Ce que Charles Kié prévoit pour son nouveau fonds avec SouthBridge
Afrique de l’Ouest, fonds souverains, prévoyance… Le financier ivoirien dévoile pour Jeune Afrique les détails de sa coentreprise avec SouthBridge Investments, lancée le 1er mars.
Charles Kié, Paulo Gomes, Frannie Léautier, Lionel Zinsou, Donald Kaberuka, Andrew Alli… Derrière la succession de noms – leaders de la finance africaine –, une même ambition : « contribuer à l’émergence d’un secteur financier fort, contrôlé par des Africains ou par des capitaux africains. »
C’est sur la base de cet objectif commun qu’a été lancée SBNA, coentreprise entre la branche investissements du groupe SouthBridge (SouthBridge Investments) et New African Capital Partners (NACP), fondé par l’ancien manager à Ecobank, Banque Atlantique ou encore AFC, avec Paulo Gomes, ex-ministre des Finances bissau-guinéen.
Et c’est aussi en raison d’un fort lien de confiance scellé entre les partenaires qui se côtoient depuis plusieurs années dans le « petit » milieu des affaires panafricaines que l’idée d’une joint-venture a germé. En effet, à la fin de 2018, SouthBridge devient conseil financier de NACP pour sa levée de fonds. Les discussions démarrent alors.
Un premier véhicule en Afrique de l’Ouest
Concrètement, SBNA est un « fonds de capital permanent » constitué à parts égales par ses associés-fondateurs, et avec pour mission d’attirer les investisseurs ayant une vision à long terme pour l’Afrique.
« Dans ce schéma, les investisseurs de notre fonds adoptent une posture d’actionnaires plutôt que de LPs (Limited Partners, les investisseurs en capital d’un fonds, ndlr) », confie à JA Charles Kié, appelé à présider la structure.
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">NOUS VOULONS ATTIRER LES INVESTISSEMENTS EN MONNAIE LOCALE
Le financier ivoirien précise d’ailleurs que le plan stratégique de SBNA est déjà bien avancé. Plusieurs véhicules d’investissement dans lesquels les bailleurs privés internationaux et africains sont visés seront créés. Et un premier véhicule dévolu à l’Afrique de l’Ouest est « en cours de constitution », avec pour cible des investissements dans le secteur – exclusif – des services financiers au sens large, fintech, microfinance et mésofinance inclus.
Pour ce premier véhicule, les partenaires ont, selon nos informations, procédé au rachat d’une entité préexistante au Togo, qu’ils prévoient de rebaptiser sous une appellation rappelant la joint-venture. « Nous voulons attirer les investissements en monnaie locale pour ce véhicule ouest-africain », poursuit Charles Kié.
Il ajoute : « Certains investisseurs africains comme les fonds souverains, les compagnies d’assurances, les sociétés de prévoyance sociale, les fonds de pensions, disposent d’une certaine capacité d’épargne que nous souhaitons pouvoir investir. Nous nous proposons d’accompagner ces acteurs dans la durée dans leur stratégie d’investissement dans le secteur financier . »
Quid des premières cibles ?
C’est donc à un créneau de niche, bien connu de l’ancien DG d’Ecobank Nigeria, que ce nouveau fonds souhaite s’attaquer. Un choix qui paraît par ailleurs cohérent avec les visées du cofondateur de NACP sur Oragroup, quand il a décidé de quitter Ecobank pour revêtir l’habit d’investisseur.
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">DES DISCUSSIONS BIEN AVANCÉES SONT ACTUELLEMENT MENÉES
Le holding bancaire panafricain est alors détenu par le capital-investisseur Emerging Capital Partners (ECP) à près de 50 %, et ce dernier devait céder ses parts un an plus tard à la l’Institut de prévoyance sociale – Caisse générale de retraite des agents de l’État (IPS-CGRAE). Une opération annoncée à la fin de 2019, mais qui s’est vu opposer le veto du régulateur un an plus tard.
Charles Kié a-t-il toujours, d’une manière ou d’une autre, Oragroup à l’esprit ? Pour le moment, aucun nom d’investisseur potentiel n’est dévoilé, « des discussions bien avancées sont actuellement menées ».
Plusieurs centaines de millions de dollars
Pour ce qui est du calendrier, SBNA semble très avancé, en tout cas pour son premier véhicule. Puisque la « liste des pays est arrêtée » et le « pipeline de cibles en cours de constitution », selon Charles Kié.
Quant à la levée de fonds, si le montant visé reste confidentiel, il devrait constituer une « part substantielle » du chiffre de 800 millions de dollars dévoilé par Jeune Afrique Business+, en tant qu’enveloppe globale de SouthBridge Investments, pour ses trois véhicules d’investissement, dont SBNA.
« La prochaine fois que l’on reparlera, ce sera pour annoncer le closing d’une première opération. Et on y travaille déjà très activement », conclut notre interlocuteur.