Niger : Abdoul Salam Bello, un économiste au service du continent

À 45 ans, Abdoul Salam Bello est le premier nigérien nommé administrateur à la Banque mondiale, où il représente 23 pays africains. De Niamey à Washington, en passant par Riyad, Paris et Ouagadougou, retour sur une carrière déjà bien remplie, et 100 % tournée vers le développement de l’Afrique.

Mis à jour le 10 décembre 2022 à 16:08

 
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L’économiste nigérien Abdoul Salam Bello, administrateur du Groupe Afrique II au conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale, à Washington. © DR

 

« Ma ligne directrice a toujours été le développement de l’Afrique. Et pour ce faire, les organismes internationaux, en particulier les banques de développement, me semblent être les tremplins les plus impactants », explique Abdoul Salam Bello. À 45 ans, le Nigérien a enchaîné les postes au service du continent : économiste à la Banque islamique de développement (BID), en Arabie saoudite, et directeur de cabinet du secrétaire exécutif de l’Agence du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Auda-Nepad), en Afrique du Sud, chargé de projet senior à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD).

Et, depuis novembre, administrateur du Groupe Afrique II au conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale (BM), à Washington. Un poste qui lui confère deux principales missions : se porter « fiduciairement » responsable du groupe de la BM et représenter 23 pays africains au sein de son conseil d’administration.

Débats d’idées et émulation

Fils de diplomate, Abdoul Salam Bello a grandi à Riyad, en Arabie saoudite, avec ses quatre frères et sœurs. Une enfance « douce », rythmée par les récits d’une famille « férue d’histoire ». Puis c’est en France que le jeune nigérien a posé bagages pour commencer son cursus universitaire : d’abord avec un diplôme d’ingénieur en télécommunications de l’université de Toulon, suivi d’un master en diplomatie et négociations stratégiques à l’université de Paris-Sud, puis d’un master en management des activités internationales à l’université Lyon-III. Enfin, en 2004, il rejoint la capitale française afin d’intégrer HEC Paris, où il obtient un master en management des risques internationaux.

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Durant ses années d’études, l’économiste en herbe passait le plus clair de son temps libre avec ses « copains intellos », confie-t-il avec une pointe de nostalgie. « J’avais des amis issus de différentes grandes écoles : Sciences Po, Normale sup, Polytechnique… Nous avions souvent des débats d’idées sur les réformes économiques à mener sur le continent, sur les changements structurels à apporter, etc. » Des échanges et une émulation intellectuelle qui le confortent dans son choix de carrière. Après un passage dans le privé, en tant que chef de projet adjoint au siège de Renault en France, il intègre la BID en 2007 à travers le programme des « jeunes professionnels », à l’issue duquel il se spécialise dans les opérations et l’évaluation.

Une histoire de spaghettis

Abdoul Bello s’installe à Washington en 2014 pour rejoindre la BM, d’abord en tant que conseiller de l’administrateur du Groupe Afrique II (2014-2019), puis en tant qu’administrateur suppléant (2020-2022) jusqu’à sa titularisation, en novembre, pour un mandat de deux ans non renouvelable, avec toujours le même objectif : contribuer à l’intégration économique africaine. Chercheur au Centre africain du think tank Atlantic Council – également basé à Washington –, il est d’ailleurs l’auteur de La Régionalisation en Afrique : essai sur un processus d’intégration et de développement (éditions L’Harmattan, 2017).

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En l’occurrence, Abdoul Salam Bello est convaincu que la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a un réel potentiel. Pour illustrer son propos, il reprend la métaphore des « bols de spaghettis », théorisée par l’indien Jagdish Bhagwati, selon laquelle plus le nombre d’accords de libre-échange entre pays augmentent, plus leurs relations commerciales ralentissent. Une vision à contre-courant « très pertinente à l’échelle du continent, où beaucoup d’accords finissent par ne pas être ratifiés ou respectés » faute de budget, d’organisation et de respect des délais de mise en œuvre. « Au lieu de multiplier les structures à vocation continentale, il faut miser sur un accord solide et commun », résume-t-il.