Si
rien n’est fait, Il y a deux jours, dans le magasin CORAM de Koudougou, une dame m’a demandé : "Mais, mon Père, comment est-il possible que le litre d’huile ait pu augmenter de 800 à 1200 francs en quelques mois ?" Voilà une bonne question ! La montée des prix agricoles (céréales, lait, huile,…) est vertigineuse et mondiale. En voici les trois raisons principales :
1 - Les intempéries
dans certaines parties du monde ont amené de mauvaises
récoltes. Devant cette situation, que font, par exemple, les dirigeants européens ? Ils viennent de prendre en urgence trois mesures importantes :
1 - supprimer les quotas
laitiers, c’est-à-dire supprimer les limites qui
avaient été mises à la production de lait. Ces mesures vont limiter la montée des prix des denrées alimentaires en Europe. Qu’en est-il ici, au Burkina Faso ? 1 - Depuis que le gouvernement s’est désengagé du secteur agricole, nous continuons à produire toujours plus ce que nous ne consommons pas (le coton) et à consommer ce que nous ne produisons pas (le riz poubelle de Thaïlande ou autre). Dans le contexte mondial actuel, ce choix de production et cette dépendance de l’extérieur pour la nourriture vont nous conduire à la ruine ! Réveillons-nous !
2 - De plus, pour le coton Bt
(OGM), nous devenons totalement dépendants d’une
seule multinationale étrangère pour les semences et
pour les intrants. Les difficiles négociations actuelles
pour en fixer les prix nous montrent combien la firme américaine
Monsanto est bien décidée à tirer le profit
maximum de la culture du coton Bt au Burkina. 3 - Le ministre de l’Agriculture vient de signer un contrat avec une société appelée AgroEd qui dit que "La société AgroEd bénéficiera du soutien du gouvernement pour l’acquisition de terres pour la production et pour l’implantation d’une unité industrielle d’agrocarburants." Ces terres ne serviront donc plus à produire notre nourriture, mais tomberont aux mains de sociétés qui n’y cherchent que le profit… et cela avec, en plus, le cachet "lutte contre la pauvreté". Réveillons- nous ! Il nous faut de toute urgence demander à nos dirigeants de mettre en œuvre une vraie politique agricole volontariste. Il nous faut produire davantage de céréales (mil, maïs…) et de produits laitiers. Il nous faut développer des filières alternatives au coton… et les paysans y sont prêts : sésame, soja, fruits, produits maraîchers, qui se vendent bien. Il faut assurer notre souveraineté alimentaire. Et pas seulement dans les discours de vœux ou dans les promesses électorales. C’est seulement à cette condition que nous traverserons moins douloureusement les tempêtes et les augmentations qui s’annoncent sur les marchés des produits alimentaires. Parce que, comme je l’ai dit à la dame à CORAM, "si rien ne change, ça va augmenter encore et même beaucoup, parce quand la nourriture manque, elle n’a plus de prix."
Koudougou, le 29 janvier
2007
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