Il y a 29 ans disparaissait le président Ahmed Sékou Touré. Celui qu’on surnomme le Syli (l’éléphant) a marqué son temps par son charisme et son combat politique, tant en Afrique que dans le reste du monde.

 

 

Le présenent Ahmed Sekou Touré

 

Sékou Touré est né le 9 janvier 1922 à Faranah en Guinée française. Membre de l’aristocratie de l’ethnie mandingue, il est l’arrière-petit-fils de Samory Touré (1830-1900), qui avait résisté contre la colonisation française en Afrique de l’Ouest, jusqu’à sa capture en 1898. Durant son enfance et aussi ses études, Touré est toujours contestataire de l’autorité. Sa jeunesse sera nourrie par les travaux des communistes Karl Marx et Lénine.

Avant l’indépendance, Sékou Touré travaille pour les services postaux (PTT) mais ne peut accéder aux postes de responsabilité auxquels il aspire. Il s’investit dans le syndicalisme et devient un des meneurs de la jeune génération guinéenne.
Devenu, en 1945, secrétaire général du syndicat des postiers, il participe à la fondation du Parti démocratique guinéen, antenne du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), parti agissant pour la décolonisation de l’Afrique. En 1956 il est élu député de la Guinée à l’Assemblée nationale française et maire de Conakry sous la bannière du RDA, positions qu’il a utilisées pour lancer des critiques pointues du régime colonial.

En 1958, les Guinéens disent «Non» au référendum sur l’union-partenariat avec la France et choisissent l’indépendance totale qu’ils obtiennent le 2 octobre 1958 avec Sékou Touré à la tête du pays. La réaction des Français a été extrêmement vindicative contre la Guinée : retrait soudain des fichiers, destruction des infrastructures, rupture des liens politiques et économiques.

Choisissant une politique marxiste, le président Touré nationalise les entreprises étrangères et organise une économie fortement planifiée. Il remporte le Prix Lénine pour la paix en 1961. À la fin des années 60, la plupart de l’opposition à son régime socialiste est arrêtée et emprisonnée ou est exilée. Au fil du temps, sa paranoïa croissante conduit à l’arrestation de nombreux opposants politiques présumés. On estime que quelque 50 000 personnes ont été tuées sous le régime de Touré dans les camps de concentration comme Boiro. Ce Camp Boiro reste le symbole de cette répression violente où selon une estimation 5 000 personnes ont été exécutées parfois dans des conditions atroces après des tortures inhumaines dénoncées alors par Amnesty International. Sékou Touré fait régner sur le pays un régime de terreur, obligeant des milliers de Guinéens à fuir la répression.

Les frictions entre la France et la Guinée sont fréquentes. Il faudra attendre 1978 pour que le président Valéry Giscard d’Estaing effectue une visite officielle, en signe de réconciliation.
Une fois le rapprochement de la Guinée avec la France entamé, ses soutiens marxistes commence à s’opposer à la tendance croissante de son gouvernement à la libéralisation capitaliste. En 1978, il a officiellement renoncé au marxisme et a rétabli le commerce avec l’Occident.

Des élections à liste unique ont lieu en 1980 pour élire les représentants de l’Assemblée nationale. Touré est réélu sans opposition à un quatrième mandat de sept ans comme président le 9 mai 1982. Une nouvelle constitution est adoptée. L’été suivant, Touré se rend aux États-Unis dans le cadre d’une inversion de la politique économique. Il est en quête d’investissements occidentaux pour développer ses immenses réserves minérales. En 1983, commence une plus grande libéralisation économique par l’introduction de capitaux étrangers dans l’économie guinéenne.

Sékou Touré meurt le 26 mars 1984 à Cleveland (Ohio), aux États-Unis, en subissant une opération de chirurgie cardiaque.
Dès le 3 avril, les forces armées prennent le pouvoir, dénonçant les dernières années du règne Touré comme une dictature « sanglante et impitoyable ». Aussitôt la Constitution est suspendue, l’Assemblée nationale dissoute, et le Parti Démocratique Guinéen aboli. Le leader du coup d’État, le colonel Lansana Conté, assume la présidence le 5 avril, à la tête du Comité Militaire de Redressement National (CMRN). Environ 1000 prisonniers politiques sont libérés.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique