kiye2022

La crise de foi en Europe hier et la crise de foi en Afrique aujourd'hui.
Approche analytique de la crise du statut du religieux en Afrique aujourd'hui
(Une réflexion du Père Vincent KIYE, Missionnaire d'Afrique)
 
Que deviendra ce style de vie religieuse dans dix ou quinze ans?  A quoi ressemble-t-il aujourd'hui lorsque nous écoutons les murmurationes de la réalité des différents instituts de vie consacree? Élection ou nomination des supérieurs,  les mises en place ou nominations des différents membres? Même l'Esprit Saint se voit exclu des moments forts de la vie de nos instituts, surtout des moments des décisions. Force est de constater qu'à voir comment le décor est planté aujourd'hui, entendu par là,  ce relâchement dangereux et cette créativité anarchique, il ya de quoi craindre de nous retrouver demain devant un christianisme vidé de sa substance christique et par-là, dangereux pour les esprits moins rapides. Le danger est réel. La philosophie de gouvernement de la plupart de nos instituts a changé.  Entendu par-là mode d'élection,  politique de gestion du personnel, politique financière etc. Tout cela une sonnette d'alarme et nous lance un défi difficile à faire face.
Nous avons l'impression de vivre un christianisme orphelin de la tradition qui l'a vu naitre. Notre avenir nous paraît perplexe pour ne pas dire dangereux.
Nous vivons le siècle d'un christianisme moins inventif en ce qui concerne les différents charismes fondateurs des congrégations, lesquelles accusent un appauvrissement intolérable en ce qui concerne les œuvres, veritables terrains d'exercices desdits charismes. Ce déséquilibre rend la vie religieuse âpre et très ordinaire,  n'offrant plus au monde le modèle d'excellence d'autrefois. 
Le consacré d'aujourd'hui ressemble au monsieur tout le monde, en ce sens que chaque jour qui passe, le style de vie consacrée perd son aspect mystique. Par manque des œuvres et de créativité intelligible, les consacrés deviennent très ordinaires que jamais. Ils recourent à l'emploi séculier comme tout le monde, au détriment du style de vie qui fait leur identité spécifique. Et pourtant c'est dans la dynamique des œuvres des congrégations que l'évangélisation s'avérait possible et que les religieux et religieuses offraient au monde l'idéal de la société. Que dire aujourd'hui de ces religieux et religieuses embauchés dans des écoles privées des particuliers qui les exploitent autant qu'ils peuvent surtout lorsqu'ils comprennent que ces consacrés viennent non pas pour évangéliser mais pour chercher leurs pains quotidiens? Que dire de ces témoignages de vie immergé dans l'ordinaire de la vie de la cité en raison d'une familiarité exagérée ? Dans la plupart de cas, le consacré n'incarne plus l'idéal d'homme qu'il faut. Il a tellement bien compris l'exigence de l'inculturation qu'il a oublié jusqu'à perdre son identité d'être lumière monde et sel de la terre. Le style de vie religieuse classique qui nous a vit naître semble tomber en crise. Il ya exigence du changement de paradigme. 
Au regard de tout cela, notre analyse nous amène à  projeter que si  l'Européen a remplacé l'enroulement à la vie religieuse par l'engagement en faveur de la technologie et de l'industrie, la précarité ou l'inconstance du style de vie religieuse en Afrique déversera les fils et filles du continent dans le fetichisme et le maraboutage, non pas pour créer les conditions de possibilité d'une  fraternite évangélique mais pour s'eliminer et se détruire à la recherche de la sécurité sociale et du confort matériel. - Oracle du philosophe .
Père KIYE M. Vincent, Mafr
 
 
 
 

Deux semaines de témoignage missionnaire à Nara, ville martyre par les attaques djihadistes. Un défi missionnaire auquel nous sommes appelés à faire face à Nioro (Le n°48 de l’hebdomadaire de Nioro)

Entre peur et joie de l’Evangile, voilà les deux sentiments qui nous habitent chaque fois que nous nous rendons à Nara, une de nos succursales de la paroisse de Nioro du Sahel. Nos visites sont un grand réconfort pour nos chrétiens qui vivent dans cette localité et cela leur donne de dédramatiser la réalité de l’insécurité qui est récurrente dans la zone. Après avoir passé deux semaines de témoignage missionnaire au milieu de nos frères et sœurs de Nara, une des trois communautés chrétiennes de la paroisse de Nioro du Sahel, je me permets de vous livrer ce témoignage qui en réalité marque la pause catéchétique pour l’année pastorale 2021 – 2022 dans notre paroisse. Oui, la peur comme sentiment humain devant une menace quelconque nous habite souvent. Mais la joie du témoignage d’affection envers nos frères et sœurs qui vivent cette peur au quotidien, est une raison de croire et ne nous empêche pas de nous y rendre. Car disons-nous, aucune force humaine ne peut empêcher l’œuvre de Dieu.

