Le Mali est loin d'être sorti de la crise, et les forces de l'ONU ont du mal à maîtriser la situation. (site de Jeune Afrique)

Mali : cinq Casques bleus togolais tués dans une attaque

29 mai 2016 à 16h14 — Mis à jour le 30 mai 2016 à 08h51
Par AFP
 
 

Cinq Casques bleus ont été tués dimanche dans une embuscade "terroriste" dans le centre du Mali, une première dans cette région, alors que le pays connaît depuis une dizaine de jours une recrudescence des attaques meurtrières contre l'armée et les soldats de l'ONU.

Ce nouvel attentat contre la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) n’a pas été revendiqué.

La Minusma n’a pas spécifié immédiatement la nationalité des Casques bleus attaqués. Une source policière malienne a déclaré qu’il s’agissait de Togolais.

« Les Casques bleus togolais étaient en mission de paix dans le secteur où les agriculteurs et les éleveurs se sont récemment affrontés », a déclaré cette source, contactée par téléphone à Mopti depuis Bamako.

La mission de l’ONU a annoncé dans un communiqué qu’une attaque « terroriste » avait eu lieu dimanche vers 11h00 (heure locale et GMT) contre « un convoi de la force de la Minusma, pris dans une embuscade à 30 kilomètres à l’ouest de Sévaré », une ville située dans la région de Mopti.

« Selon les informations préliminaires, cinq Casques bleus ont été tués. Un autre a été grièvement blessé et son évacuation médicale est en cours », a ajouté la mission dans un communiqué.

Cette attaque survient quelques jours seulement après la mort vendredi de cinq soldats maliens, tués dans l’explosion d’une mine au passage de leurs véhicules entre les localités d’Ansongo et d’Indelimane, dans le nord du Mali, selon l’armée.

Et cinq Casques bleus tchadiens avaient déjà été tués le 18 mai, dans une autre embuscade au nord d’Aguelhoc, dans le nord-est du Mali. L’attaque avait été revendiquée par un cadre du groupe jihadiste malien Ansar Dine, allié à Al-Qaïda et qui a contrôlé le vaste nord du Mali pendant près de dix mois, entre 2012 et janvier 2013.

Mahamat Saleh Annadif, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de la Minusma, a condamné l’attentat de dimanche.

« Acte odieux de terrorisme »

« Je condamne avec la plus grande vigueur ce crime abject qui s’ajoute aux autres actes terroristes qui ont ciblé nos soldats de la paix et qui constituent des crimes contre l’humanité au regard du droit international », a déclaré M. Annadif.

« Cet acte odieux de terrorisme est d’autant plus révoltant qu’il a été perpétré durant la journée internationale des Casques bleus », a-t-il souligné.

Il a appelé à « déployer tous les efforts possibles pour identifier les responsables de ces crimes odieux ».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi condamné l’attentat, a rapporté son porte-parole dans un communiqué prenant en compte les informations selon laquelle les Casques bleus visés étaient togolais.

« Le secrétaire général présente ses sincères condoléances aux familles des cinq Casques bleus qui sont morts pour la cause de la paix, ainsi qu’au gouvernement et au peuple du Togo », indique le communiqué. « Il appelle à une action rapide pour traduire les auteurs de ce crime devant la justice », ajoute le texte.

C’est la première fois que des Casques bleus de la Minusma sont tués dans le centre du Mali, une zone où est basé le Front de libération du Macina (FLM), un groupe apparu début 2015 et dirigé par le prédicateur radical malien Amadou Koufa, un Peul.

Le FLM est allié à Ansar Dine. Ces deux groupes revendiquent régulièrement des attaques dans le Nord et le centre du Mali.

Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est celle qui connait le plus fort taux de mortalité de toutes les actuelles missions de maintien de la paix de l’ONU, en nombre par rapport à l’effectif de plus de 10.300 militaires et policiers.

Le Nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit depuis.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.

Voir aussi :

  • Mali : 5 soldats tués et 4 blessés dans l’explosion d’une mine

    28 mai 2016 à 00h13 — Mis à jour le 28 mai 2016 à 11h25
    Par AFP
     
     

    Cinq soldats maliens ont été tués et quatre blessés vendredi dans le nord du Mali par l'explosion d'une mine au passage de leurs deux véhicules, a annoncé l'armée malienne.

    « Deux véhicules des Forces armées maliennes ont sauté sur un engin explosif improvisé, occasionnant la mort de cinq militaires maliens et en blessant quatre autres » entre les localités d’Ansongo et d’Indelimane, a indiqué la Direction des relations publiques de l’armée (Dirpa) dans un communiqué.

    Le gouvernement « rassure que tout sera mis en oeuvre pour démasquer et traduire les poseurs de mines devant les tribunaux », poursuit la Dirpa.

    Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

    Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

    Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.

  • Le Burkina Faso pourrait retirer ses troupes du Darfour pour faire face à la menace terroriste

    13 mai 2016 à 14h03
    Par Jeune Afrique avec AFP
     
     

    Le contingent de 850 Burkinabè déployés par Ouagadougou au sein des Casques bleus au Darfour va-t-il être rapatrié ? Si rien n'est encore tranché, cette option est sérieusement envisagée par le Burkina Faso.


    « Nous envisageons effectivement de retirer notre contingent au Darfour. C’est un projet qui est en cours, il est soumis aux autorités politiques », a déclaré jeudi 12 mai à Ouagadougou le général Pingrenoma Zagré, chef d’état-major général des armées.

    En cause, la menace terroriste à laquelle est exposée le Burkina Faso. Le 15 janvier dernier, la capitale burkinabè était en effet la cible de plusieurs attaques sanglantes, perpétrées contre l'hôtel Splendid et les bars Taxi Brousse et Cappuccino. Ces attentats revendiqués par Aqmi, les premiers contre le pays, avaient fait trente morts.

    « L’environnement sécuritaire a complètement changé »

    Un contexte sécuritaire qui explique donc la réflexion engagée par le Burkina. « Il y a huit ans, lorsque nous déployions notre premier contingent au Darfour (…) nous avions une situation dans la bande sahélo-saharienne qui était satisfaisante. Aujourd’hui l’environnement sécuritaire a complètement changé et nous subissons sur notre propre sol des attaques terroristes qui nous obligent à redéfinir nos priorités en matière sécuritaire ».

    Pour l’heure, aucune date n’a été fixée pour le retrait des froces militaires burkinabè du Darfour. La décision définitive revient au chef suprême des armées, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré.