Père Martin HAPPE Nouakchott, Noël 2014
Evêque de Nouakchott Tél. (+.222)45.25.04.27
B.P. 5377 - Nouakchott Fax (+.222)45.25.37.51
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C.C.P. La Source 39 539 54 S
« Je vous annonce une grande joie… »
Evangile de la Nuit de Noël
Chers amis,
Beaucoup parmi vous auront connu ça : une période de traversée du désert, une période où difficultés et malheurs s’accumulent, une période où on ne voit plus de perspective et plus d’avenir…
Le Diocèse de Nouakchott et son évêque ont eu à faire pendant plusieurs années l’expérience d’une telle traversée du désert : nous avons vu des prêtres, qui ont œuvré plus ou moins longtemps dans le diocèse nous quitter pour raison d’âge ou de maladie. D’autres, plus jeunes et plus vaillants, ont été rappelés par leurs supérieurs. Ceci a provoqué une telle pénurie de prêtres, que nous avons été obligés de fermer la paroisse de Zouérate dans le Nord du pays.
Chez les religieuses, ce n’était guère mieux : les pionnières, les Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition, qui avaient trois communautés dans le pays, ont dû se résoudre à passer le relais à d’autres congrégations à Nouadhibou et à Atar. Les Sœurs de Notre Dame d’Afrique, un moment donné, avaient également trois communautés; il en reste une. Même situation chez les Filles de la Charité : de trois communautés, elles ont dû en fermer deux ; une définitivement et une autre « provisoirement ». Les Sœurs Maristes (SMSM) ont du mettre la clef sous le paillasson à Rosso, où elles avaient été présentes et appréciées pendant 38 ans…
Les perspectives pour la présence de l’Eglise en Mauritanie étaient plutôt sombres et des prophètes de mauvais augure annonçaient déjà la fin prochaine du Diocèse de Nouakchott.
Qu’est-ce que nous avons fait, comment avons-nous réagi devant cette situation ?
En ce qui me concerne, je n’ai jamais douté que Jésus veut la présence de ses disciples en République Islamique de Mauritanie. Aussi ai-je pris le risque de le provoquer un peu !
Alors que le P. Bernard devait quitter Rosso pour raison d’âge et de maladie, alors que le départ des Sœurs étaient annoncé, alors que les supérieurs des Spiritains n’étaient pas sûr d’avoir quelqu’un pour remplacer le P. Bernard, j’ai mobilisé (avec le soutien du P. Bernard et des Sœurs) des bienfaiteurs en Italie et en Allemagne et nous avons investi 50.000 € dans la restauration de l’église de Rosso qui se trouve être la plus vieille église du pays, et ça à un moment où on ne pouvait pas prédire qui allait y prier …
Pas très raisonnable ? De la folie ? Plutôt une application de la parole de Jésus qui nous dit « si vous aviez de la foi grand comme une graine de moutarde, vous auriez dit au mûrier que voilà, ‘déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il l’aurait fait. » (Lc 17, 6) ?
Toujours est-il que :
· Le P. Bernard a été remplacé, d’abord pour une année par un P. Spiritain sénégalais qui a renoncé, à cause de cette situation, à une année sabbatique, puis par un jeune Spiritain qui pendant la période de sa formation avait effectué un stage pastoral en Mauritanie
· Le jour de la bénédiction de l’église de Rosso, le 24 février 2014, des délégations étaient venues de toutes les paroisses et missions du diocèse et même la mairie de Rosso a voulu être présente. L’heure de la célébration était fixée à 11.00 h. Vers 10.30 h, j’allais fermer mon ordinateur ; mais juste à ce moment-là arrivait un courriel que j’ai pris le temps de lire. C’était la Supérieure Générale des Filles du Saint Cœur de Marie, une congrégation sénégalaise, qui m’écrivait « après prières et mûre réflexion » le conseil général avait décidé de répondre à mon appel et de venir en Mauritanie, donc à Rosso ! Je n’ai pas pu résister et je suis sorti avec mon ordinateur pour saluer le Provincial des Spiritains qui arrivait à ce moment-là, pour lui partager la bonne nouvelle. Pas besoin de dire, que je l’ai annoncée également en début de célébration à tous ceux qui étaient venus. – Les sœurs ont tenu parole et le 1er novembre, elles ont intégré la maison des sœurs à Rosso.
