Togo: trois directeurs de publication
entendus par les autorités

La police anti-émeutes à Lomé le 8 septembre 2017 lors des manifestations de l'opposition pour réclamer la démission du président Faure Gnassingbe.
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Les directeurs de publication des journaux togolais Liberté et Triangle des enjeux ont été entendus ce jeudi 5 avril par les services de renseignements et d'investigation de la gendarmerie nationale de Lomé. Ils ont ensuite été relâchés. Ces convocations font suite à la publication, en février, d'un rapport sur la répression des manifestations au Togo.

Médard Amétépé et Jérôme Sossou, respectivement directeurs de publication de Liberté et du Triangle des enjeux sont retournés libres chez eux ce jeudi, après un peu plus d’une heure d’interrogatoire pour le premier et une trentaine de minutes pour le second.

Selon les deux directeurs de publication, les gendarmes du service de renseignements et d’investigation veulent connaître les raisons pour lesquelles leurs organes respectifs ont publié le rapport conjoint du Réseau des jeunes Africains pour la démocratie et le développement et le Réseau africain pour les initiatives des droits de l’homme et la solidarité.

Le gouvernement a fondamentalement rejeté les allégations de ce rapport et averti qu’il se réservait le droit de donner une suite judiciaire au moment opportun au contenu du document.

Le président du Rejadd arrêté

Assiba Johnson, président du Rejadd (Regroupement des jeunes Africains pour la démocratie et le développement) et co-signataire de ce rapport, est en garde à vue depuis mercredi pour « propagation de fausses nouvelles », « outrage aux autorités » et « appel au génocide ». Le bureau de son association perquisitionné

Pour son avocat Me Claude Amégan, tout est parti de la publication en février dernier d'un rapport sur la répression des manifestations par les forces de sécurité togolaises. Le texte fait état de « plus de 100 morts entre le 19 août 2017 et le 20 janvier 2018 ». Photos à l'appui, ses auteurs dénoncent des décès par balles, des passages à tabac, des milliers d'arrestations, d'enlèvements et de disparitions.

Je crois que pour un tel rapport on ne doit pas intimider les défenseurs des droits de l'homme. On doit pouvoir garantir la liberté des gens de faire leur travail comme cela se doit.
Me Claude Amégan, avocat d'Assiba Johnson
06-04-2018 - Par RFI
 

Enquête préliminaire

Il ne s'agit que d'une enquête préliminaire. Un travail qui « avait vocation à se poursuivre », précise Me Claude Amégan. Pour lui, l'arrestation d'Assiba Johnson peut être interprétée comme une tentative d'intimidation.

Le président du Rejadd s'attendait à être arrêté. « Il s'était plaint de filatures, de menaces et d'appels anonymes » après la publication du rapport, poursuit l'avocat. L'autre signataire, la présidente du Réseau africain pour les initiatives de droits de l'homme et de solidarité, Afiavi Kafui Doh-Egueli, n'a pas été arrêtée.

Un troisième directeur de publication doit être entendu par les services de renseignement et d'investigation de la gendarmerie de Lomé ce vendredi 6 avril. Il s'agit d'Abi Alfa, le directeur du journal togolais Le Rendez-Vous.