La Mauritanie renégocie une plus-value sur la concession du port de Nouakchott

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Le port de Nouakchott, avant le début des travaux.

Le port de Nouakchott, avant le début des travaux. © Lee Gottemi pour JA

 

Face au risque d’une annulation du contrat signé sous l’ancienne présidence, l’exploitant de l’infrastructure a revu à la hausse de plusieurs centaines de millions de dollars les recettes prévues pour le gouvernement.

Après trois mois de rudes négociations, la Mauritanie et la société Arise Mauritania ont signé fin novembre un avenant au contrat de concession du 19 septembre 2018 confiant pour trente ans à cette société la construction et l’exploitation du nouveau port à conteneurs et à hydrocarbures de Nouakchott.

En effet, la Commission d’enquête parlementaire (CEP) chargée d’étudier la gestion de la décennie de présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019) avait publié, le 26 juillet dernier, un rapport dans lequel elle avait mis en cause la validité de cette concession en raison de l’octroi à Arise « d’avantages fiscaux préjudiciables à la Mauritanie ».

Doute sérieux quant à la pertinence du choix

Liberté tarifaire incontrôlée et « circuits administratifs accélérés et bâclés » lui faisaient dire que ces « circonstances exceptionnelles jettent un doute sérieux sur la pertinence du choix de ce projet et sur l’importance des retombées financières pour le pays ». 

La CEP demandait « de réfléchir à l’éventualité d’une renégociation de cette convention ou de son annulation pure et simple ».

Pour les actionnaires d’Arise (notamment le fonds français Meridiam, le singapourien Olam et le danois Moller-Maersk) qui avaient débuté les travaux d’un chantier estimé à 390 millions de dollars, la menace était sérieuse.

Corriger les contrats « viciés »

Le gouvernement était déterminé à réaliser l’exigence du nouveau président Mohamed Ould Ghazouani de corriger les contrats “viciés” signés sous son prédécesseur, tandis que le port autonome de Nouakchott dit de l’Amitié (PANPA) supportait mal de se voir retirer certaines de ses prérogatives régaliennes et que les professionnels portuaires mauritaniens dénonçaient vigoureusement ce qu’ils estimaient être leur éviction par Arise.

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LES TARIFS PRATIQUÉS PAR ARISE SERONT ABAISSÉS PAR RAPPORT AU CONTRAT INITIAL

Seuls à s’exprimer publiquement sur l’avenant, le ministre de l’Équipement et des Transports, Mohamedou Ahmedou M’Heimid, et le directeur du PANPA, Sid’Ahmed Ould Raïss, se sont félicité des améliorations apportées au contrat initial, lors d’une conférence de presse le 9 décembre.

Si leurs propos ne permettaient pas de se faire une idée extrêmement précise des gains obtenus par la partie mauritanienne sur ce dossier très technique, ceux-ci sont incontestables.

200 millions de dollars de recettes supplémentaires

La Mauritanie devrait obtenir 200 millions de dollars de recettes supplémentaires sur la durée de la concession. Les tarifs pratiqués par Arise seront abaissés par rapport au contrat initial pour au moins cinq ans ; leur hausse future sera discutée avec les pouvoirs publics. 

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LA CAPACITÉ DE CONTENEURS EVP DEVRAIT ÊTRE MULTIPLIÉE PAR QUATRE

L’exclusivité reconnue à Arise sur l’extension du port à conteneurs et à hydrocarbures sera fonction du trafic. Les autres opérateurs mauritaniens continueront à utiliser le terminal à conteneurs existant ainsi que le terminal pour le vrac. 

Le Port autonome sera l’unique interlocuteur d’Arise ; il conservera ses prérogatives et ses recettes. Arise s’engage à embaucher un pourcentage croissant de personnels mauritaniens.

L’extension du port devrait porter sa capacité de 160 000 conteneurs EVP (équivalents vingt pieds) à 600 000. La campagne de recrutement des personnels commencera au début de 2021. L’ouvrage devrait entrer en service au cours du dernier trimestre de 2021.