  1. Quelques moments forts de mon séjour à Nara

Ce fut des moments forts. Je m’y rendais pour la célébration des sacrements de baptême, de la première communion, de confirmation et du mariage avec disparité de culte. Nara est à 420 km de Nioro où se trouve le presbytère. Ceci dit, la grande partie de la préparation des candidats aux sacrements se fait par notre catéchiste missionnaire Alphonse Boussoum d’origine Burkinabè. Nous y allons pour certaines précisions relevant de nos prérogatives. Ce qui a fait que je suis allé une semaine avant la célébration desdits sacrements afin d’avoir le temps de m’entretenir avec les candidats. Mais qu’avons-nous vécu concrètement pendant ce séjour à Nara ?

1. Rencontre avec les futurs mariés : Il s’agit du couple Boniface KEITA et Koria N’GUEYE, une fidèle musulmane. Ce fut un moment particulier. Nous avons été marqué par l’ouverture d’esprit de cette jeune musulmane qui, nous dira-t-elle, libre et consentante qu’elle s’engagea pour ce mariage. Prenant la parole pour leur expliquer la symbolique de la kola brisée et de l’eau à boire, ce fut émouvant pour le couple.

En effet, dans la cérémonie de mariage en bambara, il y a la kora que le célébrant brise devant les mariés et leurs témoins et la leur présente en disant : Votre union est à l’image de cette kola. De même que la kola brisée sèche, n’acceptez jamais vous aussi de vous séparer au risque de sécher comme la kola.

Quant à l’eau à boire qu’on dispose dans une calebasse aménagée, le prêtre la bénit. En la présentant à la femme, il dit : (N)… voici de l’eau. Prends tu bois et en donne aussi à ton futur époux. Aujourd’hui c’est un jour de joie et d’allégresse pour vous. Vous voilà boire de l’eau ensemble. Rappelez-vous toujours de ce moment. Au jour d’épreuves dans votre vie de couple, asseyez-vous et buvez de l’eau ensemble pour vous apaiser le cœur.

2. La demande des nouveaux mariés d’aller bénir leur résidence : Sur demande de la famille, le samedi après le sacrement de réconciliation de l’époux, nous partâmes pour la bénédiction de la maison des nouveaux mariés.

3. Quelques visites dans les familles : ici, disons-le, nous avons été très touchés par la précarité de la vie dans certaines familles des orphelins des attaques. Quelques images et commentaires pour traduire cette triste réalité.

Un coup de main à cette vieille qui pile le maïs   Les orphelins des attaques djihadistes à Nara

 

 

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                                                                     Leur maison s’étant écroulée, ces orphelins ont trouvé refuge chez le voisin

4. Le quatrième et dernier moment fut le désherbage au champ du catéchiste. Un bon matin, voyant que l’herbe envahissait le champ du catéchiste qui est dans la concession de la mission, et étouffait les jeunes plantes qui poussaient déjà, je pris résolument la houe et commença à désherber le champ. Une chose à laquelle la famille du catéchiste ne s’attendait pas. C’est alors que le catéchiste et ses enfants me rejoindront jusqu’aux environs de 10h30. J’ai éprouvé beaucoup de joie d’avoir été la famille qui me nourrissait. Une occasion pour moi de renouer avec les bonnes et anciennes habitudes de travailler la terre.

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Au bout de ces deux semaines passées à Nara, je revins à la communauté de Nioro où se tenait le camp missionnaire des enfants Amis de Kizito de la paroisse. L’occasion fait le larron, je ramenais directement la délégation des enfants de Nara qui venaient pour le camp.

 

B. Le camp missionnaire des Amis de Kizito du 01 au 04 juillet 2022

Ce fut un autre moment pathétique après les deux semaines passées à Nara. Le thème dudit camp fut : « L’enfance de Jésus comme modèle pour les Amis de Kizito ». Toutes les causeries et jeux avaient pour but de montrer comment Jésus qui fut enfant comme nos enfants aujourd’hui, peut servir de modèle pour nos enfants.

En effet, dans le cadre de nos activités pastorales de cette année 2021-2022, nous avions programmé une formation spirituelle et chrétienne des enfants et adolescents « Amis de Kizito » de notre paroisse dont l’objectif était de doter les enfants Amis de Kizito de notre paroisse des matériaux nécessaires à être des acteurs d’une nouvelle humanité. Cette entreprise ne peut être possible que par une formation.

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Présenter l’enfance de Jésus comme modèle pour ces enfants nous a paru une réelle école d’apprentissage. Voilà pourquoi nous avions organisé ce camp des amis de Kizito sous ce thème dans le but de doter les enfants de la paroisse des informations nécessaires  devant faire d’eux, des acteurs pertinents qui hâtent l’avènement d’une nouvelle humanité au Mali. Car nous disent les Saintes Ecritures « C’est du cœur de l’homme que proviennent les pensées mauvaises, le meurtre, l’adultère…» (Mt 15, 19). Pour ce faire, former l’homme intérieur serait un véritable processus qui consiste à le libérer des pensées mauvaises pour l’installer sur la planète axiologique. Car, sommes-nous rendus compte, notre monde organise facilement  des formations intellectuelles et professionnelle, négligeant le spirituel. Or, c’est là le siège des sentiments et intentions diverses. Lorsqu’un homme n’est pas suffisamment formé spirituellement, le risque est grand  d’utiliser son intelligence pour nuire. Il devient sans cœur et agit sans état d’âme, incapable d’un bon discernement dans le choix des décisions à prendre au moment d’agir. Que Dieu nous y aide.

Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique

Paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes au Mali

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