kiye2022Une réflexion de notre confrère Vincent Kiye qui vit la missison à NIoro du Sahel au Mali

 
 
Le Carême, ce temps de briser les barrières de la haine entre les peuples afin de construire l’unité du peuple de Dieu (Une réflexion du Père Vincent KIYE du 3ème dimanche de Carême A)
Textes du jour :
1ère lecture : Ex 17, 3-7
2ème lecture : Rm 5, 1-2.5-8
Évangile : Jn 4, 5-42
«Jésus lui dit : "Donne-moi à boire".»
N’est-ce pas une provocation hors-norme  de voir un juif demander de l’eau à une Samaritaine au moment où la tradition ne le leur permettait pas ! Que peut-on comprendre de la symbolique de l'eau qui revient avec insistance dans la liturgie de ce 3ème dimanche de carême, notamment dans la première lecture et dans l’évangile et surtout en ce temps de privation et de renoncement? Quel lien établir entre la problématique de l’eau dans ces deux lectures précitées et la grâce de l'amour dont le Père nous a comblés en Jésus-Christ que nous lisons dans la deuxième lecture de ce jour? Voilà des questions que nous vous proposons pour nourrir notre méditation de ce 3ème dimanche de Carême, dit dimanche de la rencontre de Jésus avec la samaritaine.
Bien-aimés dans le Seigneur, comme vous pouvez le voir, la problématique de l’eau qui revient dans la première lecture et dans l’évangile de ce 3ème dimanche de carême se pose dans des contextes très particuliers et cela nous interpelle. Elle nous présente le visage d’un Dieu qui vient au secours de son peuple qui souffre et nous invite à comprendre que le temps de Carême est un temps qui nous est donné pour transcender les conditions d’une vie spirituelle médiocre que les barrières de la haine font peser sur les enfants de Dieu; un temps de transcender les prescriptions injustes qui empêchent toute cohésion sociale entre les enfants de Dieu et retardent l’avènement d’une nouvelle humanité, fondée sur l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. C’est un temps qui nous est donné pour que comme Dieu envers le peuple d’Israël au désert aride, nous soyons nous aussi, capables d’offrir de l’eau à tous ceux et celles qui attendent de nous, un geste providentiel de Dieu pour son peuple. C’est un temps qui nous est donné pour que nous puissions approcher tous ces Samaritains de notre vie, ceux et celles que les considérations ou les prescriptions ethniques et tribales, régionales et nationales nous empêchent d’approcher. Voilà les deux épisodes énigmatiques que le Seigneur nous donne à affronter pour une vie chrétienne digne de ce nom.
Oui bien-aimés dans le Seigneur, la liturgie de ce 3ème dimanche de Carême nous invite à briser les barrières de la haine ainsi que tous ces murs que les conditions existentielles ont érigés entre nous et nos prochains. Et cela n’est possible qu’avec la force de l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint. Ainsi, il n'y aura plus ni juif ni samaritain, il y aura une seule nation, un seul peuple, le peuple de Dieu.
En effet, dans la première lecture et dans l’évangile nous voyons que Dieu vient au secours de son peuple dans sa précarité existentielle. La première lecture nous relate comment dans le désert, le peuple manquant d’eau, souffrit de la soif et récrimina contre Moïse qui à son tour cria vers le Seigneur qui répondu favorablement à la souffrance du peuple. Dieu vient en aide à son peuple dans l’extrême nécessité. Même son de cloche dans l’évangile lorsque le Seigneur vient à la rencontre de cette Samaritaine. Il y pose un acte qui brise les barrières de la haine et transcende une prescription que Jésus juge incompatible à la Bonne Nouvelle qu’il est venu annoncer. Voilà une attitude à imiter pour que notre Carême ne soit pas un carême de routine mais de changement réel, qu’il soit fructueux et ait un impact réel sur notre vie, sur notre entourage.
Les juifs et les Samaritains ne se fréquentaient pas, nous rapporte l’évangile. Ce pas que Jésus fait à la rencontre de cette samaritaine est d’une grande religiosité et donne de comprendre davantage l’exigence du temps de Carême que nous traversons. Jésus conduit cette samaritaine à une nouvelle approche de la religion et de la vie et nous invite à faire de même. Allons, nous aussi, à la rencontre de ces Samaritains et samaritaines, toutes ces personnes que le poids de la tradition et de l’histoire nous ont toujours empêché de rencontrer. C’est le temps de construire l’unité du peuple de Dieu avec la grâce de l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Amen
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique
Paroisse de Nioro du sahel dans le diocèse de Kayes
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