les desseins séditieux qui ne manquent pas de se manifester dans pareils cas. Aujourd’hui, le gouvernement est au travail et la stabilité du Tchad est garantie malgré les vents contraires attisés par tous ceux qui auraient intérêt à voir notre nation sombrer dans l’anarchie.
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">C’EST DANS CES MOMENTS QUE L’ON COMPTE SES AMIS
Chaque jour, nous nous mobilisons sur de nombreux fronts : front économique et budgétaire, front sécuritaire, front démocratique. Autant le dire nettement : nous vivons des heures décisives pour l’avenir du Tchad et de toute la région. C’est dans ces moments que l’on compte ses amis. Mon devoir, en tant que Premier ministre, est de les rappeler ici solennellement – mais avec toute la bienveillance requise – à leur devoir d’amitié et de leur dire sans fard que nous avons plus que jamais besoin de leur soutien.
Nous devons ainsi faire face à un budget 2021 en déficit, dont l’équilibre devait être garanti par nos grands partenaires. Il est temps pour eux de concrétiser leurs engagements, sauf à prendre leur part dans une crise sociale dont les conséquences seraient à coup sûr désastreuses.
Les germes du chaos
Nous devons faire face à un regain de la menace terroriste, dont le président Déby a été la victime, attestant par sa mort de la détermination des Tchadiens à assumer leur rôle jusqu’au bout, mais aussi de l’efficacité de nos ennemis : contre eux, nous ne réussirons pas seuls. La décision des Nations unies de chasser les mercenaires de Libye ne fait qu’accroître cette tension sécuritaire.
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">AUCUN PAYS DU SAHEL N’ÉCHAPPE À L’APPARITION DE PÉRILS NOUVEAUX
Un soutien accru de la communauté internationale est aujourd’hui la seule solution pour ne pas basculer dans l’inconnu. Nos adversaires le savent : affaiblir le Tchad, c’est affaiblir tout le Sahel, et par là instiller en Afrique les germes du chaos. Aucun pays du Sahel n’échappe aujourd’hui à une intensification des menaces existantes et à l’apparition de périls nouveaux.
Enfin, notre gouvernement de transition a pris l’engagement clair de préparer des élections démocratiques. Cela prend du temps et cela a un coût. La réforme du cadre juridique des élections, leur préparation et leur organisation pèsent sur les capacités de notre pays. Là encore, l’intérêt de cette transition démocratique dépasse notre seul cadre national. Nous accueillerons avec gratitude l’assistance de nos alliés dans cette délicate période.
Préserver la stabilité de la région
Le Tchad sera au rendez-vous de l’Histoire dans cette période difficile et dangereuse. Il ne pourra cependant mener toutes les batailles sans aide ni support de la part de tous ceux qui entendent préserver la stabilité de la région. L’enjeu est considérable et nous portons actuellement sur nos seules épaules une part importante de la destinée du continent. Pour tous nos amis, nos alliés, nos partenaires, l’heure est venue de concourir à cette tâche immense. Nous voulons pouvoir compter sur eux comme ils savent pouvoir compter sur nous.
Le Tchad est debout en rempart, face aux vents hostiles, fort de l’union sacrée de ses enfants et du soutien, parfois espéré, de ses amis.