ÉDITO
Déranger l'économie
Le pape François invite régulièrement les jeunes à laisser émerger leurs idées et leurs rêves pour l’Église et pour le monde, quitte à bousculer les habitudes en semant « la pagaille ».
Lui-même ne cesse de donner l’exemple en bousculant le protocole au cours de ses visites pastorales, en dénonçant sans ménagement les dysfonctionnements cléricaux au sein de l’Église, en usant de formules choc pour dénoncer l’égoïsme et l’inertie des nations face aux drames qui se jouent dans ce monde : « mondialisation de l’indifférence » devant la situation des migrants, « culture du déchet » dans des sociétés qui excluent les faibles et les vieux, « économie qui tue » parce qu’elle est « sans visage », soumise à « l’impérialisme de l’argent » et du « marché divinisé »… Des mots pas toujours bien reçus, tellement ils sont dérangeants pour ceux que le cours actuel du monde arrange… et qui ne voient pas, ou ne veulent pas voir, que notre monde marche sur la tête.
Mais pour que le cours des choses change, il faut s’en donner les moyens. Il faut commencer par oser penser autrement, explorer d’autres cadres de pensée, faire preuve de créativité, imaginer d’autres possibles. Sans renouvellement de nos manières de penser et d’agir, nous ne sortirons pas de la crise économique, sociale et environnementale que nous endurons.
C’est précisément à cet effort de créativité que sont conviés les centaines de jeunes venus du monde entier et engagés dans l’économie (comme économistes, chefs d’entreprise, acteurs du changement…) rassemblés à Assise du 22 au 24 septembre. Au cours de cet événement intitulé « L’Économie de François », ils pourront laisser aller leur imagination en vue d’une conversion radicale du fonctionnement de l’économie moderne.
L’économie, parce qu’elle nous permet d’accéder aux biens et aux services dont nous avons besoin pour vivre, est une réalité humaine essentielle. Les chrétiens ne peuvent s’en désintéresser en raison même de leur fidélité au Christ qui a vécu notre condition d’homme, qui a mangé, bu, travaillé.
À charge pour eux de faire en sorte que des mots essentiels de leur foi — comme partage, don, communion, confiance, justice, paix, souci des plus faibles, respect de toutes les créatures — aient droit de cité dans la sphère de l’économie. Place donc à l’imagination pour déranger le fonctionnement économique actuel.
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