Mali : qui sont les piliers et les relais du pouvoir d’Assimi Goïta ?
Patron désormais incontesté de la transition malienne, le président Assimi Goïta a conservé à ses côtés une garde prétorienne dont il a connu la plupart des membres dans les rangs de l’armée. « Jeune Afrique » présente les hommes du colonel.
Pour garantir sa survie dans un régime de transition, il vaut mieux s’entourer d’hommes en qui on a une confiance – presque – aveugle. Et depuis qu’il a endossé le costume de président de la République, le colonel Assimi Goïta, qui se sait scruté sur la scène internationale, applique ce principe à la lettre.
Secret par nature, il a tout verrouillé autour de lui depuis la crise du 24 mai 2021 qui a plongé le Mali dans son deuxième coup d’État en moins d’un an. Il ne s’entoure désormais que d’une poignée de fidèles, au premier rang desquels les camarades du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qu’il rencontre tous les jours pour « parler de la situation du pays ».
Colonel Sadio Camara
Entre Sadio Camara et Assimi Goïta, le compagnonnage ne date pas d’aujourd’hui puisque les deux hommes ont été au front ensemble. Nommé dès le début de la transition au très stratégique ministère de la Défense, son éviction du second gouvernement de Moctar Ouane avait conduit à un second coup d’État en moins d’un an. Assimi Goïta estimait alors que cette mise à l’écart sans son accord était une « violation de la charte de transition » et du « serment prêté [par Bah N’Daw] le 25 septembre 2020 ».
Colonel Malick N’Diaw
À 42 ans, ce natif de Ségou dirige le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif du Mali depuis décembre 2020. Pièce maîtresse du dispositif de Goïta, il faisait déjà partie du quatuor qui a mené le coup d’État du 18 août 2020. Comme ses compagnons, il est passé par le Prytanée militaire de Kati, dont il deviendra le directeur des années plus tard. Discret et connu pour ses qualités de négociateur, ce colonel n’en est pas à son premier coup d’État. Il avait déjà été l’un des acteurs du putsch de 2012 qui avait renversé Amadou Toumani Touré (ATT) et porté Amadou Haya Sanogo au pouvoir.
Colonel Modibo Koné
Il a quitté le ministère de la Sécurité et de la Protection civile pour diriger la Sécurité de l’État. Au Mali, ce poste est réputé pour être dirigé par les hommes de confiance du président. Issu du Prytanée militaire de Kati et formé à l’École militaire interarmes de Koulikoro (Émia), c’est un homme de terrain, qui a participé à plusieurs opérations de l’armée malienne dont « Maliba », lancée en 2013 et qui visait à reconquérir le nord du territoire.
Colonel Ismaël Wagué
Il était chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air quand il a été nommé ministre de la Réconciliation nationale du gouvernement de transition. Un ministère qu’il a sans nul doute obtenu grâce à la bonne réputation qu’il avait au sein de l’opinion publique lorsqu’il a perpétré le coup d’État du 18 août 2020.
Capitaine Demba N’Daw
Directeur de cabinet avec rang de ministre, il est l’un des plus proches collaborateurs de Goïta. Capitaine de l’armée de terre lui aussi passé par le Prytanée militaire de Kati, il est celui qui gère l’agenda du président de la transition. Lors de la crise du 24 mai, c’était lui qui avait la responsabilité de la ligne téléphonique entre Goïta et les nombreuses personnalités étrangères qui souhaitaient échanger avec le nouvel homme fort du Mali.
Commandant Baba Cissé
Conseiller spécial de Goïta et chargé de sa communication, il a pris du grade ces derniers mois. Très accessible par rapport à son rang de commandant, il sait se montrer grave quand il le faut. Après le coup d’État du 24 mai, c’est lui qui a pris la parole pour justifier le passage à l’acte de Goïta et de ses hommes. Peu à l’aise devant les caméras, c’est lui que le colonel mandate pour transmettre ses messages à l’antenne.
Abdoulaye Diop
Diop est la surprise du dispositif de Goïta. Diplomate chevronné qui fut un temps ambassadeur du Mali à Washington et qui est passé par l’Union africaine, il s’est positionné dès sa prise de fonctions au ministère des Affaires étrangères comme le VRP du président de la transition. Début juillet, il a multiplié les déplacements – à Accra, Kigali ou Kinshasa – pour « porter le message du président Goïta » auprès des chefs d’État de ces pays. Autrement dit pour redorer l’image d’un Goïta en manque de popularité à l’international.
Robert Dussey
Le chef de la diplomatie togolaise, qui se rend très fréquemment à Bamako, est un pont entre Goïta et le président Faure Essozimna Gnassingbé. Fidèle à une longue tradition de facilitateur, le président togolais, qui entretient de bonnes relations avec Goïta depuis le coup d’État d’août 2020, s’était posé en médiateur lors du bras de fer entre Bah N’Daw et le colonel pour la formation du gouvernement en mai dernier.
En véritable parrain, il est de ceux qui ont pris la défense du pouvoir malien face au trio formé par Alassane Ouattara, Goodluck Jonathan et Nana Akufo-Addo pour éviter des sanctions économiques trop lourdes de la Cedeao contre le Mali.