La Côte d’Ivoire en passe d’éradiquer
la «maladie du sommeil»
La Trypanosomiase humaine africaine (THA), plus connue sous le nom de « maladie du sommeil » n’existe qu’en Afrique. Elle est provoquée par un parasite et transmise par la piqure de la fameuse mouche tsé-tsé. Souvent mortelle, elle provoque des troubles du sommeil, des troubles du comportement, parfois des accès de violence. La Côte d’Ivoire est le premier pays à avoir lancé un programme d’élimination de cette maladie tropicale négligée qui pourrait être éliminée comme problème de santé publique d’ici un an selon les chercheurs. Entre 2015 et 2018, seulement huit cas ont été identifiés. L’an prochain, le pays présentera donc sa demande de validation à l’OMS, mais comme dans une course de fond, les derniers mètres sont les plus difficiles.
La maladie du sommeil pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir pour la Côte d’Ivoire. Les chercheurs s’estiment à deux doigts d’éliminer la maladie grâce à des années de lutte appuyée de manière continue par la recherche scientifique et l’Etat.
« C’est cet appui de la recherche qui a toujours permis à la Côte d’Ivoire de bénéficier des outils les plus performants, avec des pièges - bleu et noir -, qui sont des pièges attractifs. Et les mouches se posent sur ce piège, elles s’imprègnent d’insecticide et elles sont donc tuées. C’est ce fameux bleu qui développe une attractivité très forte pour les glossines. C’est en Côte d’Ivoire, aussi, qu’on a mené des recherches sur les attractifs olfactifs, et donc, dans les pièges noir et bleu on rajoute des petits sachets qui sont remplis d’odeur et qui attirent aussi les mouches tsé-tsé », explique Vincent Jamonneau, chercheur et coordonnateur du projet d’élimination de la THA depuis l’institut Pierre Richet de Bouaké.
Maintenir la prévention et la communication
Des techniques diffusées à travers tout le continent. Mais lorsqu’on touche au but, il faut redoubler d’efforts pour Vincent Jamonneau : « Il y a toujours ce défi de dépister encore ces derniers cas. Les populations ne ressentent plus la maladie comme étant une menace. Donc il y a un gros effort de communication et de sensibilisation à faire. Après, il y a une autre difficulté, un autre défi, qui est la pérennité des financements, dans un contexte où il y a beaucoup moins de cas. Cela devient de plus en plus difficile de convaincre des bailleurs de fonds. »
Les recherches se concentrent maintenant sur les possibles « réservoirs cachés » : les porteurs sains d’une part, mais aussi des animaux comme le porc ou l’agouti. « Il s’agit de ne pas répéter les erreurs du passé », conclut Vincent Jamonneau. La maladie que l’on pensait éliminée dans les années 1960 a brutalement resurgi quelques années plus tard.
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