Ce qu’il faut savoir sur le général Djato, le nouveau patron de l’armée togolaise

Le général Tassounti Djato a été nommé chef d’état-major en décembre 2022. Sa mission : définir une stratégie pour contrer les incursions des groupes jihadistes dans le nord du pays.

Par  - à Lomé
Mis à jour le 24 février 2023 à 12:59
 

 djato

 

 

Le général Tassounti Djato, chef d’état-major des Forces armées togolaises. © Emmanuel Pita

 

 

Sa nomination, le 22 décembre 2022, avait pris tout le monde de court à Lomé, aucune information n’ayant préalablement filtré. Par décret, lu à la télévision nationale lors du journal de la nuit, le général Tassounti Djato avait été nommé chef d’état-major de l’armée togolaise en remplacement du général Dadja Maganawé.

À LIREAu Togo, la nouvelle task force sécuritaire de Faure Gnassingbé

Peu auparavant, celui qui était jusque-là colonel (et, depuis octobre 2020, chef d’état-major de l’armée de l’air) avait été promu général de brigade aérienne.

Contexte sécuritaire tendu

Affecté en 1986 à la Base de chasse de Niamtougou (BCN), à plus de 400 km au nord de Lomé, Tassounti Djato gravit tous les échelons jusqu’au grade de chef de patrouille. Ses qualités de pilote suscitent l’admiration de ses chefs, qui lui confient de nouvelles responsabilités. Diplômé de l’École de guerre, en France, il devient commandant d’escadrille, puis, en 2015, commandant de la BCN, poste qu’il occupera jusqu’à sa nomination comme chef d’état-major de l’armée de l’air.

Tassounti Djato prend les rênes de l’armée dans un contexte tendu. Depuis plusieurs mois, le nord du Togo, frontalier du Burkina Faso, est régulièrement la cible d’attaques jihadistes. La dernière en date, le 10 février 2023, a choqué tout le pays : selon nos informations, 31 personnes ont été tuées à Tola et à Gningou, deux villages situés dans la préfecture de Kpendjal.

Une armée de 18 000 hommes

Face à la progression des groupes jihadistes, le nouveau chef d’état-major aura pour mission de restructurer le dispositif sécuritaire dans le Nord, en particulier dans la région des Savanes, frontalière avec le Burkina Faso et placée sous état d’urgence. Pour y parvenir, il s’appuiera sur le général de brigade Kolemagah Kassawa, commandant supérieur de l’opération Koundjoaré, et sur le colonel Latiembé Kombaté, commandant du deuxième Bataillon d’intervention rapide (BIR). Il compte aussi sur son corps d’origine, l’armée de l’air, pour surveiller les mouvements jihadistes et les frapper depuis les airs.

À LIRETogo : Faure Essozimna Gnassingbé, la méthode pour durer ?

Neuvième officier à occuper les fonctions de chef d’état-major depuis l’indépendance, le général Djato dirigera une armée de 18 000 hommes engagée dans un plan de modernisation couvrant les cinq prochaines années. La loi de programmation militaire, votée à la fin de 2020, prévoit un budget de 722 milliards de francs CFA pour financer des achats d’équipements et l’enrôlement de recrues.

Affaire Madjoulba

Tassounti Djato devra aussi gérer la délicate affaire Madjoulba. Commandant du 1er BIR, le colonel Bitala Madjoulba avait été tué dans des conditions mystérieuses, dans son bureau, dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, quelques heures après l’investiture de Faure Essozimna Gnassingbé.

Avec l’arrestation, le 12 janvier 2023, du général Félix Abalo Kadanga, ancien chef d’état-major de l’armée, puis son placement en résidence surveillée, l’enquête semble sur le point d’être bouclée. Selon nos informations, l’ouverture d’un procès est imminente, puisque l’affaire Madjoulba sera la première à être traitée par la justice militaire, qui va elle-même devenir opérationnelle à brève échéance.