· Les Sœurs de Saint Joseph ont trouvé en Inde deux jeunes sœurs pour remplacer deux autres sœurs qui nous quittent après de nombreuses années passées au service des pauvres en Mauritanie.
· Les Sœurs de Notre Dame d’Afrique ont reçu du renfort : trois jeunes sœurs sont venues rejoindre Sœur Kordula.
· Les Filles de la Charité ont également pu honorer leur promesse et rouvrir dans une banlieue de Nouakchott la maison qu’elles avaient fermée « provisoirement ».
· L’archevêque de Dakar nous a envoyé en octobre 2013 un jeune prêtre, l’abbé Edouard, qui a pris un engagement comme « prêtre fidei donum » pour un service de 4 ans (renouvelable une fois) dans le diocèse. En octobre 2014 a suivi l’abbé Brice qui a été envoyé en mission en Mauritanie par l’évêque de Ziguinchor, également avec un contrat de prêtre fidei donum.
· Pendant l’été, j’ai eu la visite d’un assistent général des Spiritains, qui m’a appris, que la mission en terre d’Islam avait été définie comme une de quatre priorités par leur dernier chapitre. Nous avons pu récolter le premier fruit de cette décision en accueillant la P. Pachel qui sert à Nouadhibou depuis début novembre.
· Et maintenant, cerise sur le gâteau : le 6 décembre dernier, veille de l’entrée du diocèse en année jubilaire pour ses 50 ans, nous avons eu la joie de célébrer la première ordination sacerdotale dans le Diocèse de Nouakchott. L’abbé Raymond Millimouno de nationalité guinéenne a effectué un stage de deux ans à Atar au cours de sa formation spiritaine, occasion pour lui d’attraper le « virus » de la Mauritanie et de demander son incardination dans le diocèse. Il a un jeune frère sénégalais qui a également commencé sa formation chez les P. Spiritains et qui est actuellement en 3° année de théologie à Sebikhotane près de Dakar où il se prépare pour un service de prêtre diocésain en Mauritanie.
Cette année plus encore que les autres années nous pourrons donc accueillir l’annonce de la grande joie pour tout le peuple, annonce faite par l’ange aux bergers de Bethléem, pas comme une « pieuse histoire », mais comme une réalité vécue aujourd’hui par l’Eglise de Jésus Christ qui est en Mauritanie.
Dans ce sens je souhaite à tous ceux qui liront ces lignes : Joyeux Noël et une Bonne Année !
Père Martin Happe
Evêque de Nouakchott
Ordination du père Raymond Millimouno
Il y a de cela quelques semaines, le Diocèse de Nouakchott a eu la joie de célébrer avec faste la cérémonie d’ordination de son premier prêtre en Mauritanie. C’était le Samedi 6 décembre
Le Père Raymond Elvis Faya Millimouno
2014. Cette cérémonie s’est tenue à la paroisse St Joseph de Nouakchott ; elle était présidée par Monseigneur Martin Happe entouré du Vicaire Général, le père Jean Louis Barrain, du curé de la paroisse abbé Joseph Diaw, ainsi que des curés de Rosso, d’Atar et de Kaédi. En un mot, toute la famille était au grand complet. Nous avons eu droit à des invités du Mali, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et même de Rome. C’est vous dire que l’occasion était grande. Les deux moments les plus intenses de la célébration furent, pour moi, celui de l’imposition des mains par Monseigneur suivi des prêtres présents à la cérémonie et celui de la litanie des saints.
Parmi les personnes absentes à la cérémonie, nous avons recueilli les sentiments du Père Victor, qui est présentement au Mali ; il nous a adressé une correspondance que nous allons vous livrer.
Courrier du père Victor
Bien chers tous
Quelques mois après la clôture du synode sur la famille et l’ouverture de l’année de la vie consacrée,
notre « famille diocésaine » reçoit de Dieu la grâce de vivre des moments qui resteront à jamais dans l’histoire aussi bien de ce pays que de son Eglise.
