À la tête de CTOP, la fratrie Ouédraogo se rêve en champion ivoirien du cacao

À cheval entre Ouagadougou et Abidjan, le groupe familial est actif dans l’industrie, le négoce, l’immobilier et l’agro-industrie. En investissant dans de nouvelles lignes de broyage de fèves de cacao, il veut se faire une place face aux multinationales du secteur.

Mis à jour le 21 juillet 2023 à 09:30
 
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Aminata, Souleymane et Oumar Ouédraogo. © Montage JA / DR

BURKINABÈ D’ABIDJAN, LE BUSINESS DANS LES VEINES (3/4) –  Entre Abidjan et Ouagadougou, les Ouédraogo ne veulent pas choisir. « Nous nous sentons binationaux et sommes des deux côtés », sourit Oumar Ouédraogo, patron du groupe diversifié Central Trading Ouédraogo Patounezambo (CTOP), du nom du fondateur du groupe.

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Tout a commencé dans les années 1970 lorsque, comme des milliers de compatriotes, le businessman Patounezambo Ouédraogo, dit Pat, part tenter sa chance en Côte d’Ivoire. Les années aidant, il fait fortune dans les plantations de cacao et le négoce du riz.

Diversification

Mais l’entrepreneur manque de tout perdre lorsque la crise ivoirienne éclate au début des années 2000. Ce qui aurait pu devenir la fin de CTOP marque en fait le début de la diversification du groupe. Criblé de dettes en Côte d’Ivoire, Pat Ouédraogo prend la direction du Burkina Faso où il fonde une seconde entreprise, baptisée Watam Kaizer. Aujourd’hui, Watam Kaizer c’est 16 milliards de francs CFA de bilan. Et l’un des leaders, avec Mégamonde, du négoce des engins à deux roues. Le groupe en écoule près de 20 000 unités par an.

Watam Kaizer, c’est aussi une usine d’assemblage de cycles d’une capacité de 100 motos par jour, installée dans la zone industrielle de Kossodo, dans la banlieue de Ouagadougou. Désormais, le groupe est présent dans l’immobilier, la distribution, le BTP ou encore les travaux d’assainissement et d’électricité. Grâce à ses succès au Burkina il a pu renflouer CTOP qui a réussi à survivre aux dix années de crises qui ont secoué la Côte d’Ivoire.

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Les entreprises familiales sont prépondérantes dans le tissu économique burkinabè, mais beaucoup périclitent avec la disparition de leur fondateur. Ce ne sera pas le destin de CTOP. Cinq ans après le décès de Pat Ouédraogo en 2008, les enfants Ouédraogo ont repris en main le groupe ivoirien. L’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 100 milliards de F CFA en Côte d’Ivoire. Oumar est donc à la tête du groupe, avec un œil sur la branche industrie, Aminata se concentre sur la centrale d’achat, tandis que Souleymane chapeaute les activités au Burkina Faso.

Nouvelle unité de broyage

Implantée dans ses locaux situés dans la zone portuaire de Treichville, l’entreprise n’entend pas pour autant s’arrêter là. « Nous avons été sélectionnés pour faire partie des entreprises que l’État veut transformer en champions nationaux. Il a été décidé d’octroyer 20 % des contrats des majors du secteur aux locaux », avance Oumar Ouédraogo. Un coup de pouce public qui met la pression sur le dirigeant. Alors que 90 % de la production de cacao du pays est capté par les géants du secteur agroalimentaire – Cargill, Olam, ou Barry Callebaut –, le groupe familial entend saisir sa chance.

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Pour l’instant, CTOP dispose de deux unités de transformation d’une capacité de 10 000 tonnes chacune à Abidjan et à San Pedro. CTOP compte investir dans une nouvelle unité de broyage de cacao pour un investissement estimé à 25 milliards de F CFA, « déjà mobilisés sur fonds propres ». Parallèlement, le groupe familial s’active à la recherche d’un partenaire, capable de racheter cette masse broyée. Une étape indispensable pour écrire une nouvelle page de ce capitalisme familial à la sauce burkinabè.