Sommet Afrique-France : Amah Akodéwou, une jeune tête chercheuse togolaise

Portrait 

À l’occasion du sommet Afrique-France qui se déroule à Montpellier ce 8 octobre, Amah Akodéwou est l’un des nombreux invités à être consulté sur l’écologie en Afrique. Ingénieur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), il est particulièrement inquiet par la perte de la biodiversité.

  • Ysis Percq, 
Sommet Afrique-France : Amah Akodéwou, une jeune tête chercheuse togolaise
 


Devant le ministre français de l’agriculture Julien Denormandie, Amah Akodewou, doctorant togolais récemment embauché en tant qu’ingénieur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) de Montpellier, ne se démonte pas.

→ EXPLICATION. Refonder une relation entre la France et l’Afrique grâce aux jeunes

Au micro, à l’occasion de l’événement universitaire Global Days en marge du sommet Afrique-France, il aborde la question de la déforestation, de l’intérêt d’écouter toutes les populations du continent africain, ou encore de l’utilisation de la télédétection par satellite.

Détermination pour remuer les mentalités

Sa détermination pour remuer les mentalités en faveur de la biodiversité est entière. « Je me suis très tôt, dans mon enfance au Togo, passionné pour les questions environnementales, témoigne le jeune doctorant âgé d’une quarantaine d’années. Je me suis toujours demandé comment, à ma petite échelle, contribuer à résoudre les problèmes environnementaux auxquels nous faisons face ? Cette question est le fil rouge de mon parcours. Mais pour résoudre un problème, il faut d’abord le comprendre. »

→ A LIRE. La crise climatique, la pire des crises sanitaires

Ainsi, après avoir suivi des études à l’Université de Lomé au Togo, puis obtenu un diplôme universitaire de gestion des aires protégées au Burkina Faso, Amah Akodéwou est venu en France pour soutenir une thèse sur les effets de l’anthropisation (1) sur les plantes envahissantes à l’échelle d’une zone protégée au Togo. Il a posé ses valises en 2015 à Montpellier sans s’imaginer qu’il s’y installerait. Dans quelques semaines, il deviendra père.

Expert en écologie et en télédétection

L’expertise en écologie mais aussi en télédétection du chercheur embauché au Cirad en 2020 profite à plusieurs missions menées en Afrique par cet organisme. Au Niger, pour le Cirad, Amah Akodéwou cartographie l’occupation des sols, estime les stocks de bois et accompagne la population dans l’aménagement de la gestion forestière. Au Cameroun, il scrute l’évolution des sols naturels vers les terres agricoles.

L’utilisation de la télédétection par satellite, conjuguée à un inventaire relevé directement sur le terrain ainsi qu’à l’historique d’occupation d’un lieu, permet au chercheur de conclure que les zones cultivées empêchent les espèces natives de se développer.

Si le changement climatique est au cœur des préoccupations mondiales, la perte de la biodiversité inquiète particulièrement le jeune chercheur. « La biodiversité permet de nourrir la population. Le changement climatique est extrêmement médiatisé alors que la perte de la biodiversité est bien plus concrète pour expliquer les conséquences de l’activité humaine », alerte-t-il.

Sensibilisation de la population

D’une mission à l’autre, d’un pays à l’autre, Amah Akodéwou rencontre, en Afrique, une population hétéroclite tout en aiguisant son regard sur la jeunesse africaine actuelle. Son constat est sans appel : les jeunes sont ne sont pas assez sensibilisés à l’écologie. « La jeunesse n’est malheureusement pas autant mobilisée qu’en Europe. La prise de conscience n’est pas encore là, estime-t-il. L’usage des herbicides reste encore abusif et incontrôlé, majoritairement par les agriculteurs qui ne sont pas suffisamment informés des conséquences et privilégient la facilité ».

Ainsi, sur le terrain, Amah Akodéwou s’attache à expliquer, démontrer, sensibiliser les habitants : « Je leur dis qu’ils ont l’avenir de leurs forêts entre leurs mains. Je ne tombe surtout pas dans un discours trop scientifique. Et peu à peu, à force d’informer, les choses changeront. »

(1) L’anthropisation est la modification d’un milieu dit « naturel » par les activités humaines.