Il s’agit de l’ordination du premier prêtre en terre mauritanienne et de l’ouverture du jubilé d’or du diocèse de Nouakchott.
Comment ne pas exulter de joie en Dieu durant de pareilles circonstances et Lui exprimer toute notre reconnaissance ?
Heureux les yeux qui verront ce que vous verrez durant ce week-end ! En effet beaucoup de ceux qui sont passés en Mauritanie auraient aimé voir ce que vous verrez et ne l’ont pas vu ; entendre ce que vous entendrez et ne l’ont pas entendu (cf10, 23-24). Estimez-vous privilégiés vous qui avez la grâce de vivre de très près ces moments. Que ce soit aussi pour nous tous l’occasion d’une pensée pieuse pour les pionniers qui avec abnégation ont porté, et entretenu le flambeau de la foi dans un climat de dialogue et de respect avec les fils de la Mauritanie, nous permettant ainsi de voir ces temps de grâce qui en partie restent le fruit de leur labeur. En ces jours de joie je pense à tous ces hommes et c es femmes laïcs qui se sont distingués par leur bon sens de la famille ecclésiale et qui nous ont quittés. Je pense aussi aux consacrés qui se sont donnés avec hardiesse dans ce pays de mission. Certains parmi eux encore vivants portent sur leur corps les séquelles de leur séjour (Paul GRASSEUR et René PREVOT), d’autres nous ont précédés à la Maison du Père Eternel. Pour ma part, je ne cesse de penser à tout ce monde en particulier au Père Jacques MEUGNOT et surtout Yves LESTEVEN. J’ose croire que du haut du ciel ils exultent de joie avec nous. Dieu nous donne la grâce de vivre de près ou de loin ces moments, réjouissons-nous sans oublier d’en faire le pivot d’un nouvel élan dans notre mission de témoignage. Tous nous sommes membres de la même Famille-Eglise, appelée à être modèle à travers des relations de communion, de fraternité et de conversion et non à être un cercle de tension où chacun cherche à se construire une renommée fut-ce en éclaboussant le prochain. Tous nous sommes consacrés pour porter avec le Christ-Jésus « la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer la libération aux captifs, porter la lumière aux aveugles ; libérer ceux qui sont écrasés, et proclamer une année de grâce de la part du Seigneur. » (Lc4,18-1.)
Bien chers, par ce message, je viens vous assurer que même absent, mon cœur et ma pensée sont orientés vers Nouakchott en ces jours, et je reste en communion profonde avec chacune et chacun.
Puisse la Vierge Marie Notre Dame de Mauritanie vous accompagner afin de vous aider à vivre profondément ces jours de grâce et d’en recueillir les fruits.
Bonne Fête à tous
Salutations fraternelles
Père Victor Ndione
Témoignage du père Raymond Millimouno
Je viens d’entrer à jamais dans l’ordre des prêtres. Cet événement reste très important pour moi et pour chacun des membres de l’Eglise-famille de Dieu en Mauritanie. Expressions d’amitié, soutiens spirituels, matériels et moraux, encouragements et félicitations, m’ont convoyé avant, pendant et après les événements.
Cette cérémonie s’est gravée dans la mémoire des gens car en devenant le premier prêtre ordonné en Mauritanie, non seulement je suis entré dans l’histoire du diocèse mais aussi dans celui de toute la Mauritanie. Il me semble qu’il faut s’en réjouir et rendre grâce à Dieu.
Les hauts et les bas qui ont jalonné mon parcours ne seront jamais oubliés, mais l’heure est au dépassement et au relèvement de nouveaux défis. Malgré les tumultes, je voudrais orienter ma vie et ne l’orienter que sur le Seigneur. Les humains peuvent être faux mais Lui Il est vrai ; les humains peuvent être méchants mais Lui Il est bon ; les humains peuvent être hypocrites mais Lui Il est juste........ Il nous connait tous et sait tout. Un Jour nous aurons tous à Lui rendre compte.
Rien n’est facile je le sais, mais en allant quotidiennement puiser mes forces aux Sources de la vie, en restant attaché à Jésus tel un sarment à sa vigne, Il bénira mes efforts, j’en suis persuadé. Car je me rappelle qu’Il me dit à tout instant : « ma grâce te suffit ». (Tiré des conseils d’un aîné).
