Guinée : la transition pourrait prendre jusqu’à 52 mois

Le gouvernement mis en place par la junte militaire du colonel Mamadi Doumbouya a conclu, le 29 avril, un forum politique contesté, en annonçant avoir reçu des « propositions » pour un calendrier pour restituer le pouvoir à des civils élus.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 30 avril 2022 à 12:06
 

 

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Mamadi Doumbouya après une rencontre avec la délégation de la Cedeao à Conakry, vendredi 10 septembre 2021. © Sunday Alamba/AP/SIPA

 

En Guinée, la transition ne pourrait être effective qu’en 2026, voire plus tard. C’est du moins la fourchette haute des différentes « propositions » de calendrier de transition politique qu’a reçues, ce 29 avril, au sortir d’un forum politique contesté, le gouvernement mis en place par la junte en Guinée. Les autorités issues du coup d’État ayant renversé le président Alpha Condé ont lancé depuis mars deux consultations politiques – une conférence dite de réconciliation et « un cadre de concertation inclusif » –, toutes deux boudées par un grand nombre de partis politiques.

En clôturant le « cadre de concertation inclusif », le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a déclaré que l’ »ensemble des acteurs » ayant accepté d’y participer avaient « proposé des durées allant de 18 à 52 mois » pour la transition, sans préciser à partir de quelle date. « La durée et le chronogramme de la transition seront définis de commun accord entre le CNRD [le Comité national du rassemblement et du développement, l’organe dirigeant de la junte] et les acteurs des forces vives », a-t-il ajouté.

L’opposition réclame un dialogue permanent

Mais Rafiou Sow, porte-parole de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad) et du G58, deux importantes coalitions politiques, a déclaré à l’AFP que « le cadre de concertation […] ne nous concerne pas, les conclusions de ce cadre de concertation ne nous engagent pas […] ce cadre de concertation n’est pas valable, il n’est pas national ».

Sow a réclamé au contraire la mise en place d’un « cadre de dialogue permanent » incluant « un facilitateur désigné par la communauté internationale », faute de quoi les partis qu’il représente seront « obligés d’user de manifestations pacifiques pour [se] faire entendre ».

Vers un allongement des sanctions ?

Après le putsch militaire du 5 septembre 2021 ayant porté à la tête de l’État le colonel Mamady Doumbouya, Conakry est sous la pression de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour restituer le pouvoir à des civils élus le plus rapidement possible. Fin mars, la Cedeao avait sommé Conakry de lui présenter « au plus tard le 25 avril » un calendrier de transition« acceptable », sous peine d’une extension des sanctions économiques décidées contre le pays, après le coup d’État et le refus manifeste de la junte d’organiser rapidement des élections.

Mais celle-ci a laissé passer l’échéance et, selon un communiqué de la Cedeao publié le 27 avril, Conakry a demandé à disposer de « davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril », afin de « permettre la poursuite des consultations ».

Avec AFP