Côte d’Ivoire : Grand-Bassam retrouve
sa place de première destination touristique
du pays
Trois ans après l’attentat qui l’avait endeuillée, la cité balnéaire a retrouvé ses baigneurs du week-end, ses visiteurs étrangers et son rang de première destination touristique du pays.
Le danger semble bien loin. Sur la plage la plus prisée de Grand-Bassam, des centaines de jeunes s’amusent à sauter dans les rouleaux, souvent violents sur cette partie de la côte. Patrick Collin, le propriétaire de La Nouvelle Paillote, l’un des hôtels particulièrement touchés lors de l’attentat de 2016, est ravi de retrouver cette ambiance. « Ça repart enfin, ça fait plaisir. On a fait beaucoup de travaux et d’efforts pour redonner une belle image. Les touristes habituels reviennent, on n’attend plus que les tour-opérateurs. »
Le 13 mars 2016, trois jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tiraient froidement sur la foule toujours impressionnante du dimanche à « Bassam ». Premier – et unique – attentat du genre en Côte d’Ivoire.
Bilan : 19 morts et 33 blessés, sans compter les trois terroristes. Les victimes étaient à la fois des Africains et des Européens, précise Ange Nohonain, guide-conférencier de la ville et chargé d’études au ministère de la Culture : « À Grand-Bassam, il y a toujours eu beaucoup de monde et un mélange : des Ivoiriens en week-end, des expatriés et des touristes. »
Retour des touristes étrangers
Située à seulement 40 km à l’est d’Abidjan, l’ex-capitale coloniale, riche en histoire et en hôtels, était devenue la première destination touristique du pays, surtout depuis son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, en 2012. « La veille de l’attentat, j’avais accueilli plus de 2 000 élèves au Musée national du costume, se souvient Ange Nohonain. On recevait alors près de 40 000 personnes chaque week-end… » L’attentat a tout stoppé.
Des Suédois, des Norvégiens, des Australiens… L’attentat a fait découvrir la ville et son histoire au monde entier
Traumatisée, la ville a vécu au ralenti pendant des mois. Et les premiers touristes à revenir ne sont pas ceux que l’on pouvait imaginer… « Aussi bizarre que cela paraisse, ce sont les étrangers, explique le guide. Des Suédois, des Norvégiens, des Australiens… L’attentat a fait découvrir la ville et son histoire au monde entier. »
Grappe de photographes
Aujourd’hui, la cité balnéaire enregistre un regain d’attractivité. Elle accueillerait entre 10 000 et 20 000 visiteurs par week-end. C’est deux fois moins qu’avant, mais cela lui permet de retrouver sa place de première destination touristique du pays.
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À l’entrée de la vieille ville, à quelques pas de la stèle en hommage aux victimes de l’attentat, Deborah et Camille Nemlin semblent eux aussi comblés. Le couple vient de se dire « oui » et pose avec élégance devant une grappe de photographes. « Se marier ici est symboliquement fort. Cela étant, maintenant, c’est comme si on avait oublié, car dans notre culture on se focalise sur la joie. On préfère mettre en avant la fête de Bassam et le tourisme », explique Annie Kouassi, sœur de la mariée et organisatrice de ce grand jour.
« Cette ville historique est vraiment incontournable », enchaîne Stefan, un touriste allemand en promenade avec son appareil photo, avant d’avouer qu’il ne savait même pas ce qui s’était passé en 2016.
Du côté d’Abidjan
Au début d’avril, le français Accor a rouvert son cinquième établissement dans la capitale économique ivoirienne. Après deux années de travaux de rénovation, il a inauguré au Plateau un hôtel Pullman (5 étoiles) entièrement relooké, de 265 chambres. Un investissement de 30,5 millions d’euros.