Pour moi, la vocation se manifeste comme un attrait, le désir ardent et agréable de se donner à Dieu. Je reconnais aujourd’hui que le Seigneur m’a attiré à Lui, de façon irrésistible et inattendue. C’est pourquoi, je consacrerai toute ma vie et ma personne dans ce diocèse de Nouakchott, au service de mes frères et sœurs dont les besoins spirituels et matériels sont de plus en plus grands.
Merci à tous et à toutes pour le soutien.
Père Raymond Millimouno
A la vue de l’étoile, ils furent remplis de joie.
Cet épisode de l’Evangile de Matthieu a toujours enchanté mon enfance. Dans la crèche, préparée à l’avance, on plaçait ces trois personnages mystérieux, montés sur des chameaux qu’on avançait chaque jour un peu plus jusqu’à ce qu’ils atteignent le berceau de l’enfant.
Papa et maman nous expliquaient que c’étaient des mages venus d’Orient ; ils avaient de drôles noms, des noms qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre : Gaspar, Melchior et Balthazar. Ils venaient de pays lointain, des trois continents : L’Afrique, l’Asie et l’Europe. Ils avaient vu une belle étoile, plus brillante que les autres ; c’était le signe qu’un personnage important, un roi, venait de naître ; cette brillante étoile leur indiquait une route à prendre ; alors ils étaient partis avec beaucoup de cadeaux pour offrir à ce roi qui venait de naître.
La route était semée d’embuches ; un jour ils avaient même perdu de vue cette étoile qui les guidait. Alors, arrivés à Jérusalem, ils ont demandé leur chemin au roi Hérode : « Où habite le roi des juifs qui vient de naître ? » Celui-ci, effrayé d’apprendre qu’il avait un concurrent, a vite convoqué les savants de Jérusalem qui ont répondu : à Bethléem. Et les voilà repartis, tout joyeux. L’étoile s’arrête au- dessus d’une étable ; Ils arrivent enfin et découvrent que ce petit enfant, c’est un grand roi, c’est Dieu lui-même venu habiter parmi nous. Alors ils se prosternent, ils offrent leurs cadeaux, des cadeaux de rois. Et puis ils repartent, avec au cœur la joie d’être arrivés au but, d’avoir rencontrés cet homme-Dieu que le monde attend.
L’aventure des rois mages, c’est aussi la nôtre. Un jour Dieu nous fait signe : une rencontre qui nous touche, un événement qui nous bouscule , un désir intérieur qui nous bouleverse ; c’est comme une étoile qui nous invite à sortir de nos petites habitudes, à aller plus loin, à l’aventure sans bien savoir où l’on va, mais avec au cœur la confiance en ce Dieu qui nous appelle. Le plus dur est de faire le premier pas : nous sommes enfoncés dans nos ornières, engoncés dans nos petites habitudes, nous avons peur de sortir de nous-mêmes, de nos maisons : nous n’osons pas. Mais une fois engagés sur le chemin, nous nous sentons plus légers, nous découvrons une joie nouvelle, celle de sentir que c’est Dieu qui nous conduit à la rencontre de Jésus. Il nous suffit de marcher, marcher, guidés par ce Dieu en qui nous avons mis notre confiance. Il peut nous arriver d’avoir envie de nous arrêter, il peut nous arriver de nous égarer sur le chemin ; il peut même nous arriver que notre étoile disparaisse : nous avons l’impression que Dieu nous a oubliés, abandonnés. Il nous faudra alors consulter ces savants qui nous parlent du livre des Ecritures : car c’est la Parole de Dieu qui nous remettra sur la route. Et ce n’est pas la peine de nous encombrer de cadeaux à offrir ; ce que Dieu attend de nous, c’est notre amour, un amour confiant, un amour généreux, tout entier tourné vers les autres, ce que Dieu attend de nous c’est de lui offrir notre vie.
Et quand nous verrons l’étoile briller au loin, quand nous toucherons le but, notre cœur sera dans la joie, la joie de Noël, la joie d’une renaissance avec Jésus.
Père Maurice