Mauritanie : Ghazouani reprend la main sur l’armée
Près d’un an après son élection, le président Ghazouani a procédé à d’importantes nominations au sein de l’armée. En écartant les hommes de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz, il achève de consolider son pouvoir
Discret, prudent, mesuré, Mohamed Ould Ghazouani ne fait rien dans la précipitation. En remaniant son armée, le 8 juin, la seule institution à laquelle il n’avait pas touché, le président mauritanien s’est définitivement imposé comme le véritable chef. Il a pris soin d’écarter des postes les plus influents les proches de Mohamed Ould Abdelaziz, avec qui il a rompu en novembre 2019, afin d’y placer ses propres hommes.
En désignant Mohamed Ould Meguett chef d’état-major général des armées, une fonction qu’il a lui-même occupée pendant dix ans, « Ghazouani » a promu l’un de ses amis, à qui il voue une confiance totale. Ce général – le plus gradé de l’armée – succède à Mohamed Cheikh Ould Mohamed Lemine, nommé chef d’état-major de la Garde nationale.
Un lot de consolation pour ce dernier, qui perd ainsi beaucoup en influence. Ghazouani apprécie peu ce général de division, qui était son adjoint et qui lui avait succédé en 2018, lorsqu’il avait été nommé ministre de la Défense.
Jusqu’ici directeur général de la Sûreté nationale, Ould Meguett a cédé la place à un autre général de division, Misgharou Ould Sidi, qui prend du galon après avoir dirigé la Garde nationale.
L’ombre de Hanena Ould Sidi
Autre personnalité très proche de « Aziz » à avoir fait les frais de ce remaniement : Ahmed Saïd Ben Aouf. Ce Smasside, tout comme l’épouse de l’ex-président, a été remplacé au poste de chef d’état-major de la marine nationale par Mohamed Ould Cheikhna Ould Taleb Moustaph. Ce contre-amiral était jusqu’ici chef d’état-major particulier de Ghazouani. « Aziz », qui ne l’appréciait guère, l’avait précédemment envoyé comme aide de camp à Paris.
Le ministre de la Défense, qui a influé sur les choix du président, monte en puissance
Dans l’ombre de ces nominations, le ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, qui a influé sur ces choix, monte en puissance. L’ex-patron du G5 Sahel avait fait les frais de ses mauvaises relations avec Aziz, qui avait refusé de le promouvoir général de division. Il avait ensuite été nommé adjoint de Ghazouani, alors chef d’état-major des armées, sur insistance de ce dernier.
En novembre 2019, Mohamed Ould Ghazouani avait déjà repris en main deux autres leviers du pouvoir mauritanien, le parti Union pour la République (UPR) et le Basep (Bataillon de la sécurité présidentielle), en limogeant le commandant Mahfoudh Ould Mohamed Hadj, un autre proche d’Aziz, pour le remplacer par l’un de ses hommes, Ahmed Ould Lemleih.
Toujours confiné en famille dans son campement de Bénichab (Inchiri), Mohamed Ould Abdelaziz n’est, de son côté, plus réapparu en public depuis sa conférence de presse organisée en décembre 2019.