Les chantiers qui attendent Macky Sall en 2021 : infrastructures, souveraineté alimentaire, tourisme…
Face à la perspective d’une récession au Sénégal, le chef de l’État a adopté dès septembre 2020 un plan de relance de 22,4 milliards d’euros.
Après des années d’alliances qui lui ont permis de diriger le pays les mains libres, le président sénégalais a porté le coup de grâce en novembre 2020, avec un remaniement marqué par l’arrivée de poids lourds de l’opposition, comme le dissident PDS Oumar Sarr, ou le libéral Idrissa Seck, arrivé second à la présidentielle de 2019.
Une situation politique qui permet à Macky Sall de dérouler son Plan Sénégal émergent (PSE) sans entraves, ou presque. Comme l’ensemble des économies de la planète, celle du Sénégal n’aura pas échappé aux conséquences du Covid-19. Avec la mise en place très rapide de mesures pour faire face à la pandémie (fermeture des frontières, interdiction des déplacements inter-régions, couvre-feu), le pays a évité l’hécatombe sanitaire annoncée, mais son économie est mise à rude épreuve.
En attendant les premiers barils
En 2020, 24,7 % des entreprises sénégalaises ont fait face à un arrêt momentané de leurs activités, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), et des secteurs clés, comme le tourisme, sont à l’arrêt. Résultat, selon le Fonds monétaire international : la croissance devrait reculer de 0,7 % en 2020, au lieu des 6,8 % attendus avant la crise.
Des perspectives de récession face auxquelles le Sénégal a lancé, à la fin de septembre 2020, un plan de relance qui prévoit 22,4 milliards d’euros de financements d’ici à 2023, dont un tiers doit provenir du secteur privé.
En attendant la production des premiers barils d’hydrocarbures, prévue elle aussi en 2023, ce programme de relance économique est un réajustement du PSE, dont plusieurs projets phares sont attendus pour 2021. Le Train express régional (TER) d’abord, inauguré dès 2019 et dont le retard dans le démarrage cristallise les crispations, mais qui, selon le chef de l’État, devrait rouler entre Dakar et Diamniadio en 2021.
Cap sur les Jeux olympiques de la Jeunesse
D’importants chantiers devront aussi être lancés, comme le très ambitieux chantier d’Akon City, un projet de ville ultra-futuriste et écologique porté par le rappeur américain Akon. Les travaux, qui devraient débuter au premier trimestre de 2021 se poursuivront jusqu’en 2029, pour un coût estimé à 6 milliards de dollars. À quelques kilomètres de là, le port de Ndayane, sur la Petite Côte, au sud de Dakar, viendra décongestionner le port autonome de la capitale.
D’autres chantiers, déjà en cours, ont été retardés en partie à cause du Covid-19, tels que l’université Amadou-Mahtar-Mbow, dont la date d’achèvement reste incertaine, ou le Stade olympique de Diamniadio.
Confié à l’entreprise turque Summa, ce projet s’inscrit dans le vaste programme de construction et de réhabilitation d’infrastructures sportives en vue des Jeux olympiques de la Jeunesse de Dakar, d’abord prévus en 2022, puis reportés à 2026, qui visent à placer le Sénégal sur la carte des événements sportifs d’envergure mondiale.
Des élections locales en retard
Au-delà de la feuille de route infrastructurelle, la priorité doit être mise sur l’accès à la souveraineté alimentaire et sanitaire, mais aussi sur la relance du tourisme, durement touché par une année blanche. Avec, au programme, notamment la réhabilitation des aéroports régionaux et le lancement de lignes long-courriers de la compagnie aérienne nationale Air Sénégal.
L’incertitude demeure également autour de la date des prochaines élections locales. Maintes fois repoussés depuis juin 2019, les scrutins municipaux et départementaux auraient dû se tenir « au plus tard le 28 mars 2021 », selon le consensus trouvé entre la majorité et l’opposition lors du dialogue national.
Une date de moins en moins probable, selon les participants à ce dialogue, qui admettent un retard pris dans les travaux à mener en amont des élections, tels que l’audit du fichier électoral.
Qu’ils aient lieu en 2021 ou l’année suivante, les scrutins locaux devraient être une étape préparatoire à la présidentielle de 2024, notamment pour l’opposition, entravée par l’absorption par la majorité d’une partie de ses caciques et l’inéligibilité de deux de ses principales figures, Karim Wade et Khalifa Sall.