Tchad: le Parlement adopte le projet
de nouvelle Constitution
Le Tchad va désormais entrer dans une IVe République. Le Parlement a adopté, ce lundi 30 avril, le projet de nouvelle Constitution. L'opposition est vent debout contre ce texte qui acte le passage à un régime présidentiel intégral avec, notamment, la suppression du poste de Premier ministre ou encore l'allongement du mandat du chef de l'Etat. C'est dans un contexte tendu que s'est déroulé le vote. Le quartier du Parlement à Ndjamena était totalement bouclé alors que l'opposition avait appelé à manifester.
C’est par 132 voix pour et 2 contre, que le projet de modification constitutionnel a été adopté par un Parlement, quadrillé à l'extérieur par les forces de l’ordre. Ces dernières ont aussi jalonné l’avenue menant au Palais de la démocratie, siège de l’Assemblée nationale.
A chaque lieu était posté un véhicule de police ou de gendarmerie pour dissuader toute manifestation, l’opposition ayant appelé la population à sortir pour faire pression sur les parlementaires à ne pas voter le projet.
L’opposant Mahamat Ahmat Alhabo qui a essayé d’entrer dans l’hémicycle a été expulsé. Au bout de sept heures de délibéré marquées par une longue lecture du rapport de la Commission et des débats allant tous dans le même sens, les députés ont adopté le projet de Constitution non sans avoir fait sauter la limitation du nombre de mandats des députés que le gouvernement voulait instaurer.
La camp présidentiel regarde à l'horizon des élections
Le député de l’opposition, Clément Djimet Bagaou, et son collègue du Parti pour les libertés et le développement (PLD), Ousman Chérif, ont décidé, contrairement à leurs collègues, de participer à la séance et voté « non » « au nom de l'Histoire », disent-ils. « La réforme est profonde, a dit le premier, c'est l'ensemble de notre loi fondamentale qui est révisé. Mais nous optons pour l'adoption par la voie parlementaire, et ça ce n'est pas du tout sérieux. Je sais que cela va être voté, mais c'est pour ne pas être incapables, demain, de témoigner à mes enfants, à mes petits-fils. Nous avons souhaité que ce soit le peuple tchadien, dans son ensemble qui se prononce. »
L'opposition dénonce la mise en place d'un « régime présidentiel intégral » très favorable à Idriss Déby, le chef de l'état tchadien. Mahamat Saleh Maki, président du Parti pour l'unité et la reconstruction (PUR), parti d'opposition parlementaire, lui, va plus loin. « Il a les pleins pouvoirs, c'est voté, c'est terminé. Je ne vois que ce que quelqu'un d'autre puisse faire. Tout a été fait en un éclair. Nous ne savons même pas ce qui brûle pour une telle urgence. On aurait souhaité que cela puisse passer par référendum. On aurait aimé aussi qu'il y ait un large débat au niveau politique, que l'on aille vers la population. Mais hélas, nous n'avons pas été écoutés », regrette-t-il, amer. Pour Saleh Maki, cette réforme sera donc « difficilement applicable. Ce n'est pas facile d'avoir tous les pouvoirs entre les mains d'une seule personne. Je crois qu'il serait très difficile de gérer un pays comme Tchad tout seul. »
En attendant, dans le camp du pouvoir où l'ambiance était à la fête, on regarde avec déjà vers l'avenir et les prochaines élections. « Tout en félicitant le peuple tchadien pour son aspiration au progrès, la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale lui exprime son admiration et l'invite à demeurer mobilisé derrière le président de la République afin de relever tous les défis à venir », a harrangué le président du groupe parlementaire MPS, le député Ali Kolotou Tchaïmi.
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