Sécheresse 2022 : une équipe de scientifiques fait le lien avec le changement climatique
Selon une étude internationale, le risque de sécheresse en Europe a été multiplié par 3 ou 4 avec le réchauffement climatique. De tels épisodes se multiplieront davantage avec l’augmentation des températures.
De la Chine aux États-Unis, en passant par une grande partie des États européens, la sécheresse qui a sévi cet été dans l’hémisphère Nord aura épargné peu de pays. Pour les scientifiques du World Weather Attribution, qui œuvrent à l’évaluation de liens entre des événements climatiques extrêmes et le réchauffement de la planète, l’augmentation globale de la température a largement augmenté le risque de sécheresse. Celui-ci a été multiplié par 3 ou 4 en Europe, et jusqu’à 20 dans le reste de l’hémisphère Nord (hors zones tropicales).
Concrètement, si l’homme n’avait pas réchauffé la planète, une telle sécheresse n’aurait été attendue qu’une fois tous les soixante ou quatre-vingts ans en Europe, et une fois tous les quatre cents ans dans la zone qui englobe l’Asie et le continent nord-américain. Au niveau actuel de réchauffement, de tels épisodes de sécheresse devraient se produire tous les vingt ans dans les deux parties de l’hémisphère Nord. Ce risque sera multiplié par deux si le réchauffement atteint 2 °C, ont estimé les scientifiques, issus de plusieurs universités internationales et réunis sous la bannière du World Weather Attribution.
Science de l’attribution
En se fondant sur des modélisations et les données d’observations, les chercheurs parviennent de plus en plus à faire le lien entre des événements précis et le réchauffement climatique.
La recherche sur les épisodes de sécheresse reste néanmoins l’un des volets les plus difficiles à traiter pour les scientifiques. Contrairement à la température ou aux précipitations, qui peuvent être directement mesurées, l’humidité du sol doit être estimée par des modélisations, ce qui accroît la complexité de l’analyse.
Cumulation des effets
Les scientifiques insistent sur le risque d’effets en cascade liés à l’augmentation de ces risques. En Europe, « la limitation de l’approvisionnement en énergie due à la réduction du débit des rivières a coïncidé avec l’augmentation des prix de l’énergie liée à la pandémie de Covid-19 et au conflit en Ukraine, ce qui limitait encore plus l’approvisionnement, relève l’étude. Cette situation a eu des répercussions en cascade sur les prix des engrais, qui devraient produire des effets en chaîne sur les prix alimentaires mondiaux et donc sur l’insécurité alimentaire ».
En France, l’épisode de sécheresse n’est pas terminé. À ce jour, 89 départements sont encore concernés par une restriction au-delà de la vigilance sur au moins une partie de leur territoire, dont 64 en crise, niveau d’alerte le plus élevé.