Nous vous proposons une réaction de M. François B. TRAORE par rapport à l’organisation d’une course cycliste du coton au Burkina Faso. Le jeudi 11 mai 2007, nous avons fixé le prix du coton au Burkina Faso en tenant compte des cours du marché mondial et de la parité euro – dollar. Ce prix a été fixé à 145 F CFA le kilogramme de coton graine au producteur, contre 165 F CFA en 2006 – 2007, 175 F CFA en 2005 – 2006 et 210 F CFA en 2004 – 2005 ; avec une augmentation considérable du prix des intrants. Pendant ces jours de sérieuses discussions pour trouver ce prix, j’ai écouté sur RFI une publicité sur la boucle du coton au Burkina Faso. Je trouve qu’il est aberrant, en ces moments-ci, de tenir une course cycliste destinée à encourager les producteurs de coton. Pour cette fois-ci, en tant que Président des producteurs de coton du Burkina, je dis NON ! Pour signifier notre refus, d’autres méthodes auraient pu être qu’au nom de notre profession, nous décidions, dans des manifestations, de barrer la route à ces cyclistes pour leur montrer que nous ne sommes pas contents. Comme je suis partisan de la Non Violence et qu’avec des personnes mécontentes, comme c’est le cas des producteurs de coton maintenant, ce genre de manifestation pourrait dégénérer, surtout que les manifestations, c’est quand il y a eu des morts qu’on en parle le plus, je ne suis pas partisan de cela. Nous, les membres du bureau de l’UNPC B, nous sommes depuis 2004 comme une galette qui brûle des deux faces. Quand nous participons à la réunion pour la fixation du prix, avec les autres partenaires de la filière cotonnière du Burkina (réunion que je préside et qui répond aux règles démocratiques), nous faisons tout notre possible pour avoir le maximum du prix au producteur. Malgré ce maximum, les producteurs ont toujours critiqué ce prix car ils pensent que les labeurs mis dans le coton ne sont pas bien payés. Ce mécontentement a toujours fait les gorges chaudes des médias et même de certains de la société civile qui ne s’y connaissent forcément pas en coton et pensent soutenir les producteurs de coton. Ils se plaisent à dire que les producteurs de coton peuvent mieux obtenir.
Ce qui est moins connu, c’est que depuis 2004 jusqu’à maintenant, après chaque fixation de prix, étant le Président des producteurs de coton et de l’interprofession, j’ai toujours eu à m’expliquer devant les partenaires au développement (FMI, BM, AFD, UE). Ils ont toujours trouvé que les prix fixés étaient trop élevés par rapport au marché mondial. Cette pression pour nous conformer à la réalité des prix nous a amené à adopter une méthode qui tient compte du marché mondial. Comme les subventions au coton et la parité Euro – Dollar continuent à polluer le commerce du coton, le prix cette année est de 145 F CFA le kilogramme de coton graine chez le producteur ; avec le prix de l’engrais qui a augmenté, il y a un effet ciseaux. Les producteurs qui tiennent à leur coton, parce qu’ils en ont vu les bienfaits, sont dans l’embarras : grâce au coton, ils ont des céréales ; avec le coton, ils réalisent le développement dans leur famille et donnent de l’emploi aux jeunes. Après avoir analyser la situation, cette réalité les oblige tout de même à se maintenir dans la culture du coton. Cela, même si après notre appel pour soutenir les filières africaines, ces dernières n’ont constaté aucune amélioration dans leurs assiettes. Au Burkina Faso, les gens qui achètent les céréales (produites à 80% par les producteurs de coton) ne savent pas que c’est grâce au coton que l’on arrive à produire ces denrées alimentaires car c’est un système lié. Nous, les membres du bureau, subissons les reproches de toutes ces personnes et particulièrement des producteurs qui disent que le prix n’a jamais été au maximum pour eux (ils ont le droit de revendiquer) alors que nous, membres du bureau, avons toujours été fermes avec les sociétés cotonnières pour arracher ce prix. Sans oublier que je suis obligé de répondre devant les partenaires au développement qui, les années passées, trouvaient à chaque fois le prix exagéré. Comme nous sommes toujours les défenseurs des producteurs, nous sommes obligés d’être cette galette qui brûle. Mais je demande aux organisateurs de cette course du coton d’arrêter. En cette période où nous nous expliquons avec difficulté… Nous ne sommes pas dans la joie ! Et si cette manifestation a pour but de nous encourager, le courage, nous en avons, c’est de quoi vivre que nous cherchons et ce, de toute notre force. Docteur François B. TRAORE Chevalier de l’Ordre National du Mérite Président de l’UNPC B |