Tchad: la LTDH dénonce un crime après la mort en détention de 44 personnes
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À la suite de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme, la Ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH) a publié ce samedi 18 juillet un rapport sur la mort de 44 membres présumés de Boko Haram, dont les corps ont été retrouvés dans leur cellule le 16 avril dernier. Contrairement à la version officielle qui évoque un suicide collectif, l'ONG pointe un crime de masse et appelle à une enquête internationale.
Avec notre correspondant à N'Djaména, Madjiasra Nako
Le 14 avril dernier, 70 personnes ont été présentées à la presse comme des membres présumés de Boko Haram fait prisonniers pendant la grande offensive lancée début avril par l’armée tchadienne contre le mouvement djihadiste. À l’évidence, il ne s’agit que de paysans qui revenaient du Niger avec des papiers délivrés par les autorités.
« Le rapport établit formellement que les personnes qui avaient été présentées comme étant des membres de la secte djihadiste Boko Haram ne l'étaient pas, affirme Me Maxvelt Loalngar, président de la ligue tchadienne des droits de l’homme. Nous avions aussi présenté quelques membres de leurs familles qui ont eu ce courage de venir témoigner que ces personnes étaient leurs fils, munis des papiers tchadiens puisqu'ils étaient partis au Niger en possession des laisser-passer. »
Découverte macabre
Une partie des personnes interpellées disparaissent pendant leur acheminement vers la capitale. Pour la cinquantaine qui arrive à destination, la deuxième nuit de détention sera fatale.
« Le 15, à 18h, une fumée noire a envahi la cellule, poursuit Me Loalngar. Ils se sont mis les uns à tousser, les autres à crier. Et aux environs de minuit, aux dires des survivants, les 44 avaient cesser de vivre. Il a fallu attendre au petit matin pour qu'on ouvre cette cellule et qu'on fasse la découverte macabre. »
La ligue tchadienne des droits de l’homme, qui parle de crime de guerre, demande une enquête internationale pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé.
De son côté, la Commission nationale des droits de l’homme, un organisme indépendant consacré par la Constitution tchadienne, a lui aussi ouvert une enquête sur ces événements. Selon son président Djidda Oumar, le rapport sera disponible dans une semaine.
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