Mali : la lettre de Boubacar Keïta à Assimi Goïta
Le colonel Assimi Goïta, président du CNSP, lors d’une réunion au ministère de la Défense, le 19 août 2020 à Bamako. © Emmanuel Daou Bakary
Le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta a interpellé le chef de la junte sur ses conditions de détention, dans un courrier que « Jeune Afrique » a pu consulter.
Dans une lettre datée du 14 septembre, Boubacar Keïta explique à Assimi Goïta être seul dans la résidence familiale de Sébénikoro depuis le départ de son père, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). L’ancien président malien s’est envolé avec son épouse pour Abu Dhabi le 5 septembre afin d’y recevoir des soins médicaux.
Les visites lui sont toujours interdites, ses téléphones ne lui ont pas été rendus et il affirme que des parties de la maison ne lui sont plus accessibles.
« Je tiens à vous rappeler que depuis la confiscation desdits téléphones, je n’ai pas pu avoir des nouvelles de ma femme, de mes enfants et de la famille en général, que de manière orale, sporadique et seulement à travers un intermédiaire », écrit-il.
Prisonnier ou en résidence surveillée ?
Le fils d’IBK et frère de Karim Keïta dénonce le fait que ses conditions de détention se soient durcies, officiellement pour « raisons de sécurité ». Il demande donc au chef de la junte de lui préciser son statut, à savoir s’il est en détention ou en résidence surveillée.
Il insiste sur son droit à voir son avocat et à recevoir des visites de sa famille, « comme tout prisonnier », avant d’interpeller Goïta sur les cas « encore plus alarmants » de l’ex-Premier ministre, Boubou Cissé, et de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné.
Boubacar Keïta a envoyé cette missive à la veille du sommet extraordinaire de la Cedeao sur le Mali, qui se déroule ce 15 septembre au Ghana. Assimi Goïta doit y défendre les conclusions des concertations nationales sur la transition.
La question du sort de l’ancien président et des personnalités détenues est au centre des négociations entre la junte et les chefs d’État de la sous-région, tout comme le passage du pouvoir aux civils pour une transition de douze mois maximum.