Sanctions contre le Mali: les internautes sénégalais dans la tourmente malienne
Publié le :
Mobilisation «de soutien au peuple malien» vendredi après-midi 28 janvier place de la Nation à Dakar, au Sénégal. © RF/Charlotte Idrac
Au Sénégal, pays voisin du Mali, les internautes s'expriment sur la situation malienne. Le Mali se retrouve sanctionné par la Cédéao en réponse au retard pris par la tenue d’élections. Et les commentaires n'épargnent pas la France.
De notre correspondante à Dakar,
De nombreux commentaires d'internautes sénégalais mettent en avant la proximité entre les deux pays, entre les deux peuples. « c’est le même sang, le même cœur », peut-on lire sur les réseaux, « Force au peuple frère du Mali ». Un #JesoutiensleMali a été lancé au lendemain des sanctions.« C’est le combat du peuple africain tout entier », écrit un internaute
Ce qui revient largement dans les réactions sur Twitter ou Facebook ces dernières semaines, ce sont des critiques sur la lourdeur de ces sanctions qualifiées d’« injustes », d’ «illégitimes», d’ «inhumaines», des critiques de la Cédéao, accusée d’être « un syndicat de chefs d’Etat », d’être « déconnectée de la volonté populaire ».
Des commentaires qui visent aussi la France
« La Cédéao est téléguidée par Emmanuel Macron », croit savoir par exemple Ousmane Diop sur Facebook. Un autre internaute en est convaincu : c’est « Paris (qui) est derrière ces sanctions », le président sénégalais Macky Sall est également ciblé par les critiques, accusé d’avoir « trahi » le voisin malien
Les internautes sénégalais mettent aussi l’accent sur les conséquences économiques de cette situation. Le Mali c’est le premier client du Sénégal, le pays dépend largement du port de Dakar pour ses importations. « En participant à la tentative d’isolement du Mali, Macky Sall met en difficulté l’économie du Sénégal », peut-on lire sur Twitter.
Françafrique# Cedeao# Sénégal# Mali# pour avoir accepté de faire plaisir à son chef Macron,en participant à la tentative d'isolement du Mali,Macky Sall met en difficulté l'économie du Sénégal .Et pour cause,la fermeture de la frontière malienne fait déjà des ravages au Sénégal# pic.twitter.com/DVOpmfiPhM
— David Zang Mengue (@DavidZangMengu5) January 15, 2022
« Économiquement, le Sénégal est le gros perdant dans cet embargo », estime un internaute, Khadim Sarr ou encore « Le Sénégal demeure le dindon de la farce (…)».
#FreeSenegal Le Sénégal joue le jeu de fermeture de la frontière avec le Mali et demeure le dindon de la farce au moment où la Côte d'Ivoire laisse une partie de sa frontière avec le Mali ouverte. Conséquence le Sénégal perdra bientôt près de 1000 camions par jour vers le Mali.
— Hamid (@HamidTidjnjaay) January 15, 2022
Fierté sénégalaise
En revanche, les internautes qui ont relayé « un soulèvement populaire » au Sénégal contre les sanctions, ça, c’était une fake news. Le message qui a largement circulé sur les réseaux autour du 18 janvier, indiquait : « les rues sont coupées à Dakar et sur la route qui mène vers la frontière malienne par des manifestants qui demandent la levée des sanctions ». Il n’y a pas eu de rues bloquées à Dakar, il y a bien eu une manifestation de soutien au Mali vendredi dernier, mais une mobilisation de quelque 300 personnes, qui s’est déroulée dans le calme.
Sur le plan politique, des internautes plus nuancés insistent sur le respect de l’ordre constitutionnel. Fary Ndao, ingénieur, très suivi sur les réseaux sociaux. Dès le lendemain des sanctions, il écrit dans un long post : « à chacun son panafricanisme. Je ne fais plus partie de ceux, qui, au nom d’une quête de souveraineté économique et politique légitime, acceptent dans le même temps de sacrifier nos maigres acquis démocratiques et de soutenir, sans vraiment l’assumer, des putschs à répétition ».
De nombreux commentaires soulignent aussi que le Sénégal fait figure d’« exception » dans une région ouest africaine agitée, un coup d’État au Sénégal ? « Jamais », écrit un internaute, « ce peuple est trop mature (..), « C’est pas compatible » affirme un autre, « nos problèmes avec le régime, on règle ça avec beaucoup de classe ».
D’ailleurs dimanche 23 janvier dernier alors qu’un coup d’État était en cours au Burkina Faso, les Sénégalais votaient dans le calme pour des élections locales. « C’est toujours bon de rappeler que le Sénégal n’a jamais connu de coup d’État » écrit le professeur Boubacar Diawara sur Twitter, « Bravo au Peuple sénégalais ».
► À écouter aussi : Crise entre Paris et Bamako: «d'un côté comme de l'autre, on ne travaille pas à la désescalade»