Mgr Robert Barron : « J’aimerais voir les jeunes Français porter au monde l’héritage catholique de leur pays »
L’évêque de Winona-Rochester (États-Unis), Mgr Robert Barron, est intervenu devant les 40 000 participants Français aux Journées mondiales de la jeunesse, mardi 1er août. L’homme d’Église, très suivi sur les réseaux sociaux, confie sa surprise devant la ferveur de ces jeunes et les incite à revendiquer leur héritage spirituel.
La Croix : Vous êtes intervenu devant les participants français des Journées mondiales de la jeunesse. Quel regard portez-vous sur cette jeunesse catholique française ?
Mgr Robert Barron : À vrai dire, j’ai été très surpris ! J’ai été surpris de voir toute cette foule, alors que l’on connaît la désaffiliation de la France envers le catholicisme. De voir tous ces jeunes a été très inspirant pour moi ! Je me suis senti élevé, cela a été bon pour ma propre foi.
Je n’oserais pas trop comparer les jeunesses française et américaine. J’ai étudié en France il y a plus de trente ans, lorsque je faisais mon doctorat. Depuis les choses ont certainement évolué. Mon intuition est qu’il y a ce petit groupe de catholiques en France, très fervent, très enthousiaste et très concentré. En cela on peut rapprocher les jeunes Français et les jeunes Américains, même si la déchristianisation existe moins aux États-Unis.
Vous avez notamment évoqué le passé catholique de la France, ses cathédrales. Comment ce passé catholique peut-il inspirer les jeunes ?
R. B. : Simplement en prenant conscience du pouvoir de la tradition catholique en France, qui a façonné la culture française ! Cela peut inspirer les jeunes. On a vu les réactions suscitées par l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. En France, les gens n’ont pas seulement été touchés par la destruction d’un bel édifice ancien au cœur de l’une des plus grandes villes du monde. Notre-Dame, c’est l’héritage spirituel de la France, l’illustration d’une explosion de la spiritualité du XIIe au XVe siècle.
Quand je suis venu en France en 1989, j’ai dû visiter une quinzaine de fois cette cathédrale. Cela m’a bouleversé, moi jeune Américain. Alors je n’ose pas imaginer ce que cela représente pour les jeunes catholiques français. Ils doivent être fiers de cet héritage.
Vous les avez également exhortés à être missionnaires. Quel lien faites-vous entre un catholicisme du passé et l’envoi de tous ces jeunes dans le monde ?
R. B. : Nous, catholiques, ne nous cachons pas derrière des murs. L’Église est faite pour changer le monde. Mais pour le faire, il faut avoir un sens aigu de ce que nous sommes. Et quand vous savez qui vous êtes, vous allez dans le monde en portant quelque chose de puissant. Les gens deviennent sécularisés à tel point qu’ils perdent le sens de ce qu’ils sont.
Ce sens de l’identité et cet enthousiasme couplé à l’esprit missionnaire font ce que les JMJ sont, ce pour quoi elles ont été créées par Jean-Paul II. J’aimerais voir ces jeunes Français porter cet héritage spirituel et cette culture dans le monde.
Votre plateforme de podcasts « Word on Fire » est très suivie. La communication par les réseaux sociaux peut-elle attirer les jeunes vers l’Église ?
R. B. : Je pense qu’en ce moment, où tant de gens perdent la foi, la Providence a voulu que nous ayons ces outils. Il y a vingt ans, personne dans l’Église n’avait cette capacité de toucher l’ensemble de la planète comme nous le faisons aujourd’hui. Ce serait vraiment dommage que nous ne l’utilisions pas !
Le succès de mon travail montre qu’il y a une attente. Même chez les athées convaincus, il y a un intérêt pour la spiritualité. Ils viennent quand même ! Peut-être pour critiquer, peut-être pour se moquer, mais ils viennent. Donc je pense qu’il serait irresponsable de ne pas s’en servir.
Le problème dans le monde occidental, c’est que les gens pensent que l’Église est d’abord une autorité morale et qu’elle voit d’abord la morale sexuelle. Certes, elle est importante. Mais commençons par la grande vérité spirituelle du sens de la vie, du désir de l’âme pour Dieu. Partons des questions des gens, de leurs aspirations, pour ensuite aller vers le spirituel. Au final, nous parlerons de la morale et de ce qui nous est demandé. Mais en prenant ce chemin, on accepte la morale car on en comprend le sens.