Tayo Oviosu (Paga) : « Nous voulons bâtir le Paypal de l’Afrique »
Le DG de la société nigériane Paga croit à l’apport des services financiers au grand public en Afrique et au-delà. Il a répondu à nos questions.
L’objectif du fondateur de Paga, Tayo Oviosu, est ambitieux : « construire le Paypal de l’Afrique ». Il explique à The Africa Report/Jeune Afrique, lors d’un chat Zoom depuis Lagos, que cela permettrait à terme de « digitaliser le cash et de mettre réellement fin à son utilisation dans notre économie, ainsi que d’accroître l’accès aux services financiers. »
Paga – qui a été créée en 2009 et a commencé ses activités en 2012 – est déjà l’une des principales sociétés de paiements mobiles du Nigeria. Elle est soutenue par des investisseurs tels que Jim O’Neill, un ancien président du conseil d’administration de Goldman Sachs Asset Management, et Tim Draper, un capital-risqueur.
Une société sans cash
Tayo Oviosu s’estime en avance sur le développement de ce marché en Afrique, car lorsqu’il a créé la société en 2009, il n’avait qu’une équipe de huit personnes et « pour tout le monde dans notre groupe, à l’époque, imaginer une société sans argent liquide était une idée effrayante ».
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">EN QUATRE ANS, PAGA A TRAITÉ 8 MILLIARDS DE DOLLARS DE TRANSACTIONS
Au Nigeria, où Paga a démarré et où l’entreprise a toujours sa principale base d’opérations, le patron de Paga admet que « l’argent liquide est encore très présent», en partie parce que l’accès et l’utilisation « des services bancaires est très compliqué, même pour les personnes qui sont déjà bancarisés».
Selon cet entrepreneur, Paga connaît « une croissance très rapide, car nous continuons à développer nos activités au Nigeria. […] Paga compte plus de 17 millions d’utilisateurs uniques et, au cours des quatre dernières années, a traité des transactions d’une valeur de 8 milliards de dollars.»
La classe moyenne émergente ciblée
Tayo Oviosu insiste sur l’importance d’avoir des stratégies différenciées pour atteindre les marchés cibles. De nombreux Nigérians, constate-t-il, ne sont pas forcément férus de technologie, ne possèdent pas de smartphone ou ne font pas confiance aux banques, par conséquent « l’utilisateur ordinaire doit pouvoir se rendre auprès d’agents, même sans vouloir ou savoir utiliser les nouvelles technologies. Il pourra toujours faire ses opérations en espèces, mais l’agent lui assurera le volet numérique ».
https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/mondial2018/quote-article.png") left top no-repeat;">NOUS VISONS LE MILLIARD D’UTILISATEURS
« L’un de mes principaux objectifs lorsque j’ai lancé la société était de faire en sorte que la cliente du marché d’Ajegunle [centre de Lagos] utilise notre technologie », explique-t-il. «Notre ambition est que un milliard de personnes utilisent cette plateforme pour accéder à de l’argent et l’utiliser. Nous voulons nous concentrer particulièrement sur les membres de la classe moyenne émergente – les aider à payer et à être payés », explique l’entrepreneur nigérian.
Une plateforme pour les PME
Paga va également lancer une nouvelle plateforme spécifiquement destinée aux petites et moyennes entreprises (PME) qui peinent à vendre de façon efficace, manquent de systèmes de suivi des stocks et réalisent leurs transactions principalement en espèces.
La fintech nigériane, en partenariat avec Visa, veut aider les PME à gérer leurs opérations internes, comme le paiement des salaires et des fournisseurs. Tayo Oviosu envisage d’étendre ses opérations en Éthiopie et au Mexique, même si dans le pays latino-américain « nous faisons une pause pour réfléchir à l’opportunité d’aller de l’avant ou non ».
« Nous voulons résoudre les problèmes dans les grands marchés – l’Afrique et l’Amérique latine. Nous irons dans les pays voisins en Afrique, mais notre prochain pays est l’Éthiopie. Nous attendons actuellement les approbations réglementaires et nous nous efforçons de donner la priorité aux autres pays africains que nous visons. Mais la manière dont nous nous rendrons dans les différents pays sera différente », ajoute l’entrepreneur nigérian.