Qui est Ajay Banga, l’élu de Washington pour présider la Banque mondiale ?

L’ancien directeur général de Mastercard (2010-2020), Ajay Banga, a été désigné par Joe Biden pour succéder à David Malpass en tant que président de la Banque mondiale. Cet Américain né en Inde, issu de la sphère privée, est notamment spécialisé dans la mobilisation de fonds privés.

Mis à jour le 24 février 2023 à 18:25
 
 
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Ajay Banga est le candidat de Joe Biden pour diriger la Banque mondiale, après que son patron actuel, David Malpass, a annoncé sa démission. Ici en décembre 2018 lorsque l’Américain d’origine indienne était PDG de MasterCard,DC. © WIN MCNAMEE / GETTY / AFP)

 

Dix jours après la démission de David Malpass à son poste de président de la Banque mondiale (BM), la Maison Blanche a désigné un successeur. Et celui-ci ne figurait pas sur la liste des candidats pressentis au lendemain de l’annonce du départ de M. Malpass. Ce ne sera pas l’ancienne administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Gayle Smith, Wally Adeyemo, l’actuel secrétaire adjoint du Trésor, non plus, ni Ngozi Okonjo-Iwea, la Nigériane à la tête de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) depuis 2021.

C’est Ajay Banga, un homme d’affaires indo-américain de 63 ans, qui a été choisi par l’exécutif américain, le 23 février, pour prétendre à la présidence de l’institution. Une décision « logique » selon le président des États-Unis Joe Biden, qui estime qu’ « Ajay dispose de toutes les qualités pour diriger la Banque mondiale dans cette période critique de son histoire ».

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Ce choix est une première car, selon un accord tacite et historique, uniquement les citoyens américains sont éligibles à ce poste prestigieux. Or, même si Ajay Banga détient le passeport bleu, il est né et a grandi en Asie.

Grandes multinationales

Le natif de Pune (Maharashtra, centre de l’Inde) est issu de la caste des Saini, qui appartient à la catégorie « classes défavorisées » (OBC). Pourtant, ce fils de militaire a réussi à se faire une place au sein de la haute sphère indienne.

Une fois obtenus ses diplômes en économie de l’Université de Delhi et de l’Indian Institute of Management, il commence sa carrière professionnelle en 1981 auprès de Nestlé et PepsiCo en Inde, aux États-Unis et au Moyen-Orient, en tant que gestionnaire de projets.

Ensuite, il a rejoint Citigroup en 1996, où il occupe divers postes de direction, notamment celui de président-directeur général de la région Asie-Pacifique. En 2009, il intègre Mastercard en tant que président et chef de l’exploitation, puis devient PDG de 2010 à 2021. « Ses efforts ont permis à 500 millions de personnes n’ayant pas de compte en banque d’avoir accès à l’économie numérique, de diriger les investissements privés vers des solutions pour faire face au réchauffement climatique et d’augmenter les opportunités économiques dans le cadre du Partenariat pour l’Amérique centrale», a détaillé la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, dans un communiqué séparé dans lequel elle « applaudit la décision du président Biden ».

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Après plus de dix ans de loyaux services, Ajay Banga a quitté ses fonctions auprès du service de paiement pour prendre les rênes du fonds de capital-investissement américain General Atlantic.

En parallèle, le dirigeant d’entreprises est également président du holding d’investissement Exor, basée aux Pays-Bas, et responsable la gestion des partenariats public-privé pour l’Amérique centrale avec la vice-présidente américaine Kamala Harris. De plus, il siège au conseil d’administration de plusieurs organisations, dont la Fondation Obama, le Forum économique mondial et la Banque de réserve fédérale de New York. Il a par ailleurs été nommé comme l’un des meilleurs PDG du monde par l’hebdomadaire Barron’s en 2019, et est considéré comme un leader de premier plan dans le domaine des investissements et transactions.

Critiques

Pour certains, le profil d’Ajay Banga ne correspond pas à la mission et aux valeurs de la Banque mondiale. Jeff Hauser, qui a fondé le projet Revolving Door (filiale du Center for Economic and Policy Research (CEPR) qui a pour rôle d’examiner la pertinence des nominations dans les grandes institutions rejette celle de l’expert indien. « Ni General Atlantic ni MasterCard, ni Citigroup ni PepsiCo, ni Nestlé ne favorisent la prospérité partagée. Ces entreprises ont toutes fait beaucoup plus pour exacerber les inégalités que pour les combattre », a-t-il déclaré à la BBC.

IL DIT SON OBSESSION POUR L’EXPANSION DE L’INCLUSION FINANCIÈRE

Oxfam a pour sa part critiqué le manque de transparence dans le processus de nomination organisé par la Maison Blanche. « La Banque mondiale n’est pas une banque américaine, une banque commerciale ou une société de capital-investissement. Pour un poste de cette envergure, il faut plus qu’une tape sur l’épaule du président Biden », peut-on lire sur le site de l’organisation de lutte contre les inégalités.

Rôle des pays émergents

Et, pourtant, la candidature du fils de Maharashtra a été saluée. Cela fait plusieurs années que des pays émergents, comme la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, souhaitent voir leur rôle au sein des institutions financières internationales s’accroître. Selon un communiqué de l’exécutif américain, Ajay Banga est idéal pour endosser le rôle, car en plus d’avoir  » grandi et démarré sa carrière professionnelle dans un pays émergent, il dispose d’un excellent bilan dans la promotion de la diversité, de l’inclusion et de l’égalité au travail, et d’une vaste connaissance des défis auxquels sont confrontés les pays en développement ».

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De plus, selon l’ex-Président de la Banque interaméricaine de développement (BID), Luis Alberto Moreno, le leader indien se distingue par son « obsession » pour l’expansion de l’inclusion financière et sa « profonde connaissance des nouvelles technologies ». Des éléments qui selon la même source, « pourraient aider à combler le fossé entre les pays riches et les marchés émergents ».