Côte d’Ivoire-Togo : Faure Gnassingbé en opération lobbying chez Alassane Ouattara 

En visite éclair à Abidjan, le 14 avril, le chef de l’État togolais a profité de son entretien avec son homologue ivoirien pour évoquer le dossier malien… Et ses relations tendues avec Nana Akufo-Addo. Explications.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 18 avril 2022 à 19:00
 
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Faure Essozimna Gnassingbé et Alassane Ouattara, le 14 avril à Abidjan. © Twitter / Alassane Ouattara.

 

Lors de son séjour express, Faure Essozimna Gnassingbé a été reçu par Alassane Ouattara au petit palais de la présidence ivoirienne. Peu de détails ont filtré sur le contenu de leurs discussions, officiellement axées sur le contexte sécuritaire régional.

En réalité, il a surtout été question du dossier malien, et plus précisément des relations désormais tendues qu’entretient le président togolais avec son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo. La position de Lomé, qui souhaite mettre fin à l’isolement de Bamako, crée en effet des crispations au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et avec son président en exercice.

Proximité avec Assimi Goïta

Selon nos informations, Faure Gnassingbé a plaidé auprès d’Alassane Ouattara en faveur d’un assouplissement des sanctions visant le Mali et demandé au président ivoirien son soutien dans la médiation qu’il a personnellement entamée il y a plusieurs semaines. De son côté, Nana Akufo-Addo l’accuse de chercher à entraver les efforts sous-régionaux. La proximité affichée entre le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, et les juntes au pouvoir à Bamako – en particulier avec le président de la transition, Assimi Goïta – et à Conakry, est mal perçue à Accra.

Faure Gnassingbé, qui convoite la succession de Nana Akufo-Addo à la présidence de la Cedeao, souhaite par ailleurs avoir l’appui d’Alassane Ouattara. Or, ce poste doit, en théorie, revenir au Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló. Le président togolais mise sur les relations parfois un peu difficiles que celui-ci entretient avec leur homologue ivoirien. Le mandat de Nana Akufo-Addo, comme celui du président de la Commission, Jean-Claude Brou, a été prorogé jusqu’à fin juin lors d’un sommet qui s’est tenu en décembre à Abuja.

Goodluck Jonathan éconduit

Le 11 avril, le Nigérian Goodluck Jonathan, médiateur de la Cedeao, devait se rendre à Bamako afin de négocier à nouveau avec la junte au sujet du calendrier de la transition. Mais ce voyage a été reporté car les autorités maliennes n’étaient pas prêtes à le recevoir. Les deux parties réfléchissent ensemble à une nouvelle date.

Si un délai de 12 mois était privilégié par les chefs d’État de la Cedeao, les 16 mois proposés par l’Union africaine (UA) et un comité d’experts créé pour l’occasion pourraient également convenir à l’institution ouest-africaine. « Si Bamako accepte, il y a de fortes chances pour que la Cedeao donne son feu vert », confie un diplomate en poste à Bamako. Le Togo, lui, plaide pour davantage de souplesse et suggère un délai de 24 mois.

Le président togolais et Alassane Ouattara échangent régulièrement. Le premier a plusieurs fois plaidé auprès du second afin que celui-ci intervienne auprès de leur homologue béninois Patrice Talon en faveur de la libération de l’opposante Reckya Madougou, incarcérée à Cotonou. Elle fut la conseillère de Faure Gnassingbé, qu’elle a accompagné lors de tous ses déplacements en Côte d’Ivoire.