LA SEMAINE SAINTE TELLE QUE JE L’AI VECUE CETTE ANNÉE

Depuis belle lurette c’est la tradition au Mexique. La semaine sainte offre l’occasion à des groupes de laïcs et de religieux d’aller vers les communautés éloignées, en général des communautés autochtones (indigènes). Dans ce cadre, j’ai passé donc huit jours dans les villages de Sitio, Gonzalez Gonzalez, Saragosa y Haguey Seco accompagné d’un groupe de 16 laïcs missionnaires. Ce que je veux partager avec toi dans les lignes qui suivent sont des aspects qui ont attiré mon attention, nourri ma foi et mon engagement intérieur.

 

 L'église de Santiago Hidalgo

 I. Devenir des ânes de Jésus

Arrivé le samedi en fin de journée, le dimanche je commençais les célébrations avec la fête de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (Mt 21, 1-11). Une foule petite en nombre certes mais grande dans sa quête de Dieu m’attendait devant la première chapelle. Chacun allait de son ingéniosité pour tailler sur mesure son rameau, qui soit en forme de croix, de bougie ou de cœur pour la procession. A la fin de la célébration un fidele me dit : « Père comme c’est significatif de voir que Jésus a choisi un animal simple et humble (l’âne) pour révéler sa puissance et sa royauté. » En effet celui qui me parlait ainsi était lui-même propriétaire d’animaux domestiques (ânes, chevaux, moutons, chèvres) et savait ce dont il parlait. « Comme moyen de transport et de révélation, Jésus n’a pas trouvé mieux qu’un âne. Comme je voudrais être moi aussi un âne qui porte Jésus tous les jours de ma vie » poursuivit mon interlocuteur du jour. Oui être des « ânes » porteurs de Jésus voilà un appel qui avait retenti en moi et m’invite à être humble en essayant de porter Jésus aux autres.

      II. Otez moi ces pieds que je saurais laver

Les communautés que j’ai visitées sont situées dans des hauteurs. L’accès à certains endroits demandait une longue marche à travers des sentiers battus et des arbres épineux.

 

 Longues marches à travers les montagnes

Le jeudi saint, jour du lavement des pieds beaucoup de candidats se bousculèrent pour être dans la liste des 12 « élus » pour la cérémonie. Je laissai le soin à chaque équipe de missionnaires d’organiser les liturgies. C’était sans compter avec la dure réalité qui m’attendait : les gens en face de moi dont je devais laver les pieds ne venaient pas de la ville, ne portaient pas non plus de souliers de haute gamme ni ne se déplaçaient en voiture climatisées. Le premier pied qui s’offrait à mon service à l’exemple du geste posé par le Maitre était vraiment sale au figuré comme au propre. J’avoue que j’ai senti un véritable dégout tandis que l’eau rapidement passa de la couleur incolore à la couleur rougeâtre symbole de la longue marche qu’avait faite cette personne pour participer à

la messe. Je vivais alors en moi une tension silencieuse : terminer vite ce calvaire, laver mes mains au savon et passer à autre acte liturgique. C’e

st alors que je sentis comme une interpellation, une invite : Jésus n’avait il pas accepter ce dégout face à ses disciples dont deux (Pierre et Judas) le trahiraient et onze l’abandonneraient à son triste sort ? Le service n’implique t-il pas aussi mourir à son confort personnel pour aller vers soi même et les autres dans la vérité de la Vie que nous offre Jésus ? N’est ce pas en acceptant mes propres saletés que je serais prêt à me laisser lavé par le Christ et par les autres ?

 

 Marche avec le Christ

Oui si sales soyons nous Jésus veut nous laver pour qu’à notre tour nous soyons comestibles et serviables pour tout être humain.

      III. Oser sauter avec LUI sur le chemin de la vie

Je suis revenu fatigué physiquement de ces huit jours mais heureux du fond de mon être pour toutes ces personnes rencontrées, avec lesquelles j’ai partagé et reçu. Ils sont passés les quarante jours de carème. IL est ressucité et IL nous attend quotidiennement dans la Galilée de notre cœur, sur les chemins d’Emmaus de notre vie.

Guibila Jean Paul Windbarka, M.Afr