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La crise de foi en Europe hier et la crise de foi en Afrique aujourd'hui.
Approche analytique de la crise du statut du religieux en Afrique aujourd'hui
(Une réflexion du Père Vincent KIYE, Missionnaire d'Afrique)
Deux semaines de témoignage missionnaire à Nara, ville martyre par les attaques djihadistes. Un défi missionnaire auquel nous sommes appelés à faire face à Nioro (Le n°48 de l’hebdomadaire de Nioro)
Entre peur et joie de l’Evangile, voilà les deux sentiments qui nous habitent chaque fois que nous nous rendons à Nara, une de nos succursales de la paroisse de Nioro du Sahel. Nos visites sont un grand réconfort pour nos chrétiens qui vivent dans cette localité et cela leur donne de dédramatiser la réalité de l’insécurité qui est récurrente dans la zone. Après avoir passé deux semaines de témoignage missionnaire au milieu de nos frères et sœurs de Nara, une des trois communautés chrétiennes de la paroisse de Nioro du Sahel, je me permets de vous livrer ce témoignage qui en réalité marque la pause catéchétique pour l’année pastorale 2021 – 2022 dans notre paroisse. Oui, la peur comme sentiment humain devant une menace quelconque nous habite souvent. Mais la joie du témoignage d’affection envers nos frères et sœurs qui vivent cette peur au quotidien, est une raison de croire et ne nous empêche pas de nous y rendre. Car disons-nous, aucune force humaine ne peut empêcher l’œuvre de Dieu.
- Quelques moments forts de mon séjour à Nara
Ce fut des moments forts. Je m’y rendais pour la célébration des sacrements de baptême, de la première communion, de confirmation et du mariage avec disparité de culte. Nara est à 420 km de Nioro où se trouve le presbytère. Ceci dit, la grande partie de la préparation des candidats aux sacrements se fait par notre catéchiste missionnaire Alphonse Boussoum d’origine Burkinabè. Nous y allons pour certaines précisions relevant de nos prérogatives. Ce qui a fait que je suis allé une semaine avant la célébration desdits sacrements afin d’avoir le temps de m’entretenir avec les candidats. Mais qu’avons-nous vécu concrètement pendant ce séjour à Nara ?
1. Rencontre avec les futurs mariés : Il s’agit du couple Boniface KEITA et Koria N’GUEYE, une fidèle musulmane. Ce fut un moment particulier. Nous avons été marqué par l’ouverture d’esprit de cette jeune musulmane qui, nous dira-t-elle, libre et consentante qu’elle s’engagea pour ce mariage. Prenant la parole pour leur expliquer la symbolique de la kola brisée et de l’eau à boire, ce fut émouvant pour le couple.
En effet, dans la cérémonie de mariage en bambara, il y a la kora que le célébrant brise devant les mariés et leurs témoins et la leur présente en disant : Votre union est à l’image de cette kola. De même que la kola brisée sèche, n’acceptez jamais vous aussi de vous séparer au risque de sécher comme la kola.
Quant à l’eau à boire qu’on dispose dans une calebasse aménagée, le prêtre la bénit. En la présentant à la femme, il dit : (N)… voici de l’eau. Prends tu bois et en donne aussi à ton futur époux. Aujourd’hui c’est un jour de joie et d’allégresse pour vous. Vous voilà boire de l’eau ensemble. Rappelez-vous toujours de ce moment. Au jour d’épreuves dans votre vie de couple, asseyez-vous et buvez de l’eau ensemble pour vous apaiser le cœur.
2. La demande des nouveaux mariés d’aller bénir leur résidence : Sur demande de la famille, le samedi après le sacrement de réconciliation de l’époux, nous partâmes pour la bénédiction de la maison des nouveaux mariés.
3. Quelques visites dans les familles : ici, disons-le, nous avons été très touchés par la précarité de la vie dans certaines familles des orphelins des attaques. Quelques images et commentaires pour traduire cette triste réalité.
Un coup de main à cette vieille qui pile le maïs Les orphelins des attaques djihadistes à Nara
Leur maison s’étant écroulée, ces orphelins ont trouvé refuge chez le voisin
4. Le quatrième et dernier moment fut le désherbage au champ du catéchiste. Un bon matin, voyant que l’herbe envahissait le champ du catéchiste qui est dans la concession de la mission, et étouffait les jeunes plantes qui poussaient déjà, je pris résolument la houe et commença à désherber le champ. Une chose à laquelle la famille du catéchiste ne s’attendait pas. C’est alors que le catéchiste et ses enfants me rejoindront jusqu’aux environs de 10h30. J’ai éprouvé beaucoup de joie d’avoir été la famille qui me nourrissait. Une occasion pour moi de renouer avec les bonnes et anciennes habitudes de travailler la terre.
Au bout de ces deux semaines passées à Nara, je revins à la communauté de Nioro où se tenait le camp missionnaire des enfants Amis de Kizito de la paroisse. L’occasion fait le larron, je ramenais directement la délégation des enfants de Nara qui venaient pour le camp.
B. Le camp missionnaire des Amis de Kizito du 01 au 04 juillet 2022
Ce fut un autre moment pathétique après les deux semaines passées à Nara. Le thème dudit camp fut : « L’enfance de Jésus comme modèle pour les Amis de Kizito ». Toutes les causeries et jeux avaient pour but de montrer comment Jésus qui fut enfant comme nos enfants aujourd’hui, peut servir de modèle pour nos enfants.
En effet, dans le cadre de nos activités pastorales de cette année 2021-2022, nous avions programmé une formation spirituelle et chrétienne des enfants et adolescents « Amis de Kizito » de notre paroisse dont l’objectif était de doter les enfants Amis de Kizito de notre paroisse des matériaux nécessaires à être des acteurs d’une nouvelle humanité. Cette entreprise ne peut être possible que par une formation.
Présenter l’enfance de Jésus comme modèle pour ces enfants nous a paru une réelle école d’apprentissage. Voilà pourquoi nous avions organisé ce camp des amis de Kizito sous ce thème dans le but de doter les enfants de la paroisse des informations nécessaires devant faire d’eux, des acteurs pertinents qui hâtent l’avènement d’une nouvelle humanité au Mali. Car nous disent les Saintes Ecritures « C’est du cœur de l’homme que proviennent les pensées mauvaises, le meurtre, l’adultère…» (Mt 15, 19). Pour ce faire, former l’homme intérieur serait un véritable processus qui consiste à le libérer des pensées mauvaises pour l’installer sur la planète axiologique. Car, sommes-nous rendus compte, notre monde organise facilement des formations intellectuelles et professionnelle, négligeant le spirituel. Or, c’est là le siège des sentiments et intentions diverses. Lorsqu’un homme n’est pas suffisamment formé spirituellement, le risque est grand d’utiliser son intelligence pour nuire. Il devient sans cœur et agit sans état d’âme, incapable d’un bon discernement dans le choix des décisions à prendre au moment d’agir. Que Dieu nous y aide.
Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes au Mali
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