Fin de Barkhane au Mali : chacun voit retrait à sa porte
Avec le départ du Mali du dernier soldat français de la force Barkhane, ce qui ressemblait à une idylle, en 2013, finit en queue de tilapia. Chacun essaie de faire bonne figure.
© Damien Glez
Il y a neuf ans, l’émotion de « Papa Hollande », président d’une France qu’« on » avait appelé à la rescousse au Sahel – il reste à définir la légitimité de ce « on » – l’étreignait à ce point qu’il balayait ses conquêtes politiciennes nationales pour déclarer que sa visite au Mali était, sans doute, « la journée la plus importante » de sa vie politique. Ce lundi, c’est sous un mépris glacial de la junte malienne que le dernier soldat français de l’opération militaire Barkhane passait une frontière terrestre…
Alors que le monde chrétien célébrait, ce 15 août, l’entrée de la Vierge Marie dans la gloire de Dieu, c’est précisément à 11 heures locales que le dernier détachement français faisait sa sortie du Mali, via le Niger, sans tambour de célébration ni trompette de la renommée. Comme de bien entendu, les parties « brouillées » ont chacune leur vision du divorce…
En « off » comme en « on », la France indique n’avoir pas démérité, avoir notamment payé le prix du sang pour empêcher des colonnes jihadistes de fondre sur Bamako. Au-delà de cette lecture qui ne pourra être validée que par les historiens et avec le recul de quelques années, l’état-major de l’armée française précise qu’il s’agit moins d’une débandade que d’un redéploiement : « Les armées françaises continuent le combat contre le terrorisme au Sahel, en coordination avec nos partenaires africains et internationaux », même si la présence dans la région sera divisée par deux d’ici la fin de l’année.
Ultimatum
En dehors du Niger, N’Djamena et Ouagadougou hébergent toujours des militaires français, dans des proportions et des cadres différents. L’état-major français s’enorgueillit surtout de l’exploit que constitue le départ du Mali d’un dispositif aussi lourd en si peu de temps – 4 000 containers et un millier de véhicules en six mois –, sans que la fragilité induite par le déménagement ne conduise à des attaques contre ces forces françaises.
Côté malien, la junte au pouvoir laisse parler les foules, convaincue que celles-ci traduisent le sentiment du peuple. Ce 14 août, à Gao, alors que le départ de Barkhane s’achevait, des manifestants ont quand même tenu à lancer un ultimatum de 72 heures à des militaires décidés à ne pas utiliser lesdites 72 heures. Et des photographies présumées du rassemblement de montrer des slogans brandis comme « Barkhane parrain et allié des groupes terroristes » ou « aucune puissance étrangère ne fera du Mali son butin ».
La rupture finalement consommée entre les militaires maliens et français, les échos de la guerre de communication seront entendus quelques temps, avant que ne se normalise, sous Goïta ou pas, sous Macron ou pas, les relations entre le Mali et son ancien colon.