Nouveau gouvernement en Mauritanie : comme un air de déjà vu ?

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Mis à jour le 10 août 2020 à 17h53
Le président mauritanien Mohamed Ould El Ghazouani

Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a nommé un nouveau gouvernement après remise à la justice d’un rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur les années Aziz. Sur 23 ministres, huit seulement sont nouveaux…

Depuis le 9 août, la Mauritanie a un nouveau gouvernement dirigé par le  Premier ministre nommé le 6 août, Mohamed Ould Bilal, 57 ans, précédemment conseiller du Chef de l’État pour les infrastructures.

Selon plusieurs observateurs, il s’agit plus d’un remaniement ministériel que d’un changement de gouvernement puisque, sur ses 23 membres, huit seulement sont nouveaux et que les ministères régaliens des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense conservent leurs titulaires.

À l’ombre du rapport sur les années Aziz

En présentant la liste des ministres, Adama Bocar Soko, nouveau ministre-secrétaire général de la présidence de la République, a déclaré que la formation de ce nouveau gouvernement était « étroitement lié à l’enquête de la Commission parlementaire » conduite depuis le mois de janvier sur la gestion des affaires publiques durant les deux mandats de l’ancien président Ould Abdelaziz (2008-2019).

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AUCUN DES MINISTRES DONT LES NOMS FIGURENT DANS LE RAPPORT DE LA COMMISSION NE FAIT PARTIE DU NOUVEAU GOUVERNEMENT

Effectivement, aucun des ministres — y compris le Premier d’entre eux, Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya — dont les noms sont apparus dans le rapport de cette Commission publié le 26 juillet et transmis depuis au Parquet général ne fait partie du nouveau gouvernement.

« Tout en respectant la présomption d’innocence, il a été estimé que les personnes concernées devaient bénéficier de toute latitude pour prouver leur innocence, a poursuivi Adama Bocar Soko. C’est pourquoi ils figurent parmi les ministres touchés par le changement. Le président de la République n’hésitera pas à faire appel à nouveau aux compétences et à l’expertise de ceux, parmi eux, dont l’innocence aura été avérée ».

Entrent au gouvernement trois personnalités auxquelles sont confiés des postes stratégiques : à la Justice, Mohamed Mahmoud Ould Cheikh Abdoullah Ould Baya, ancien ministre ; à l’Économie et à l’Industrie, Ousmane Mamadou Kane, ancien ministre, ancien Gouverneur de la Banque centrale et ex-patron de la SNIM ; au Pétrole, aux Mines et à l’Énergie, Abdessalem Ould Mohamed Saleh, ancien ministre.

Une équipe plus réduite

On notera que la nouvelle équipe est plus réduite que la précédente, deux ministères ayant fusionné, le ministère chargé de l’Investissement et du Développement industriel avec l’Économie et celui de l’Éducation secondaire avec l’Enseignement fondamental.

Elle comporte quatre femmes dont Naha Mint Hamdy Ould Mouknass, qui retrouve le ministère du Commerce et du Tourisme qu’elle a déjà dirigé à l’occasion de la réouverture de la Mauritanie au tourisme en 2017.

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LA COMPOSITION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT RESPECTE L’ÉQUILIBRE ENTRE POLITIQUES ET TECHNOCRATES

Les commentateurs jugent que la composition de la nouvelle équipe respecte l’équilibre entre politiques et technocrates.

Ceux qui comptaient les points dans la querelle opposant le Premier ministre Sidiya et son ministre de l’Intérieur, Ahmed Salem Ould Merzoug, constatent que celui-ci l’a définitivement emporté. Deux ministres, dont celui de l’Économie, sont réputés proches du puissant homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, rentré depuis quelques mois en Mauritanie après des années d’exil pour cause de graves différends avec l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz.