Burkina Faso : Conflit agriculteurs- éleveurs dans le Poni |
Un conflit entre éleveurs et agriculteurs a fait 3 morts et des blessés à Perkoura, un village du département de Loropéni à 25 km de Bouroum Bouroum et à quelques encablures de Dimolo. Tout est parti, dans la soirée du 24 mai, d'une bagarre entre un agriculteur et deux éleveurs qui a mis à mal la coexistence pacifique entre deux communautés vieille de 8 ans. Le campement des éleveurs transformé en cendres est à Perkoura, une bourgade au coeur d’une végétation luxuriante dans le département de Loropéni. Dès notre arrivée, le 1er adjoint au maire de Loropéni et une équipe d’agents de sécurité étaient en état de veille sur le campement incendié la veille. Selon les témoignages, il s'agirait de représailles d’un frère de Palé Sognaté Kodjo, tué le 24 mai 2008 par deux éleveurs. Palé Kpièwènami, la femme de la victime, soutient qu’ils défrichaient leur champ lorsque les boeufs de deux éleveurs y ont pénétré. Le mari, de retour de la maison, aurait intimé l’ordre aux deux bergers de quitter les lieux. C’est suite à une altercation qui a dégénéré en une lutte âpre que l’agriculteur a succombé aux coups de machette administrés dans son dos par un deuxième éleveur alors qu'il était sur le premier qu'il avait terrassé. C'est Jonas Kambiré, président CVD du village qui a alerté la police et le préfet de Loropéni. L’inhumation a eu lieu le lendemain après les constats d’usage. Dans la soirée du dimanche 25 mai, deux bergers ont été frappés à mort. Il s’agissait du chef de famille du campement et d'un jeune homme employé comme gardien de troupeau. Ce double assassinat serait l’oeuvre d’un frère de l’agriculteur assassiné. Le campement qui abritait une dizaine de cases a été réduit en cendres, causant beaucoup de pertes matérielles. A en croire Barry Saga, 2 motos, 5 vélos, 9 moutons et 3 veaux sont au nombre des pertes enregistrées. Il ne comprend pas que leurs hôtes veuillent leur faire porter le chapeau du meurtre de l’agriculteur. Pour lui, le forfait a été commis par un gardien de boeuf et son compagnon qui ont, par la suite, pris la clé des champs avant qu’un d’entre eux ne soit appréhendé par les forces de l’ordre. A Perkoura, les deux communautés qui cohabitaient paisiblement durant 8 ans semblent ne plus filer le parfait amour maintenant. Les éleveurs ont préféré quitté la localité en embarquant ce qui leur restait comme bagages. Hompko Sylvestre KAMBOU Si nous publions ce récit d'un conflit entre agriculteurs et éleveurs, ce n'est pas pour accuser l'un ou l'autre camp. C'est d'abord pour alerter sur une réalité du pays qui est trop souvent occultée. C'est aussi pour introduire notre prochaine lettre plus réjouissante, où nous vous présenteront d'autres situations favorisant de bonnes relations entre éleveurs et agriculteurs. Nous chercherons aussi des pistes pouvant aider les éleveurs – trop souvent traités d'étrangers – à trouver leur place dans la société burkinabè. Le 31 mai 2008 |