Massacre de Solhan: entre le GSIM et l'EI, l'enjeu de la réputation
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Trois semaines après le massacre de Solhan, au Burkina Faso, le gouvernement burkinabè a attribué l'attaque au Groupe de soutien à l’islam
et aux musulmans, lié à al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce que le GSIM dément. À présent, ce sont leurs rivaux du groupe État islamique
µqui communiquent sur le sujet.
Dans sa dernière revue de propagande Al-Naba, le groupe État islamique accuse le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de
« fuir ses responsabilités ». Pour l’EI, c’est bien le groupe rival dirigé par Iyad ag Ghali et lié à al-Qaïda au Maghreb islamique
qui a sauvagement attaqué Solhan. Et ce en dépit du démenti apporté par le GSIM à peine trois jours après le massacre d'au moins
132 personnes dans ce village du Sahel.
L’enjeu de cette inhabituelle guerre des communiqués, c’est l’image offerte aux populations. Les combattants de l’État islamique au Grand Sahara,
auteurs de plusieurs attaques massives, sont généralement considérés comme plus cruels que leurs rivaux du GSIM,
lesquels ne se privent d’ailleurs pas de se présenter auprès des populations comme plus mesurés, et à l’écoute des problèmes quotidiens,
comme les conflits fonciers, qu’ils contribuent même parfois à régler. « Jusqu’ici, c’est le GSIM qui s’efforçait de discréditer l’EIGS en pointant
ses excès contre les civils », explique Héni Nsaibia, chercheur qui scrute les mouvements des groupes jihadistes au Sahel au sein du projet Acled.
« À présent, poursuit-il, on a un aperçu de ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes. »
Divisions
Ce que précise le chercheur, c’est que l’attaque de Solhan aurait en fait suscité des divisions au sein même du groupe lié à Aqmi.
La katiba Mujaïd al-Qaïda, littéralement « les combattants de l’islam d’al-Qaïda », à laquelle les autorités burkinabè attribuent le massacre de Solhan,
n’est connue d’aucun spécialiste de la zone – et RFI en a interrogé beaucoup –, mais les termes correspondent en fait à la manière habituelle
qu’ont les combattants d’Aqmi de se désigner. Selon Héni Nsaibia, c’est bien un sous-groupe du GSIM qui a mené cette attaque,
dont « la direction a choisi de se désolidariser par une communication purement stratégique. »
Le chercheur évoque, outre ses propres sources d’information, le modus operandi de l’attaque, et notamment l’utilisation d’engins explosifs laissés
à Solhan pour en interdire l’accès à l’armée nationale. Une manière de faire « typique » du GSIM, selon Héni Nsaibia, davantage que du groupe
État islamique au Grand Sahara. Et qui, selon lui, rend également « douteuse » l’information communiquée par Ouagadougou selon laquelle
la majorité des assaillants étaient âgés de 12 à 14 ans.« Cela semble assez exagéré », estime Héni Nsaibia, qui rappelle l’ampleur de l’attaque
et son niveau d’organisation, avec des engins explosifs improvisés, préparés et plantés en avance, ou encore du matériel pré-caché.