Dix choses à savoir sur Barthélémy Kéré, le nouveau président du Conseil constitutionnel burkinabè
Choisi par le capitaine Ibrahim Traoré, l’avocat et ancien ministre de la Justice a officiellement été investi le 11 avril. Il aura un rôle clé lors des prochaines élections présidentielle et législatives, censées se tenir au cours du premier trimestre de 2024.
Barthélémy Kéré a prêté serment comme nouveau président du Conseil constitutionnel le 11 avril 2023 à Ouagadougou. © MONTAGE JA : Sophie Garcia/hanslucas
DIX CHOSES À SAVOIR SUR – La main droite levée, le torse ceint d’une écharpe rouge et verte aux couleurs du drapeau national, Me Barthélémy Kéré a prêté serment comme nouveau président du Conseil constitutionnel ce mardi 11 avril à Ouagadougou, lors d’une cérémonie présidée par le capitaine Ibrahim Traoré.
« Ce moment est important, mais aussi émouvant. Il m’inspire à la fois joie et gravité, confiance et humilité. La charge de président du Conseil constitutionnel emporte assurément une grande responsabilité en face des citoyens et en face des pouvoirs publics », a estimé cet avocat sexagénaire, bien connu de ses compatriotes.
1. Garde des Sceaux
Me Kéré est le premier avocat à être nommé ministre de la Justice depuis l’indépendance du Burkina Faso en 1960. Après le coup d’État du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba le 24 janvier 2022, Me Barthélémy Kéré est nommé garde des sceaux au sein du gouvernement de transition. Sa nomination avait surpris certains Burkinabè, étonné de voir cet homme connu pour ses valeurs démocratiques et républicaines servir un régime putschiste.
2. Un frère avocat
Barthélémy Kéré est originaire de la commune de Loanga, près de Tenkodogo, dans la province du Boulgou (Centre-Est). Son frère cadet, Paul Kéré, est aussi avocat. Bien que résidant à Nancy, en France, où il traite certaines affaires, il intervient régulièrement en tant que conseil dans d’importants dossiers judiciaires au Burkina Faso.
3. Ami de Bénéwendé Sankara
Il est très proche de Me Bénéwendé Sankara, ancien député, ancien ministre et candidat à la présidentielle de 2010 et 2015 sous les couleurs de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/MS). C’est avec lui et Me Mamadou Sawadogo, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina Faso, que Barthélémy Kéré a relancé l’Union des jeunes avocats du Burkina (UJA-B) dans les années 1990.
4. Ex-président de la Ceni
En 2011, il est placé à la tête de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) sous Blaise Compaoré. Après la chute de ce dernier, en 2014, il supervise les élections présidentielle et législatives de 2015 qui conduisent Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir. Il termine son mandat en 2016, après avoir introduit la biométrie dans le système électoral burkinabè.
5. Conseiller de l’Église catholique
Catholique convaincu, il a mis ses compétences et ses réseaux au service de l’Église. En 2006, c’est lui qu’elle a désigné comme son représentant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Il est aujourd’hui le principal conseiller juridique de la Conférence épiscopale Burkina-Niger.
6. Chevalier de Saint-Grégoire
Le 14 juin 2019, il reçoit la médaille de Saint-Grégoire de la Conférence épiscopale Burkina-Niger. Cette décoration est l’une des plus hautes distinctions du Vatican à l’endroit des personnes œuvrant pour la paix. Son rôle à la tête de la Ceni dans l’organisation des élections de 2015, qui se sont déroulées pacifiquement un an après la chute du régime de Blaise Compaoré, avait alors été salué.
7. Renvoyé de l’université pour syndicalisme
En 1982, il a été renvoyé de l’université de Ouagadougou pour son activisme syndical au sein des mouvements étudiants menés par l’Union générale des étudiants voltaïques (UGEV). Il avait alors dû s’exiler à l’université de Bordeaux, en France, pour finir ses études de droit. De retour au Burkina Faso, il y créé son propre cabinet d’avocats, le cabinet Kéré, en 1992. Collaborant régulièrement avec de grands cabinets américains, canadiens ou encore européens, il travaille essentiellement sur des dossiers relatifs aux questions minières et au milieu des affaires.
8. Redonner une crédibilité au Conseil constitutionnel
Depuis le coup d’État du lieutenant-colonel Damiba, le 24 janvier 2022, le Conseil constitutionnel est critiqué par beaucoup pour avoir avalisé les putschs comme mode légal d’accession au pouvoir au Burkina Faso. Après celui de Damiba, les sages ont en effet cautionné celui du capitaine Ibrahim Traoré neuf mois plus tard, en octobre 2022. Le successeur du juge Kassoum Kambou, ex-président du Conseil constitutionnel décédé en février 2022 à Paris, aura donc pour délicate mission de redorer l’image écornée de l’institution.
C’est Ibrahim Traoré qui a choisi de nommer Barthélémy Kéré au poste de président du Conseil constitutionnel. Si cette nomination a été plutôt favorablement accueillie dans l’opinion publique, elle n’a pas été du goût de tous, certains s’offusquant que le président de transition n’ait pas choisi l’un des huit sages siégeant déjà au Conseil.
10. L’enjeu des prochaines élections
Les élections présidentielle et législatives censées mettre fin à la transition doivent se tenir au cours du premier trimestre 2024. Une étape cruciale durant laquelle Kéré jouera un rôle majeur : en tant que président du Conseil constitutionnel, c’est lui qui sera garant du bon déroulement du scrutin et de ses résultats.