Huile de palme : qui sont les gagnants et les perdants africains de la flambée des cours

Avec la guerre en Ukraine, puis l’arrêt des exportations indonésiennes, les cours de l’huile rouge n’ont jamais été aussi hauts. Si Jakarta a finalement décidé de lever son embargo à compter du 23 mai, cette décision a révélé, si besoin était, la forte dépendance des pays africains aux importations. Décryptage en infographie.

Mis à jour le 19 mai 2022 à 18:18
 

 

Il a finalement fait machine arrière. Le président indonésien Joko Widodo a levé l’embargo qu’il avait imposé, le 28 avril dernier, sur les exportations d’huile de palme. « Au vu de l’offre et de la situation de l’huile de cuisson, et étant donné qu’il faut prendre en compte 17 millions de personnes employées dans le secteur de l’huile de palme […], j’ai décidé que les exportations d’huile de cuisson pourront reprendre le lundi 23 mai », a-t-il annoncé dans une courte déclaration diffusée ce jeudi. Plus que quelques jours, donc, avant que la précieuse huile rouge indonésienne ne coule à nouveau à flots dans les cales des cargos à destination du monde entier, et de l’Afrique en particulier.

Fin avril, Joko Widodo avait provoqué la stupeur en annonçant brutalement l’interdiction d’exporter l’huile de palme indonésienne, qui représente 60 % de la production mondiale. Sur les marchés internationaux, les cours s’étaient immédiatement envolés, pour atteindre 1 500 dollars la tonne, quand ils s’établissaient à 1 200 dollars/t avant l’invasion ukrainienne. Un cours déjà particulièrement haut comparé à celui de mai 2020, de 462 dollars.

Spectre de pénurie

Depuis que les chars russes ont traversé les frontières ukrainiennes, les mesures protectionnistes se multiplient pour certaines ressources stratégiques. Cela a été le cas du gaz, du pétrole, des engrais, du blé, ou encore de l’huile de tournesol, dont l’Ukraine et la Russie comptent parmi les principaux exportateurs mondiaux. Si aucun des deux belligérants ne produit d’huile de palme, les cours de celle-ci ont, par effet domino, suivi la même courbe que ceux de l’huile de tournesol. Au point que le spectre d’une pénurie de ce produit si crucial dans une partie du continent se fait de plus en plus menaçant.

Si certains acteurs de la filière africaine espèrent capitaliser sur cette flambée des cours, à l’instar de Palmci, la filiale du groupe ivoirien Sifca, le continent reste cependant très dépendant des importations de ce produit qui, pourtant, y a ses racines. Avant les indépendances, l’Afrique de l’Ouest, d’où est originaire le palmier à huile, en était d’ailleurs le premier producteur mondial. Aujourd’hui, 80 % des 10 millions de tonnes d’huile de palme consommée dans les pays du continent sont importées. Si la production, tirée par le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, est en hausse, elle reste dominée par la filière artisanale (80 % des plantations), dont les rendements peuvent être encore largement améliorés. Quels pays dépendent le plus de l’huile de palme importée ? Leurs filières agro-industrielles pourraient-elles profiter de l’envolée des cours ?  Décryptage en cartes et infographie.