Guinée: la société civile condamne
les interdictions de manifester
A Conakry, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme et du citoyen (OGDH) a condamné, lundi 6 août, l'interdiction des manifestations en Guinée. Si le gouvernement nie avoir pris une telle mesure, le fait est que, depuis la marche du 10 juillet dernier organisée par les « forces sociales » (une coalition de la société civile formée contre l'augmentation du prix du carburant), aucune manifestation n'a reçu d'avis favorable. Les autorités invoquent tour à tour le « contexte sécuritaire », ou le « bon déroulement du pèlerinage à la Mecque », mais pour la société civile, ces décisions sont prises en toute illégalité.
La polémique est née d'une lettre. Aux forces sociales qui l'informent de leur intention de manifester aujourd'hui, le gouvernorat de Conakry répond en rappelant la « mesure » du ministre de l'Administration territoriale interdisant « les manifestations de rues sur l'ensemble du territoire ».
Une « inquiétante violation de la Constitution », selon Me Hamidou Barry de l'OGDH. « D’abord, le régime en Guinée, c’est le régime déclaratif. On informe. Ce n’est pas une autorisation. Deuxièmement, si les mairies n’interdisent pas, une autre autorité ne peut pas interdire. Nulle part, il est mentionné dans le Code pénal qu’un ministre peut intervenir. Ce n’est pas légal », explique-t-il.
Le ministre Bouréma Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation reste sibyllin sur cette question. « La prise de décision pour interdire ou organiser une marche, c’est au niveau communal », estime-t-il.
RFI: Est-ce que vous avez décidé d’interdire les manifestations sur l’ensemble du territoire ?
« Quand je le fais, tout le monde sait que je le fais. Rien ne m’empêche d’être devant la radio-télévision nationale pour annoncer ».
RFI: Vous n’avez pas pris une telle décision ?
« Je vais m’arrêter là par rapport à votre question », a-t-il répondu.
Quoi qu'il en soit, les forces sociales maintiennent leurs appels à manifester. Elles ont assigné le gouverneur devant le tribunal de Kaloum qui doit rendre sa décision mi-septembre.