À la Une: poussée de fièvre au Mali
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Rien à voir avec le coronavirus, il s'agit de fièvre post-électorale... En effet, pointe Jeune Afrique, « la colère ne faiblit pas, près d’une semaine après la publication des résultats des élections législatives par la Cour constitutionnelle. De Bamako à Kayes, en passant par Sikasso et Sévaré, les manifestants dénoncent les différences entre les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, un des trois organes en charge de l’organisation du scrutin, et ceux publiés par la Cour constitutionnelle. »
En effet, précise Jeune Afrique, « la prise en compte, par la Cour constitutionnelle, des recours introduits par certains candidats, a de fait changé la donne. Alors que les résultats provisoires annonçaient 43 députés pour le parti au pouvoir, le RPM, le Rassemblement pour le Mali, la Cour a ainsi annoncé qu’il avait emporté 51 sièges sur les 147 que compte l’Assemblée nationale. Par ailleurs, le parti présidentiel remporte des sièges dans quatre communes du District de Bamako, contre une, comme annoncé lors des résultats provisoires. »
Résultat, relève Jeune Afrique : « bravant parfois le couvre-feu instauré à partir de 21h et l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes en raison de l’épidémie de coronavirus, les manifestants descendent dans les rues pour contester ces écarts qu’ils estiment, donc, favorables au parti au pouvoir. »
Saccages
« De Kayes jusqu’à Mopti on bloque tout et on brûle », s'exclame le journal en ligne Malikilé. « Si pour le moment, ces manifestations ne sont pas coordonnées, chacune dans sa localité, les violences constatées inquiètent les observateurs. Tout est parti de Bougouni, précise Malikilé, où les partisans de la liste URDRPM sont sortis pour battre le pavé contre les résultats définitifs qui ont changé leur victoire en défaite. La route Bamako-Bougouni a été bloquée et les manifestants ont brûlé des pneus. Les manifestants s’en prennent ouvertement au président de la République, qu’ils accusent d’être en complicité avec la présidente de la Cour constitutionnelle pour recaler leurs candidats. »
La Cour constitutionnelle montrée du doigt
Une partie de la presse bamakoise conteste aussi la décision de la Cour constitutionnelle : « la Cour constitutionnelle a-t-elle remplacé le vote des électeurs ? », s'interroge ainsi le site d'information Mali Actu. D'autres, à l'instar de Mali Tribune, s'en prennent directement à sa présidente : « le comportement de Mme Manassa Danioko laisse place à toutes les supputations. Les conséquences de ses errements et de sa désinvolture ont donc déjà été visibles dans les rues, avec les pneus brûlés, les invectives de toutes sortes. Bien entendu, ceux qui ont l’imagination fertile ont vu la main du président et d’autres, affirme encore Mali Tribune. La Présidente de la Cour constitutionnelle est la seule responsable de la situation. On espère juste que pour le bien du Mali, pour la grandeur de la Cour, elle se retirera. »
Le 26 Mars, autre publication malienne, renchérit en estimant que le RPM, le parti présidentiel a vaincu « sans gloire » : « la Cour Constitutionnelle de Mme Manassa Danioko a donné la victoire à ceux qui n’ont pas gagné », s'insurge-t-il. Conséquence, conclut-il : « quand ceux qui commandent perdent la honte, ceux qui obéissent perdent le respect. »
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« Pas question de marcher sur les institutions ! »
Alors, « va-t-on vers crise post-électorale ouverte ? », s'interroge Info Matin. Il faut se calmer, lance Le Pays à Bamako. « Manifester son mécontentement face à certaines décisions politiques est un droit accordé par la constitution. Les dérapages actuels de nos gouvernants méritent aussi une réponse appropriée de la part du peuple. Crise scolaire ; gestion de la lutte contre le coronavirus, surtout le couvre-feu ; tensions autour de l’arrêt politique de la Cour Constitutionnelle… tout cela mérite révolte, mais pas l’irréparable », s'exclame Le Pays. « Les pressions doivent avoir pour finalité de contraindre les gouvernants à écouter et ouvrir un dialogue franc avec les gouvernés. (…) D’accord pour mettre la pression afin d’aboutir à un dialogue franc dont le rapport final soutenu par tous sera imposé aux gouvernants… mais pas question de marcher sur les institutions. »
Et Le Pays de conclure : « ceux qui sont animés par cette ineptie sont des ennemis de la République et méritent le pire des châtiments. »
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