Niger : dans les coulisses de la traque des terroristes de Kouré
Des soldats nigériens patrouillent dans le désert d'Iferouane en février 2020 pour protéger touristes et dignitaires
pendant le festival de l'Aïr. © Souleymane Ag Anara/AFP
La traque se poursuit au Niger, deux jours après l’attaque terroriste qui a coûté la vie à deux Nigériens et six Français dans la zone de Kouré. « Jeune Afrique » en dévoile les coulisses.
Il est 16h30 à Niamey, lundi 10 août, lorsque la réunion du Conseil national de sécurité débute au palais présidentiel. Celle-ci, qui a lieu d’ordinaire tous les mardis, a été avancée de vingt-quatre heures. La veille, le 9 août, deux Nigériens et six Français ont été abattus par des hommes armés venus à moto à Kouré, au sud-est de Niamey.
Depuis, les assaillants, qui n’ont pas été identifiés, sont en fuite. Et la traque a commencé. Sont présents au palais présidentiel les principaux hauts gradés de l’armée nigérienne, ainsi que les ministres concernés : à la Défense, Issoufou Katambé, à l’Intérieur, Alkache Alhada, et à la direction du cabinet, Mahamadou Ouhoumoudou.
Les hommes de confiance d’Issoufou
Le président Issoufou connaît ces trois derniers par cœur. Katambé est un vieux compagnon de route du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), et Mahamadou Ouhoumoudou est son principal collaborateur depuis des années. Quant à Alkache Alhada, c’est son ancien directeur de cabinet adjoint.
Mahamadou Issoufou insiste : il faut faire la lumière sur cette attaque, non seulement parce qu’elle a suscité l’émotion au Niger et en France, mais aussi parce qu’elle a frappé un symbole du pays, à seulement une heure de route de Niamey, la capitale. Le chef de l’État, qui s’est entretenu dimanche avec son homologue français Emmanuel Macron, décide d’étendre l’état d’urgence à toute la zone de Kouré.
Des traces et un suspect interrogé
Le président nigérien décrète également l’interdiction d’accéder à ladite zone. Celle-ci est donc désormais totalement bouclée par les Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes, qui en contrôlent les points d’entrée et de sortie. Priorité est donnée au ratissage du terrain, à la recherche des assaillants ou d’indices de leur passage.
Lundi 10 août, les militaires nigériens, assistés d’éléments de la force Barkhane et de membres de commandos français, ont retrouvé des traces de véhicules appartenant potentiellement aux fuyards. Elles sont en cours d’analyse. Un suspect a également été interpellé et mis à la disposition des équipes d’investigation. Selon nos sources, les informations sont centralisées au ministère de l’Intérieur d’Alkache Alhada, lequel se charge d’informer le Conseil national de sécurité.
D’après des confidences recueillies par Jeune Afrique, les hauts gradés nigériens, qui restent prudents, privilégient toujours la piste menant à la zone des trois frontières et à l’État islamique au grand Sahara, dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui et mis sous pression par l’armée nigérienne, l’opération Barkhane et, sur un autre front, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), d’Iyad Ag Ghaly.