À la Une: vie chère et pauvreté au Sénégal
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« La marche contre la vie chère tuée dans l’œuf, s’exclame le quotidien Sud. La marche qu’avait prévu des activistes et autres membres de la société civile, des politiques et mouvements citoyens avant-hier dimanche [12 septembre], à Guédiawaye, contre la vie chère, a été interrompue par la police. La police, qui a très tôt quadrillé la zone, a procédé à l’arrestation musclée des organisateurs. L’activiste Guy Marius Sagna et quelques-uns de ses camarades du mouvement Frapp/France Dégage et des mouvements et organisations citoyennes ont été arrêtés. »
Une interdiction contre-productive ?
« Absurde, lance Enquête. Les phobies du pouvoir ont contaminé la raison préfectorale et étouffé l’intelligence publique. Il eût été plus simple de laisser courir cette manifestation et de la canaliser […]. Il eût été plus utile à l’apaisement public, même si cela peut paraitre paradoxal, de laisser marcher ces hommes et ces femmes pour dénoncer une cherté de la vie, au demeurant préjudiciable au pouvoir lui-même. Il eût été plus pensé de s’allier à ces protestations par leur autorisation, pour dénoncer les excès de certains complexes agroalimentaires, de certains lobbies immobiliers et de quelques citoyens avides de profit et entreprendre concomitamment des actions hardies de neutralisation de l’ignoble bête du profit sans scrupule. »
Macky Sall a-t-il peur ?
Le Pays au Burkina Faso renchérit : « On se demande de quoi a peur Macky Sall. Au lieu d’apporter des réponses aux populations dont certaines tirent le diable par la queue, il a plutôt préféré les réprimer. Macky Sall voudrait-il cacher le soleil avec son doigt ? On le sait, pointe le quotidien ouagalais, le panier de la ménagère se réduit comme peau de chagrin au Sénégal, du fait de la flambée des prix des denrées de première nécessité. Et à défaut de prendre des mesures idoines pour contrer cette situation, le pouvoir de Macky aurait dû instaurer un dialogue avec la société civile. Il est évident que la répression ne saurait constituer une réponse à la vie chère. »
La pauvreté s’aggrave…
Cette marche contre la vie chère a donc été étouffée dans l’œuf alors qu’au même moment paraît une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie sur la pauvreté dans le pays. « Alors que le gouvernement s’enorgueillit d’un "Sénégal émergent", relève WalfQuotidien, cette étude montre que le nombre de pauvres a augmenté au Sénégal (6 millions en 2018, contre un peu plus de 5 millions en 2011). Pire, 50,9% des Sénégalais se considèrent comme pauvres. » Qui plus est, « cette étude bat en brèche les propos du pouvoir à propos des productions agricoles. En effet, ses résultats montrent que "l’insécurité alimentaire reste toujours une réalité" au Sénégal. Elle affecte en majorité les milieux ruraux dans les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda et Matam. » Et encore, remarque Enquête, cette étude a été réalisée en 2018 et 2019, soit avant l’arrivée du Covid-19, « qui a durement touché l’économie et les ménages sénégalais. » La situation a donc dû s’aggraver.
Alpha Condé : « Plutôt être tué que signer ma démission »
À la Une également, ces révélations de Jeune Afrique sur les conditions de détention et l’état d’esprit d’Alpha Condé. « L’ancien président guinéen est détenu dans l’antenne des forces spéciales installée dans une aile du Palais du peuple, à l’entrée de Kaloum, et plus précisément dans la suite où vivait précédemment le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. C’est d’ailleurs dans cette même pièce (et non au palais de Sékhoutouréya) que la désormais célèbre photo d’Alpha Condé, assis sur un canapé et encerclé par des militaires, a été prise peu après son arrestation. […] Alpha Condé dispose d’une chambre, d’un salon et d’une salle de bain, mais n’a accès ni à ses téléphones, ni à la radio. La télévision, qu’il a un temps pu regarder, lui a été retirée car, selon ses gardiens, "il s’énerve chaque fois qu’il voit le lieutenant-colonel Doumbouya à l’écran et cela affecte son état de santé". »
Par ailleurs, toujours selon Jeune Afrique, Alpha Condé refuserait toute démission : « Plutôt être tué que signer », aurait-il dit. Enfin, relate encore le site panafricain, l’ex-président « peine encore parfois à réaliser qu’il n’est plus à la tête du pays. Il réclame qu’on lui restitue son ordinateur de travail dans lequel se trouvent stockés "une centaine de documents" qu’il devait signer pour conclure des accords entre la Guinée, le FMI et la Banque mondiale. Il rappelle aussi qu’il était attendu à l’Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre pour prendre la parole au nom de la Guinée et il s’inquiète de savoir qui ira à sa place. »