Côte d’Ivoire: crise au quotidien «Fraternité matin»

Les rotatives de Fraternité Matin.
© © Camille Millerand
 

Du remue-ménage au quotidien Fraternité matin. Le journal ivoirien a connu un court mouvement de grève en début de semaine de la part de ses salariés. La cause : un plan de redressement du journal chroniquement déficitaire avec en perspective un allégement de la masse salariale.

Cela fait des années, selon sa direction, que le quotidien Fraternité matin, appelé communément « Frat Mat », traîne une dette dont le journal n’arrive pas à se départir. Aussi, l’Etat, propriétaire du journal, a-t-il décidé de passer une dernière fois l’éponge, mais en demandant des garanties quant à une réforme de l’entreprise.

« Figurez-vous que les salaires représentent 57% du chiffre d’affaires. C’est totalement aberrant. Dans le plan social, il y a un volet formation, conversion des uns et des autres. Il y a des métiers qui vont disparaître et des nouveaux vont se créer. Aujourd’hui, on est obligés d’aller vers le numérique. Mais on va s’asseoir avec les syndicats, avec l’inspection du travail, avec le ministère. Et puis on va définir les critères », explique Venance Konan, le directeur du journal.

 

Des journalistes en doublon

Pour les syndicats, qui admettent que la situation est préoccupante, la direction a sa part de responsabilité dans la mauvaise gestion de l’entreprise dans le recrutement de journalistes qui font doublon avec une équipe précédente déjà établie. Au total, il y a 324 employés, y compris pour l’administratif ou le département imprimerie. C’est beaucoup pour un secteur de l’édition qui n’est pas florissant en Côte d’Ivoire.

« Il faut qu’ils mettent le plan sur la table, que tout le monde sache ce qu’il y a dedans pour que les meilleurs choix soient pris et qu’on ne fasse pas encore du replâtrage et qu’on se retrouve dans quatre, cinq ans, en train d’être obligés encore de remettre des milliards dans une affaire qui est simplement un trou sans fond », estime Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI).

Les représentants du personnel doivent être reçus d’ici la fin de la semaine par le ministère de tutelle à la Communication. « Frat Mat » est donc aujourd'hui clairement un journal en crise, dans un pays qui lit de moins en moins la presse, alors qu’on n’y compte pas moins de 21 publications quotidiennes.