L’explosion de la religion

9782227487413Il n’est pas nécessaire de présenter l’auteur qui, à l’âge de 91 ans, arrive encore à nous donner un essai sur le monde actuel et son avenir. Prêtre, psychanalyste, théologien et philosophe … son essai n’est malgré tout pas facile à lire. Au premier abord, on pourra le penser très critique et plutôt négatif quant à l’évolution du monde actuel. Nous sommes dans un monde privé de vision et d’absolu (p.12) tandis que « la religion s’est rétrécie dans l’étroitesse de quelques croyances pour se fixer dans ses maximes et ses institutions. » (p. 19). Faudrait-il donc être désabusé ? Non, réplique notre auteur qui fait tout de suite état d’un nouveau qui advient et que nous ne connaissons pas (p.14 & 22) mais qui sera le fruit d’une explosion comme la semence sort de la plante ou la graine de l’arbre (p.24)

Pour lui, il nous faut donc être ouvert à ce renouveau qui surgira, mais que l’on ne connait pas et qu’on ne peut imaginer. Ce sera une certaine fin non seulement de l’humanité moderne mais aussi d’une certaine figure de la religion chrétienne (p.28). Explosion donc mais surtout passage vers un nouveau commencement (p.49) qui nous demandera pour ainsi dire de « risquer la traversée ». Tout ceci est comme un défi car il s’agirait « d’accepter de se faire création, lors même que manquent les plans et les outils » (p.64). Néanmoins toute cette transformation/explosion ne se fera pas à partir de rien car il restera toujours l’amour et la tendresse qui se confronteront au savoir scientifique (p.103-110)

On arrivera ainsi à une conception de la vie toujours en renouvellement : « La vie enfin donnée et conquise est ce mouvement créateur qui se réitère sans cesse, sans jamais se résigner, toujours capable de tout reprendre au principe, dans cette répétition de l’acte fondateur qui est la nouveauté elle-même. » (p.95). Alors, ce qu’il faut conclut l’auteur, « c’est changer l’homme. Ce qui importe, c’est quel type d’homme peut aujourd’hui s’annoncer ? » (p.145) Et pour conclure dans une formule un peu lapidaire, il écrit : « Tout est à sauver, tout est à créer. » (p.150)

Un livre difficile mais décapant. Ce n’est qu’un essai ; c’est donc au lecteur de se forger une idée à partir de tous ces chercheurs qui réfléchissent à l’état du monde actuel. Nous pensons entre autres à l’essai de Luc Ferry : « L’innovation destructrice » (Champs actuels 2014). Gilles Mathorel

« L’explosion de la religion » Maurice BELLET. Bayard 2014 – 151 pages – 15€

 

« le Pape, l’imam et le rabbin » / entretiens avec Antonio Spadaro

9782227488083 le pape, l´imam et le rabbinEn 2014, le Pape François entamait un voyage en Terre Sainte, accompagné de deux de ses amis Argentins : Le Professeur Omar Abboud et le Rabbin Abraham Skorka. Après ce voyage, le Père Antonio Spadaro les a tous les deux interviewés, mais séparément. Celle du professeur Omar ne fait que 45 pages tandis que du rabbin Skorka en fait près de 100. Le livre se conclut par quelques textes de discours du Pape François durant son voyage. De son côté, le Père Gianpaolo Salvini fait un récit très succinct des événements de ce voyage.

Ce livre est donc fait de documents bien disparates et manquerait d’unité si ce n’est celle de la rencontre en Terre Sainte. Mais, si on y cherche des éclairages sur le dialogue interreligieux, on risque d’être déçu. Il semble n’y avoir que deux axes principaux : d’un côté la recherche d’une paix concrète entre les musulmans, juifs et chrétiens de Terre Sainte ; de l’autre une mise en valeur de la personnalité du Pape François vue à travers les yeux de ses deux très bons amis. Néanmoins, comme le dit la couverture du livre, ces textes seront aussi l’occasion de goûter la sagesse juive et musulmane telle qu’elle peut se manifester dans la rencontre de ces 3 personnages d’exception.

On pourra apprécier l’honnêteté du Professeur Omar quand il souligne que, pour lui « le plus grand défi ne consiste pas à s’asseoir avec ceux qui ont une religion différente, mais à convaincre ceux dont on partage la foi. » (p.44). Concernant l’étreinte que ces trois leaders se sont données devant le Mur des Lamentations, il en parle en ces mots : « Notre geste fraternel a plus de valeurs aujourd’hui qu’au moment où il a eu lieu. Il a marqué l’imaginaire. Notre geste, qui a aussi été un symbole, désigne un autre chemin, une autre dimension. Là, nous étions trois amis. » (p.51). Enfin, nous pourrons nous retrouver dans cette description du dialogue entre les religions qu’il présente comme « une voie pour définir des valeurs et faire en sorte qu’elle donne lieu à une culture qui améliore la condition des hommes. » (p.73). Le Rabbin Skorka apparaît dans son témoignage comme un homme très religieux et très cultivé, très au fait des réalités chrétiennes. Son interview a reçu le titre : « Aucune religion n’est une île. » Par son témoignage, on sera amené à jeter un autre regard sur la religion juive d’où les chrétiens sont issus. Au cours de cet entretien, il évoque quelques réalités du passé dans le face à face judéo-chrétien. Mais c’est peut-être parce qu’il a une grande admiration pour le Pape François qu’il n’aborde aucun des sujets épineux qui pourraient surgir dans les rencontres judéo-chrétiennes.

Tout lecteur ressortira enrichi de la lecture de ce livre par ce contact honnête avec nos deux amis du Pape François. Il apprendra ainsi à mieux découvrir la profondeur des autres religions. Ce sont là les premiers pas vers une paix inter-religieuse. Gilles Mathorel

 « Le Pape, l’Imam et le Rabbin » . Entretiens avec Antonio Spadaro /Bayard 2015 – 220 pages – 19.90€

 

Père Francis Nolan, P.B.

Les Pères Blancs
entre les deux guerres mondiales
Histoire des Missionnaires d'Afrique
(1919-1939)


Edition Karthala- 432 pages 32 €
Hauteur 240 mm Largeur 160 mm
Date de publication 2015

ISBN 9782811114084
Traduit de l'anglais par Raphaël Deillon, M.Afr.

Collection Mémoires d'Eglises
dirigée par Paul Coulon

Cet ouvrage continue l’histoire de la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), commencée dans deux livres précédents de cette collection – ceux de Jean-Claude Ceillier et d’Aylward Shorter – pour la période allant de 1919 à 1939. Fondée en 1868 par Mgr Lavigerie, la Société a concentré toutes ses activités missionnaires sur le continent africain, à part un seul poste à Jérusalem. En Afrique subsaharienne, les missionnaires sont arrivés avant la domination politique européenne sur le continent. Mais, entre les deux guerres, la Mission s’est développée dans le cadre du système colonial français, belge et britannique.

Le but premier du missionnaire était religieux. Il ne s’agissait pas d’enseigner quelques formules et de baptiser, mais d’infuser chez le nouveau chrétien une foi profonde et un style de vie à l’imitation du Christ. L’influence de la Mission débordait largement sur la société africaine. Chaque poste de mission consistait en une organisation complexe de communautés de vie, administrée par les Pères, avec souvent un ou plusieurs Frères chargés des choses matérielles, un couvent de Soeurs et une équipe de catéchistes.

Entre les deux guerres, les Pères Blancs ont travaillé dans de nombreux pays, en partant d’Alger, au Nord du continent, jusqu’au Malawi sous l’équateur. Bien qu’ils aient reçu la même formation, ils ont su adapter leurs méthodes d’approche aux circonstances de chaque vicariat. À chaque région sa particularité, dessinée par le contexte.

C’est là l’histoire d’une seule société missionnaire, et comme il est impossible de tout dire, cette histoire est relativement partielle. Il reste encore une abondance d’informations et de documentation pour d’autres historiens désireux de poursuivre cette étude.

32 Euros dans le commerce
20 Euros pour les confrères soit à Paris Friant, soit à Rome M.G.
Des exemplaires ont été envoyées à toutes les maisons de formation

Francis Nolan, né en Angleterre en 1934, fait partie des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Ordonné prêtre en 1958 après des études en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Maîtrise en histoire (Oxford). Maîtrise en Études africaines (Université du Sussex). Doctorat en histoire à Cambridge avec une thèse sur le christianisme en Tanzanie. Après plusieurs années d’enseignement au Royaume-Uni et en Tanzanie, il a passé vingt-quatre ans au service de plusieurs paroisses rurales de ce dernier pays. Il est actuellement dans une paroisse de Dar es Salaam.