Togo : à Lomé, dolce vita balnéaire et branchitude cosmopolite
Jadis périphériques, Baguida, dans le sud-est de la capitale togolaise, et Agoè, dans le nord-ouest, font désormais partie des communes les plus dynamiques du Grand Lomé. Boutiques, villas, restaurants, parcs de loisirs… Elles ont tout pour plaire.
Plage, troquets, hôtels, résidences secondaires : c’est l’image de Baguida, située sur le littoral et sur la route du Bénin. Dans le nord de Lomé, on se retrouve à Agoè, avec ses boutiques, ses restaurants, ses parcs… À l’opposé l’une de l’autre, ces communes gagnent en attractivité au fur et à mesure que la capitale s’étend. Les deux anciens cantons sont devenus deux des treize communes du district autonome du Grand Lomé, mis en place en 2019. Une décentralisation qui permet de mieux impliquer les populations locales dans le développement de leur cadre de vie. L’essor de Baguida et d’Agoè doit aussi beaucoup à l’aménagement du réseau routier, à commencer par la voie de contournement du centre-ville, pensée dès 2010.
Baguida : villas, villégiature…
Longeant la plage, dans l’est de Lomé, la commune de Baguida s’étend sur une superficie de 41 km2 et rassemble 11 villages. C’est un lieu historique. « De 1884 à 1893, le village de Baguida a été la première capitale du Togo sous l’administration coloniale allemande, à la suite du traité de protectorat signé entre le docteur Nachtigal et le roi Mlapa III de Togoville le 5 juillet 1884 », rappelle le maire de la commune, Jean-Baptiste Koffi Dagbovie.
Si Lomé lui a ravi le titre de capitale, Baguida tient sa revanche. Car elle regorge désormais de lieux de villégiature très prisés : hôtel, restaurants, bars, plages aménagées, centre aéré de la BCEAO… Les loisirs n’y manquent pas. Les Loméens et de nombreux touristes, en particulier béninois et ghanéens, viennent y passer le week-end. Les Togolais aisés, dont certains de la diaspora, ont choisi d’y construire leur résidence principale ou secondaire. Entre 2010 et 2021, la population de Baguida est passée de 117 000 à 166 000 habitants, sur un total de 1,8 million dans l’agglomération. En dehors de la population autochtone, Baguida a vu s’installer, entre autres, des Loméens désireux de s’exfiltrer de l’hypercentre de la capitale, des habitants d’Aného (ville du littoral, proche du Bénin), ainsi que nombre d’étrangers : Béninois, Ivoiriens, Nigérians, Libanais, Français et Indiens, détaille la mairie.
Blessing, 28 ans, habite la commune depuis une quinzaine d’années et ne s’en lasse pas. « J’aime la plage et ses bars, comme le Marcelo Beach ou Pure Plage », deux des lieux branchés les plus célèbres du bord de mer, où la jeunesse vient faire la fête.
… et voie commerciale
Pour certains, c’est le bord de mer qui attire. Pour d’autres, c’est la position stratégique de la commune. Car Baguida est traversée par la route nationale 2 (RN 2), principal corridor commercial régional est-ouest – le Togo, c’est en effet 56 km de côtes entre le Ghana et le Bénin. Avant la pandémie de Covid-19, qui a entraîné la fermeture des frontières terrestres en mars 2020, les courses de taxis avec les pays frontaliers et allant même jusqu’en Côte d’Ivoire étaient très fréquentes. Aujourd’hui, seules les marchandises (et quelques fraudeurs) passent les frontières.
Baguida ne cesse de se développer. Un supermarché Champion vient d’ouvrir dans le centre de la commune. Son tout nouveau port de pêche est opérationnel. Elle accueille depuis le début de l’année la nouvelle centrale thermique de Kékéli. Une entreprise de cosmétiques et une usine d’assemblage de motos viennent de s’y installer.
Il reste cependant d’importants chantiers à mener à bien, en particulier pour développer les infrastructures et les services essentiels, comme l’accès à l’eau. Par ailleurs, cette zone est confrontée à l’érosion côtière. En cinquante ans, l’océan y a déjà englouti 250 mètres de côte et avalé deux routes littorales… sans compter les inondations récurrentes. « La commune doit être décrétée zone sinistrée », plaide le maire.
Agoè : l’inévitable extension vers le nord
Dans le nord-ouest de l’agglomération, l’ancien canton d’Agoè-Nyivé s’étend jusqu’à la localité d’Adétikopé, à 21 km du centre-ville de Lomé. Désormais commune du Grand Lomé, Agoè compte 480 000 habitants sur une superficie d’environ 200 km2. Extension naturelle de la capitale – limitée, à l’ouest, par la frontière avec le Ghana et, au sud, par l’océan –, la commune bénéficie aussi de l’aménagement de la route nationale 1 vers le nord et de sa situation sur l’axe Lomé-Ouagadougou – et donc Lomé-Bamako.
Porté par l’État togolais (35 %) et Arise IIP (65 %), la filiale d’Olam International, et Africa Finance Corporation (AFC), la nouvelle Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), inaugurée en juin 2021, qui doit permettre à terme la création de plus de 30 000 emplois, va contribuer à dynamiser le territoire… et à pérenniser le bon état de la route.
Comme dans les autres communes de la métropole, la population autochtone d’Agoè est d’origine éwé. S’y sont installés des Togolais arrivant du nord du pays, ainsi qu’une communauté de commerçants, majoritairement musulmans, qui avait été délogée du centre-ville de Lomé dans les années 1970, explique l’urbaniste Koffi Djeguema. « Les gens d’Agoè sont des commerçants », ajoute l’expert. Et, en effet, à Agoè plus qu’ailleurs dans l’agglomération, les commerces bordent les routes. Et l’on y trouve facilement des boutiques ouvertes jusque tard dans la nuit.
Du Royal Plaza au Funny Park
On y trouve aussi de plus en plus de lieux de sortie. Des restaurants se sont fait remarquer, qui ont tous ouvert il y a moins de cinq ans, tels que le Royal Plaza, l’Opéra Legbassito, le Bonici Africa et le tout nouveau New Tast-Ller, au carrefour Deux-Lions. Agoè est aussi devenue le nouveau quartier « hype » de la jeunesse loméenne, notamment en semaine. Même si, crise sanitaire oblige, les lieux de fête ont régulièrement dû fermer ces derniers mois. « J’aime sortir au Royal Plaza ou encore à Kékéli Parc, mais je trouve le quartier quand même calme. Et il y a de nouvelles constructions, des logements nickels », témoigne Conchita Abalo, 22 ans, qui a emménagé à Agoè il y a un peu plus d’un an.
Si tout est loin d’être parfait en matière d’aménagement – avec notamment des problèmes d’inondation liés à des constructions anarchiques dans le lit du fleuve Zio –, les services de base s’améliorent. « Les infrastructures sont plus modernes » et « la zone est de mieux en mieux desservie en eau et en électricité », confirme Désiré Benissan-Gbikpi, directeur du cabinet d’audit Palm’s, qui réside dans la commune depuis 2013. Pour lui, Agoè c’est avant tout une variété de restaurants de différents standings, des commerces, comme le marché d’Assiyéyé, et de nouveaux centres de loisirs pour les enfants, comme Funny Park.
Autant de services, de nouveautés et de possibilités qui devraient permettre à Agoè comme à Baguida de poursuivre leur dynamique et, en partie, de voler la vedette au centre-ville de Lomé.