Allègement des conditions de liberté de Gbagbo et Blé Goudé: leurs partisans pleins d’espoir
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L'ancien président de la Côte d'Ivoire et son ex-ministre de la Jeunesse sont désormais libres de leurs mouvements. La décision a été prise, jeudi 28 mai, par la Cour pénale internationale (CPI), en attendant leur procès en appel pour crimes contre l'humanité. Une décision qui suscite beaucoup d'espoir chez les partisans des deux hommes, à cinq mois de la présidentielle ivoirienne.
L'ancien président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, est donc autorisé à quitter la Belgique, où il est assigné à résidence depuis janvier 2019. Même chose pour son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, actuellement aux Pays-Bas. La Cour pénale internationale a assoupli les conditions de mise en liberté des deux hommes. Ils n'ont plus l'obligation de remettre leurs passeports à la CPI. Une décision prise en attendant leur procès en appel pour crimes contre l'humanité, commis lors de la crise ivoirienne de 2010-2011.
Cet assouplissement des restrictions à la liberté conditionnelle de Laurent Gbagbo réjouit Laurent Akoun, le vice-président du FPI pro-Gbagbo : « On se faisait une immense joie qu’il puisse aller et venir là où il est et puis jusqu’à ce qu’il rentre chez nous. Ce que nous attendons, c’est son retour, nous espérons toujours. On va aviser cela avec les autorités, elles seront approchées par les canaux officiels ».
Une décision d’allègement à laquelle Laurent Akoun ne croyait plus : « Nous avions même perdu espoir, parce que sans être juristes, du point du vue du droit strict, on ne peut pas être acquitté et être sous condition. Nous, on a hâte. C’est bien, on avance ».
« Leur présence sera la bienvenue »
Les proches et partisans de Laurent Gbagbo se disent donc satisfaits de cette décision de la CPI. Satisfaction également du Cojep, le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples, le parti de Charles Blé Goudé. Son secrétaire général, Patrice Saraka, attend désormais un retour des deux hommes politiques.
« C’est quelque chose qu’on attendait depuis longtemps et lorsque ces restrictions avaient été posées, cela n’a pas été très bien perçu. Donc, pour nous, c’est l’ordre normal des choses, ditPatrice Saraka. On s’attendait à cela, on le souhaitait, on s’en réjouit. Les présidents Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont attendus en Côte d’Ivoire depuis très longtemps par l’ensemble des Ivoiriens, toutes tendances politiques confondues, parce que en réalité, tous ces Ivoiriens ont besoin de paix, de réconciliation et nous savons tous que Charles Blé Goudé et le président Laurent Gbagbo sont des acteurs de paix et de réconciliation. La Côte d’Ivoire en a le plus besoin, leur présence sera la bienvenue. Je pense que les autorités ivoiriennes ont très bien conscience que la Côte d’Ivoire aujourd’hui a besoin de rassemblement, elle a besoin d’unité, elle a besoin de réconciliation et qu’elle ne pourrait pas aller contre la volonté de la grande majorité des Ivoiriens, y compris même des certains acteurs du pouvoir. »
Les deux hommes peuvent désormais aller vivre dans un des 123 États parties au statut de Rome et donc en Côte d’Ivoire, à condition toutefois que les autorités du pays acceptent de les accueillir.
Une nouvelle donne en vue la présidentielle ?
Cette décision de la Cour tombe quelques jours après le lancement de la campagne d’inscription sur les listes électorales par les inconditionnels de Laurent Gbagbo. Ce sont pourtant ces derniers qui avaient créé une branche dissidente au sein du FPI et qui boudaient toutes les élections tant que leur chef n’était pas de retour au pays. Ils appellent désormais leurs militants à voter pour la présidentielle d’octobre prochain, informe notre correspondant à Abidjan, Sidy Yansané. C’est un pas de plus vers une possible réunification du parti. Cet après-midi, c’est le parti de Charles Blé Goudé, le Cojep, qui se réunit, mais son secrétaire général, Dr Patrice Saraka, a déjà déclaré que la décision de la CPI « n’est que justice. »
De son côté, Henri Konan Bédié du PDCI annonce sa « grande joie », car cette nouvelle va aussi permettre de renforcer l’alliance inédite qu’il a conclue l’été dernier avec Laurent Gbagbo, son historique adversaire politique. Une alliance, justement, en vue de la présidentielle, qui repose avant tout sur l’idée de la réconciliation nationale.
Braquage de la BCEAO…
Ça fait partie des conditions de la CPI : il faut que le pays d’accueil reconnaisse la compétence de la Cour, et accepte la demande. C’est le cas de la Côte d’Ivoire.
Les sympathisants de Gbagbo ont d’ailleurs tenu un point presse ce vendredi 29 mai et appelé le président Alassane Ouattara « à saisir une opportunité historique », à savoir celle d’accélérer la réconciliation nationale.
Le Dr Patrice Saraka du Cojep estime que Charles Blé Goudé « n’appartient pas à deux pays, et ne peut que rentrer chez lui ».
Mais en Côte d’Ivoire, la justice attend également les deux hommes politiques pour deux affaires dans lesquelles ils ont chacun été condamnés à 20 ans de prison. Celle dite du « braquage de la Banque BCEAO » pour Laurent Gbagbo, et une condamnation pour actes de torture, homicides volontaires et viol pour Charles Blé Goudé.